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  • 12/12/2025

Commerce extérieur : La Côte d’Ivoire signe un excédent record de +153% au 3ème trimestre 2025

La Côte d’Ivoire a enregistré au troisième trimestre 2025 un excédent commercial inédit de 1 442,6 milliards FCFA, soit  2,6 milliards de dollars, selon la dernière note de l’Agence nationale de la statistique (ANStat). Ce chiffre marque une envolée spectaculaire par rapport aux 121,7 milliards FCFA dégagés à la même période en 2024. Le taux de couverture des importations par les exportations atteint 153%, un niveau rarement observé dans l’histoire récente du pays.

 

Les moteurs des exportations

 

Les exportations ivoiriennes ont bondi de 51,4%, pour atteindre 4 162,9 milliards FCFA (environ 7,4 milliards de dollars). Cette performance repose sur quatre piliers :

  • Le latex et caoutchouc (623,3 milliards FCFA, +47,1%).
  • Les métaux précieux raffinés (or, platine, argent) (616,2 milliards FCFA, +28,2%).
  • L’anacarde (363,5 milliards FCFA, +74,4%).
  • Le pétrole brut (343,1 milliards FCFA, +89%).

 

À noter la percée spectaculaire des conserves de thon, dont les ventes sont passées de 8,7 milliards à 333,4 milliards FCFA en un an.

Les principaux acheteurs restent la Suisse (548,4 milliards), la France (525,8 milliards) et les Pays-Bas (316,8 milliards). Ensemble, les dix premiers partenaires absorbent 66,5% des exportations ivoiriennes.

 

Des importations en progression modérée

 

Les importations s’élèvent à 2 720,2 milliards FCFA (environ 4,9 milliards de dollars), en hausse de seulement 3,5%. Elles concernent surtout :

  • Les produits pétroliers raffinés (280,6 milliards, +21,4%).
  • Les machines d’usage général (216,5 milliards, +9,3%).
  • Les véhicules automobiles (171 milliards, +28,5%).

 

En revanche, les achats de pétrole brut chutent de 65,8%, traduisant une moindre dépendance aux importations énergétiques. La Chine reste le premier fournisseur (525,7 milliards), suivie du Nigéria et de la France.

 

Une réorientation géographique

 

La structure des échanges évolue. L’Europe renforce sa place comme premier débouché des exportations (51,7%), tandis que l’Asie domine les importations (38,1%). Les échanges intra-africains reculent, représentant seulement 19,1% des exportations et 20% des importations.

 

Cette tendance illustre une intégration croissante de la Côte d’Ivoire dans les chaînes de valeur mondiales, mais aussi une dépendance accrue vis-à-vis de l’Asie pour ses approvisionnements.

 

Les enjeux derrière les chiffres

 

Cet excédent record traduit la bonne santé des filières agricoles et minières, mais aussi la montée en puissance de la transformation locale (cacao, thon). Il témoigne d’une diversification progressive des exportations, un objectif régulièrement rappelé par la Banque mondiale : « La transformation locale des matières premières est essentielle pour créer de la valeur ajoutée et des emplois » (Banque mondiale, Rapport 2024).

 

Cependant, la dépendance aux cours mondiaux du pétrole, du caoutchouc et des métaux précieux reste un risque. Le FMI avertissait déjà en 2023 que « les économies africaines doivent renforcer leur résilience face à la volatilité des prix des matières premières » (FMI, Perspectives économiques régionales, 2023).

 

La Côte d’Ivoire signe une performance commerciale exceptionnelle au T3 2025. Mais derrière l’excédent record, le défi reste le même : transformer davantage localement, diversifier les marchés et réduire la dépendance aux importations stratégiques.

 

Un succès conjoncturel, certes, mais qui doit s’inscrire dans une stratégie durable pour consolider la place du pays comme puissance économique régionale.