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  • 06/11/2025

Réserves aurifères : Le Ghana à l’avant-garde d’une nouvelle doctrine africaine

En l’espace de deux ans, la Banque du Ghana a multiplié par plus de quatre ses réserves d’or, passant de 8,78 tonnes en mai 2023 à 38,04 tonnes en octobre 2025, selon les données officielles publiées par l’institution.

 

Cette progression régulière, mois après mois, témoigne d’une stratégie assumée de renforcement des actifs tangibles dans les coffres de la banque centrale. À l’heure où les devises internationales vacillent, l’or redevient un pilier de stabilité.

 

« L’or est un actif stratégique. Il protège contre l’inflation, les chocs monétaires et renforce la crédibilité des banques centrales », souligne le World Gold Council dans son rapport 2024 sur les réserves mondiales.

 

Une accumulation méthodique

 

Depuis juin 2023, les chiffres montrent une croissance mensuelle quasi continue :

  • Octobre 2023 : 17,18 tonnes
  • Octobre 2024 : 28,07 tonnes
  • Octobre 2025 : 38,04 tonnes

 

Cette trajectoire place le Ghana parmi les pays africains les plus dynamiques en matière de constitution de réserves aurifères, aux côtés de l’Afrique du Sud et du Nigeria.

 

Un contexte international incertain

 

La montée des tensions géopolitiques, les politiques de taux d’intérêt des grandes puissances et la volatilité du dollar ont poussé plusieurs banques centrales à rééquilibrer leurs portefeuilles. L’or, longtemps relégué au second plan, retrouve sa place.

 

Selon le Fonds monétaire international, plus de 30 banques centrales ont augmenté leurs réserves d’or entre 2022 et 2024, dans une logique de dé-dollarisation partielle.

 

Une stratégie nationale affirmée

 

Le Ghana, producteur d’or de longue date, dispose d’un avantage structurel : l’accès direct à la ressource. En 2022, le pays a lancé une initiative baptisée Gold for Oil, visant à échanger de l’or contre des produits pétroliers, afin de réduire la pression sur ses réserves de devises.

 

« Nous devons utiliser nos ressources stratégiques pour stabiliser notre économie », déclarait Dr Ernest Addison, gouverneur de la Banque du Ghana, lors d’un forum économique en 2023.

 

Quels enjeux pour l’avenir ?

 

Cette politique d’accumulation soulève plusieurs questions :

  • Le Ghana cherche-t-il à renforcer sa monnaie nationale, le cedi ?
  • Est-ce une réponse à la dépendance aux bailleurs internationaux ?
  • Ou une anticipation d’un réalignement monétaire régional, dans le cadre de la ZLECAf ou de l’ECO ?

 

Quoi qu’il en soit, cette montée en puissance des réserves d’or traduit une volonté de souveraineté économique, dans un continent en quête de leviers d’autonomie.