Commerce mondial : Trump desserre l’étau douanier sur les métaux stratégiques

En exemptant l’or, l’uranium et le tungstène de ses droits de douane, Donald Trump ajuste sa politique commerciale. Une décision qui vise à rassurer les marchés et à ménager les alliés, tout en maintenant la pression sur d’autres secteurs jugés sensibles comme le silicone et ses dérivés.

Les États-Unis revoient leur copie tarifaire. Par un décret signé vendredi 8 septembre, Donald Trump a décidé de retirer plusieurs métaux stratégiques – l’or, l’uranium, le tungstène et le graphite – de la liste des produits soumis aux droits de douane. La mesure entrera en vigueur dès lundi.

Ces exemptions ne sont pas anecdotiques. L’or, pilier des réserves financières mondiales, sert aussi de valeur refuge en période de turbulences économiques. L’uranium est essentiel pour le secteur de l’énergie nucléaire et la défense, tandis que le tungstène joue un rôle clé dans l’aéronautique, l’électronique et les équipements médicaux. Autant de domaines où la dépendance américaine aux importations est forte.

Le décret justifie ces changements en affirmant que « ces modifications sont nécessaires et appropriées pour faire face à l'urgence nationale » déclarée lors de l’instauration des tarifs. Cette formulation, très politique, permet à la Maison-Blanche de conserver une marge de manœuvre et d’éviter le débat parlementaire.

La décision met également fin à un épisode de confusion : il y a quelques semaines, une interprétation des services de douane avait laissé entendre que les lingots d’or seraient taxés, provoquant une onde de choc parmi les négociants.

Au-delà des métaux, la Maison-Blanche ouvre aussi la voie à une approche plus souple dans ses négociations commerciales. Les nouvelles règles permettront au représentant américain au Commerce et au département du Commerce d’appliquer rapidement des accords bilatéraux, à l’image de ceux conclus avec l’Union européenne, le Japon et la Corée du Sud. Washington espère ainsi alléger la lourdeur administrative tout en gardant la main sur les ajustements tarifaires.

Tous les secteurs ne sont cependant pas épargnés. Le silicone, la résine et l’hydroxyde d’aluminium restent frappés par des droits de douane. Idem pour certains produits importés non disponibles aux États-Unis, comme les épices ou le café de spécialité, dont le prix pourrait grimper.

Pour les analystes, cette stratégie illustre le pragmatisme forcé de l’administration Trump : lâcher du lest sur des matières premières critiques afin d’éviter de pénaliser des industries stratégiques, tout en maintenant la pression sur d’autres segments jugés moins prioritaires. Mais les critiques persistent. Ces révisions, élaborées dans l’urgence, pourraient encore fragiliser des chaînes d’approvisionnement sensibles et accentuer l’incertitude pour les partenaires commerciaux des États-Unis.

En multipliant les exemptions ciblées, Donald Trump poursuit un objectif clair : remodeler les échanges mondiaux au bénéfice des États-Unis. Mais cette flexibilité assumée s’apparente de plus en plus à un exercice d’équilibrisme, entre apaisement des marchés, protection des industries locales et maintien d’un rapport de force avec ses alliés comme ses rivaux.