Valérie Neim, à la tête d’une entreprise composée à 90% de femmes

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A 36 ans, Valérie Neim, est la directrice générale du Crédit Coopératif Participatif du Cameroun (CCPC) , une entreprise de microfinances Camerounaise, composée à 90% de femmes. Lorsqu’elle prend les rênes de cette entreprise familiale, en septembre 2011, Valérie mise sur le salariat féminin. Un choix révolutionnaire qui se révélera payant puisque l’entreprise augmentera son capital de 100 millions de Francs CFA à 1 milliard .Retour sur le parcours très inspirant de celle qu’on surnomme la Margaret Thatcher camerounaise.

 
En  l’espace de quelques années, le crédit coopératif participatif du Cameroun (CCPC) a multiplié par cinq le nombre de ses clients et de son capital.  Cette  croissance, on le doit à Valérie Neim, qui grâce à ses techniques de management, parvient à redresser cette entreprise en perte de vitesse. Quand elle prend la direction de CCPC, la société est en perte de vitesse.
 

Parcours d’une championne

 
Après une licence en gestion et business management obtenue à la South Bank University de Londres (Angleterre), Valérie Neim intègre la ABSA bank (Santander). Deux ans plus tard, elle décroche son master en management information system avant de travailler pour le concepteur Siemens. La jeune femme part ensuite à Oxford d’où elle ressort avec un MBA en entrepreneuriat. Elle recevra même le prix de l’entrepreneuriat de sa promotion (2007).
En 2008, de retour au Cameroun,  la jeune femme fait la rencontre déterminante de Jean-Luc Konan, banquier ivoirien. Le tout nouveau directeur général de la banque UBA Afrique,  la veut dans son équipe pour développer la banque nigériane dans la zone francophone. Un tournant decisif s’opère ainsi dans la carrière  professionnelle de Valérie Neim.
 
Après une heure d’entretien seulement, elle accepte le défi lancé par Jean-Luc Konan et s’envole quasi dans la foulée pour Lagos, au Nigeria, puis au Gabon où elle occupe le poste de directrice des grands comptes en 2009. Encore une fois, la trentenaire est chargée de gérer les finances des décideurs, présidents, ministres, ambassadeurs.
Si Valérie Neim connaît un franc succès professionnel, l’expérience est plus difficile sur le plan personnel. On lui reproche sa jeunesse, mais surtout d’être une femme. Pour autant, cette forte tête ne se laisse pas intimider et décide de faire de cette problématique une force. Durant ses trois années passées dans la filière gabonaise composée à 100% d’hommes, elle s’attelle à recruter des femmes.
 
Il lui faut prouver que ces dernières peuvent faire la même chose voire mieux que les hommes, lesquels sont plus enclins à céder au détournement de fonds – véritable fléau dans le secteur de la banque aujourd’hui en Afrique – selon l’entrepreneuse.
Aussi quand elle décide de reprendre CCPC, entreprise familiale spécialisée dans le micro-financement et l’accompagnement des TPEA et PME, en septembre 2011, Valérie s’appuie naturellement sur un salariat féminin.  Une révolution au Cameroun. La jeune directrice générale va entamer les réformes profondes et importantes pour booster les performances de son  entreprise.
 

Valerie Neim et son equipe composée à 90% de femmes. Credit photo : IntoThe chic

 Féminisation de l’équipe et résultats spectaculaires

Quand Valerie reprend la CCPC, c’est une petite entreprise  de trente personnes en plein chaos professionnel, sans aucune méthode ni organisation. Un véritable challenge !
Heureusement, elle rencontre un Canadien installé au Cameroun, spécialisé dans le développement des entreprises familiales. C’est lui «  qui m’a aidée à repenser et à travailler toute la stratégie de déploiement de CCPC. Il a fallu tout changer. Je me suis ensuite concentrée sur la partie recrutement et formation. » explique Mme Neim. Ainsi en 5 ans, l’entreprise passe de 30 à 150 personnes permanentes et 50 temporaires, pour 11 agences au lieu de 6 à l’origine. Le capital  également augmente en passant de 100 millions de Francs CFA à 1 milliard. Et surtout,  Valerie Neim inverse la tendance en créant une équipe composée à 90% de femmes.
 
Sa méthode est  simple, chaque mois ses contrôleuses et commerciales arpentent les marchés, à la pêche au client. Et contrôler directement dans leurs boutiques, les commerçants qui passent par le CCPC pour financer leur échoppe. L’autre clé du succès de la manager, c’est la rigueur. Pour Valerie, l’Afrique a les ressources humaines et naturelles qu’il faut mais il lui manque de la discipline.  Cette rigueur qu’elle a imposée au sein de son entreprise, a porté ses fruits et lui vaut ce surnom de la dame de fer.
 
Autre challenge de cette jeune femme «  redonner à la jeune femme africaine la place qu’elle mérite dans l’entreprise pour qu’elle puisse croire en elle. ». «  Je veux enrayer les clichés autour de  la promotion canapé et valoriser les compétences» indique Valerie Neim. Pour cela, elle n’embauche  que des femmes  dont l’âge varie entre 22 et 28 ans. Au-delà de CCPC, «  je souhaiterais mieux contribuer au développement de la jeunesse féminine », souligne –t-elle. Aussi fait-elle de son leitmotiv cette citation de Michelle Obama : « Le succès ne se mesure pas à la quantité d’argent que vous gagnez mais à l’impact que vous avez sur la vie des gens ».
 
Pour l’heure, la stratégie féminine et tout-terrain de CCPC  porte ses fruits. Cependant, elle reste une petite agence de microcredit parmi les 650 présentes dans le pays, mais Valérie Neim projette de multiplier par 20 son capital d’ici quelques années.
Cette adepte du Kaizen, une méthode japonaise basée sur l’amélioration continue n’est pas prête de s’endormir sur ses lauriers.
 
Avec Intothe chic

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