Ghana: le pays demande la restructuration de sa dette au titre du Cadre commun du G20

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Aux prises avec une grave crise économique, Accra a suspendu en décembre dernier le paiement de la majeure partie de sa dette extérieure en attendant des accords avec l’ensemble des créanciers sur sa restructuration.

Le Ghana a demandé, mardi 10 janvier, à ses créanciers bilatéraux officiels une restructuration de sa dette au titre du Cadre commun du G20, a rapporté Reuters, citant des sources proches du dossier.

Cette demande vise à inclure des pays non membres du Club de Paris comme la Chine dans les négociations sur l’allègement de la dette, a-t-on ajouté de même source.

Selon les données de l’Institut international des finances (IIF), Pékin est le plus grand créancier bilatéral du Ghana avec 1,7 milliard $ de dette, contre 1,9 milliard $ pour l’ensemble des pays créanciers membres du Club de Paris.

Le gouvernement ghanéen avait annoncé, le 19 décembre dernier, la suspension provisoire du paiement de la majeure partie de sa dette extérieure. Cette mesure, qui concerne les eurobonds, les prêts commerciaux à terme et la plupart des dettes bilatérales, vise à « empêcher une nouvelle détérioration de la situation économique, financière et sociale » du Ghana « dans l’attente d’accords futurs » avec tous les créanciers du pays.

Le Ghana est aux prises avec une grave crise économique consécutive au ralentissement provoqué par la pandémie du coronavirus et les retombées de la guerre en Ukraine. Alors que le remboursement de la dette siphonne environ 70% des recettes publiques, l’inflation a atteint 50% en novembre dernier, tandis que la monnaie locale a plongé de plus 50% depuis le début de l’année 2022.

Les réserves de change brutes du pays ont également chuté à 6,6 milliards $ à la fin du mois de septembre 2022, contre 9,7 milliards $ au 31 décembre 2021.

Pour tenter de remettre à flot les finances publiques, le Ghana a conclu, le 12 décembre dernier, un accord préliminaire avec le Fonds monétaire international (FMI) sur un plan de sauvetage de 3 milliards $, en contrepartie d’un programme de réformes visant notamment à « rétablir la stabilité macroéconomique ». L’institution financière multilatérale avait cependant estimé que la dette de ce pays d’Afrique de l’Ouest n’était pas viable, et a invité les autorités à procéder à une restructuration de cette dette pour bénéficier de ce plan de sauvetage.

Fin novembre, le gouvernement ghanéen avait annoncé qu’il envisage de demander aux détenteurs de ses euro-obligations d’accepter des décotes allant jusqu’à 30% du principal, et de suspendre le versement de coupons aux détenteurs des obligations domestiques dans le cadre des négociations sur la restructuration de la dette du pays.

Elaboré par les pays membres du G20, le « Cadre commun pour les traitements de la dette » est entré en vigueur après l’expiration de l’initiative de suspension du service de la dette (DSSI) lancée en 2020 par les membres du G20, le FMI et la Banque mondiale pour donner aux pays pauvres le temps de faire face aux ravages de la pandémie du coronavirus. Il prévoit notamment un engagement à « plus de transparence » et à une « comparabilité de traitement », c’est-à-dire que tous les créanciers, publics et privés, doivent accepter de faire un effort équivalent. Mais rien n’oblige les créanciers privés, qui sont les moins enclins à abandonner leurs dettes, à s’y rallier.

Le Ghana est devenu le quatrième pays à avoir formulé une demande d’allègement de sa dette au titre de ce Cadre commun après l’Ethiopie, le Tchad et la Zambie.

Avec Agence Ecofin

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