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  • 11/12/2025

Afrique du Sud : Le FMI applaudit les progrès, mais prévient que le plus dur commence

À Pretoria, la visite annuelle du FMI n’est jamais un simple exercice technique. Du 1er au 8 décembre, la mission conduite par Delia Velculescu a radiographié l’économie sud-africaine, et son verdict est sans ambiguïté : le pays a tenu bon dans un environnement mondial instable, mais il avance encore trop lentement là où il devrait courir.

 

Le Fonds souligne d’abord les fondations qui ont permis au pays de résister aux secousses d’une planète devenue plus protectionniste et imprévisible. L’Afrique du Sud s’appuie toujours sur des « ressources minières abondantes », sur des institutions crédibles, un régime de ciblage de l’inflation désormais plus strict et des marchés de capitaux profonds. La sortie de la liste grise du GAFI, combinée à l’adoption d’un objectif d’inflation plus bas, a même contribué à améliorer la notation souveraine. Autant de signaux positifs dans un contexte mondial chahuté.

 

Mais cette façade solide masque des fragilités qui, elles, ne disparaissent pas. Le FMI insiste sur les rigidités structurelles, les infrastructures vieillissantes, les failles de gouvernance et surtout une dette publique trop lourde pour un pays qui doit créer davantage d’emplois. Ces handicaps pèsent sur la capacité de rebond de l'économie.

 

L’institution reste prudente dans ses prévisions. La croissance devrait atteindre « 1,3% et 1,4% en 2025-2026 », portée par une consommation encore résiliente. Les exportations, elles, souffrent toujours des tensions commerciales, même si la vigueur des matières premières vient amortir le choc. L’inflation devrait converger vers « 3% fin 2027 » dans le cadre du nouveau régime monétaire.

 

Les risques, eux, s’orientent clairement « à la baisse ». Faible demande mondiale, tensions géopolitiques, potentiel resserrement brutal des conditions financières : la marge de manœuvre se rétrécit. À l’intérieur du pays, tout retard dans les réformes clés pourrait entamer la trajectoire de croissance.

 

Sur le plan budgétaire, Pretoria se dit déterminée à assainir ses comptes. Le FMI salue cet engagement et rappelle l’ambition d’un « excédent primaire de 1,5% du PIB pour l’exercice 2026 ». Mais sans réformes supplémentaires, prévient la mission, les recettes risquent de manquer de dynamisme et la réduction des dépenses d’être trop lente. Pour stabiliser durablement la dette, le pays devra viser un excédent primaire « de 3% du PIB » à moyen terme.

 

Le Fonds recommande une redéfinition des priorités de dépenses, un meilleur ciblage des subventions, la suppression des programmes inefficaces et un renforcement des mécanismes de transparence dans la commande publique. Il salue aussi les efforts du SARS pour améliorer le recouvrement et moderniser ses outils numériques.

 

Sur la politique monétaire, le FMI valide la nouvelle cible d’inflation, qu’il qualifie « d’avancée majeure ». Le cap est jugé approprié, mais la communication devra rester rigoureuse pour ancrer les anticipations.

 

Le système financier, lui, demeure robuste malgré une exposition accrue à la dette souveraine. Les avancées en matière de résolution de crise, de protection des déposants et de tests de résistance renforcent la résilience du secteur. Reste une zone d’attention : les institutions financières non bancaires, pour lesquelles l’institution recommande un renforcement de la supervision et une meilleure transparence.

 

Le FMI salue également un symbole fort : la sortie de la liste grise du GAFI, une « étape importante » qui reflète les progrès dans la lutte contre le blanchiment.

 

Mais le cœur du sujet est ailleurs : les réformes structurelles. L’institution reconnaît les avancées obtenues via l’opération Vulindlela, notamment dans l’électricité et la logistique. Mais le rythme reste trop lent. Le modèle économique sud-africain, très étatiste, montre ses limites. Le secteur privé devra jouer un rôle bien plus central dans la croissance et l’emploi. Cela implique d’accélérer la modernisation du secteur énergétique, de renforcer la gouvernance, d’améliorer le climat des affaires, de lutter efficacement contre la corruption et de réformer le marché du travail pour réduire les coûts et encourager les embauches.

 

Le FMI invite aussi Pretoria à intensifier son intégration commerciale, en particulier dans le cadre de la ZLECAf, tout en évitant les dérives coûteuses de la politique industrielle.

 

En clôturant sa mission, l’équipe du FMI remercie les autorités pour des discussions « franches ». Un mot poli mais révélateur. Car le message est clair : l’Afrique du Sud a consolidé sa stabilité. Reste maintenant à transformer cette base en véritable relance. Le temps presse, et la patience des marchés — comme celle du Fonds — n’est pas infinie.