Microfinance : au Sénégal, les usagers décrient les taux d’intérêts élevés

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La micro-finance renvoie généralement à l’offre de services financiers aux populations à faibles revenus n’ayant pas accès aux services des banques commerciales. Cependant, au Sénégal, la plupart des usagers rencontrés soutiennent que l’accès aux financements de ces institutions reste un défi à relever. Le taux d’intérêt et les garanties-hypothèques demeurent les principales conditions décriées par les clients.

 
Pamecas, Microcred, Acep, Cncas, Manko, Cofina, Fccms, Uimcec… elles sont nombreuses et variées ces institutions de micro-finance qui occupent les grandes artères de la capitale sénégalaise.  Ces institutions offrent principalement deux types de services financiers. Notamment  l’épargne et le crédit, auxquels viennent s’ajouter les assurances et les services de transfert.
Les micro-finances visent à satisfaire les besoins des ménages et le financement des activités économiques et professionnelles de ces derniers. Cependant, l’obtention d’un prêt de ces institutions est soumise à des conditions quasi identiques à celles des banques commerciales.
Non seulement le client doit s’armer de patience, mais également surmonter l’obstacle des garanties-hypothèques.  Et se résigner finalement à honorer un taux d’intérêt quelque peu démotivant.
 

Des conditions prohibitives

« Il existe une contradiction entre ce que disent les dépliants des institutions de micro-finance et ce qui se pratique à leurs comptoirs.» déplore Moustapha Diouf, chauffeur de taxi. « Au départ, on nous disait que leurs prestations étaient destinées aux pauvres. Mais les conditions que ces banques imposent à l’octroi des prêts ne sont pas appropriées » assure t-il.
Moustapha Diouf indique qu’il a sollicité un prêt d’un montant de deux millions de Fcfa auprès de l’Alliance de crédit et d’épargne pour la production (ACEP) pour l’achat d’une nouvelle voiture.  « Cela fait actuellement trois mois que j’ai déposé mes papiers pour avoir un prêt au niveau de l’ACEP, mais faute de garantie, je ne peux pas le recevoir », précise Moustapha Diouf.
La garantie-hypothèque exigée par la microfinance est d’une valeur de 1.500 000 F Cfa.
 
Mais ce chauffeur de  taxi n’est pas le seul à déplorer les conditions imposées par les IMF. Yoro Préra, aviculteur de profession, soutient la même thèse. « J’ai ouvert un compte dans une institution de micro-finance, mais mon seul souci reste les garanties et le taux d’intérêt », déclare M.Yoro. Bénéficiaire d’un prêt, déjà investi dans son projet, l’aviculteur éprouve des difficultés à le rembourser.
Même son de cloche chez Aïssatou Dème, directrice générale d’une petite et moyenne entreprise (Pme) regroupant des associations de femmes transformatrices de produits locaux.  Mme Dème estime quelque peu élevé le taux d’intérêt appliqué dans ces institutions. «  Le délai de remboursement étant court,  un an maximum, on se retrouve avec un montant très élevé dont le remboursement devient pénible à observer. » décrie t-elle.
De même, « le taux d’intérêt, souvent calculé sur une base mensuelle, devient excessif, lorsque le prêt est étalé sur une échéance de plusieurs mois », se plaint Aissatou Dème.
 

Les offres de crédits plafonnées

Outre la problématique des taux d’intérêts, la Directrice Générale évoque également les conditions que les institutions de micro-finance imposent spécialement aux femmes.
« L’accès au financement est un problème majeur  pour les femmes, notamment lorsque ces institutions réclament des garanties dont nous ne disposons pas. Ou lorsqu’elles nous obligent à réduire le montant du financement solliciter », déclare t-elle .
Sur ce chapitre, Fatou Sène, vendeuse de vêtements prêt-à-porter au marché HLM, se fait plus précise. « Lorsque vous sollicitez un prêt de 20 millions de francs Cfa, les institutions vous accordent généralement 5 millions de francs CFA. Un montant insuffisant pour mettre en oeuvre le projet initialement conçu », affirme Fatou Sène.
 
La micro-finance a ses limites, selon la plupart des usagers interrogés. Même si ces institutions assurent les besoins de financement pour les petits projets, les offres sont généralement plafonnées à 25 millions de francs Cfa. Des montants jugés insuffisants pour financer de grands projets.
Cependant malgré le taux du financement et les garanties dénoncés par les usagers, il faut noter qu’au Sénégal, les institutions de micro-finance prolifèrent de plus en plus. Elles attirent en même temps une bonne partie de la population composée particulièrement de femmes.
 
Les points de service sont passés de 282 en 2005 à 613 en 2013 avec deux millions de comptes en 2014.  La plupart des offres restent concentrées sur la capitale, Dakar, et la ville de Thiès, située à 65 kilomètres de Dakar.
 
Avec Apanews

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