Financement du commerce interafricain : faible contribution des banques (rapport)

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Siege de la BAD. Abidjan
La Banque africaine de développement (BAD) a publié ce 6 octobre 2017, son second rapport d’enquête sur le financement du commerce en Afrique intitulé « Le financement du commerce en Afrique : Surmonter les défis ». Selon le document, les banques appuient environ un tiers de l’ensemble du commerce en Afrique.

 
Ce nouveau rapport s’appuie sur les résultats combinés de la première enquête de 2013 et de celle menée en 2015. «Ce rapport (qui couvre la période 2013-2014) va encore plus loin dans l’examen des différents aspects du financement du commerce par l’intermédiaire des banques. Tels que les difficultés rencontrées par les PME et les nouveaux candidats à un prêt de financement d’activité commerciale», explique le communiqué de la BAD.
Selon l’enquête de l’institution panafricaine, «la valeur du financement d’activités commerciales par l’intermédiaire des banques en Afrique pour 2013 et 2014 est respectivement estimée à 430 milliards de dollars et à 362 milliards de dollars». En d’autres termes, les banques appuient environ un tiers de l’ensemble du commerce en Afrique.  Des chiffres qui restent modestes selon la BAD.
 

Faiblesse du financement du commerce intra-africain

 
En 2014, seulement 20% du financement d’activités commerciales par l’intermédiaire des banques était consacré au commerce intra-africain. «Il s’agit d’un progrès par rapport à l’estimation de 2011 qui se situait à 18 %», souligne la BAD. Les banques d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe représentent la part la plus élevée (25%), tandis que celles de l’Afrique du Nord et de l’Afrique centrale représentent la plus faible, avec, respectivement, environ 5% et 4%.
Par ailleurs, l’institution évalue le déficit de financement d’activités commerciales par l’intermédiaire des banques en Afrique à 91 milliards de dollars en 2014. Toutefois, ce montant «reste important bien qu’il ait légèrement baissé par rapport à celui de 2013, estimé à 94 milliards de dollars», précise la BAD.
 

Réticence des banques

Le rapport montre également que, parmi  les principales raisons pour lesquelles les banques rejettent le financement d’activités commerciales, figurent une mauvaise solvabilité et une absence de garanties nécessaires.
Cela expliquerait pourquoi  «les PME ne représentent que 28% du portefeuille total des banques pour le financement d’activités commerciales». «Cette part relativement faible», estime la BAD «peut être attribuée à une perception plus élevée des risques associés à ce segment de clientèle».
De même, les candidats à une première demande de prêt sont confrontés à d’importants obstacles, provenant des banques, pour accéder au dispositif de financement d’activités commerciales. «Seulement 15% du portefeuille de financement d’activités commerciales des banques est composé de candidats à une première demande. Bien que le taux de défaillance attribué à ces clients ne soit que de 3% pour 2014», révèle l’enquête.
 
Pourtant, contrairement aux apparences,  «le financement d’activités commerciales représente une activité à risque relativement faible pour les banques commerciales en Afrique» assure la BAD. Selon l’institution, «Le taux de défaillance estimé pour les opérations de financement d’activités commerciales était de 4% et 5% pour, respectivement, 2011 et 2014 par rapport  aux ratios de prêts non productifs (PNP) de 9% et 12% pour l’ensemble des catégories d’actifs bancaires». 
Les taux de défaillance pour les opérations de financement d’activités commerciales sont plus faibles pour les banques d’Afrique australe (2%), d’Afrique de l’Est (3 %) et d’Afrique du Nord (4%) par rapport à celles d’Afrique centrale (9%) et d’Afrique de l’Ouest (7%).
Des taux  qui s’expliquent par une politique stricte d’octroi des financements.
 

La nécessité d’une approche concertée entre partenaires au développement

 
Aussi, le rapport recommande la nécessité d’un partenariat mutuellement bénéfique et d’une approche concertée entre partenaires au développement .afin de pouvoir surmonter les obstacles concernant l’accès au financement d’activités commerciales auxquels sont confrontés les institutions financières et le secteur privé en Afrique.
 
Pour rappel, la BAD, a mis en place en 2013, suite à la première édition du rapport,  le Programme de financement du commerce (PFC) pour tenter de faire face à une partie des difficultés détectées.
« La Banque africaine de développement a apporté son appui à des échanges commerciaux d’une valeur de plus de 5 milliards de dollars.Il concernait notamment quatre-vingt-dix banques de vingt-cinq pays d’Afrique »rappelle Stefan Nalletamby, directeur du Département financement du développement. Les échanges commerciaux intra-africains représentent au moins 20% de la totalité des activités commerciales soutenues.
 
Ces résultats « montrent clairement que le financement d’activités commerciales peut être un instrument efficace pour atteindre les objectifs prioritaires du Top 5 de la Banque comme, respectivement, « Nourrir l’Afrique », « Industrialiser l’Afrique » et « Intégrer l’Afrique »», a déclaré Stefan Nalletamby.
 
Viviane YOBOUE

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