Energie / CIE : Des résultats électrisants au 1er semestre 2025

La Compagnie Ivoirienne d’Électricité (CIE) affiche une performance robuste au premier semestre 2025, portée par une hausse simultanée de ses ventes, de sa clientèle et de ses résultats financiers. Dans un contexte de pression sur les infrastructures et d’ambitions gouvernementales en matière d’accès universel à l’électricité, ces résultats méritent une lecture attentive.

Une croissance commerciale soutenue

Au 30 juin 2025, la CIE a distribué 6 689 GWh d’électricité, soit une hausse de 7,47% par rapport à la même période en 2024. Cette progression est tirée par les ventes nationales (+6,23%) mais surtout par l’exportation, qui bondit de 28,51%, atteignant 447 GWh. Cette dynamique régionale confirme le rôle stratégique de la Côte d’Ivoire dans l’interconnexion énergétique ouest-africaine.

Le nombre de clients a franchi le cap des 4,89 millions, en hausse de 15%. Cette progression est largement attribuable au Programme Électricité Pour Tous (PEPT), qui a permis 236 939 branchements sur le semestre (+53,46%). Ce programme, soutenu par l’État, vise à réduire la fracture énergétique en milieu rural et périurbain.

Une amélioration technique notable

Le temps moyen de coupure (TMC) est passé de 13h15 à 11h36, soit une amélioration de 12,45%. Ce gain en qualité de service est crucial dans un pays où les interruptions électriques affectent la productivité industrielle et le confort domestique.

Des résultats financiers en nette progression

Sous le référentiel SYSCOHADA révisé, le chiffre d’affaires semestriel atteint 134,9 milliards FCFA, en hausse de 18,85%. Le résultat net progresse de 13,37%, à 5,1 milliards FCFA. Ces chiffres traduisent une meilleure maîtrise des coûts et une valorisation accrue des prestations annexes.

En normes IFRS, les résultats sont encore plus marqués. Le chiffre d’affaires consolidé grimpe à 138,2 milliards FCFA (+20,33%), et le résultat net à 4,87 milliards FCFA (+15,64%). Ces écarts s’expliquent par l’application des normes internationales (IAS 1, IFRS 9, IFRS 16…), qui modifient la reconnaissance des revenus et des charges.

Une stratégie de branchement au cœur du modèle

« La hausse du résultat d’exploitation est liée à l’augmentation des coûts éligibles sur la masse salariale, la maintenance et l’exploitation des réseaux », précise le rapport certifié par les Commissaires aux Comptes. Cette stratégie d’investissement dans les infrastructures, couplée à une politique volontariste de branchement, semble porter ses fruits.

Des défis persistants

Malgré ces performances, le résultat financier reste négatif (-1,972 milliard FCFA en IFRS consolidé), en dégradation de 27,80%. Ce signal invite à surveiller l’endettement et le coût du capital, dans un contexte de taux d’intérêt élevés et de besoins d’investissement croissants.

Par ailleurs, l’amélioration du TMC, bien que significative, reste insuffisante pour certains usagers industriels, qui réclament une stabilité absolue du réseau.

Une entreprise au cœur de la politique énergétique

La CIE ne se contente plus d’être un opérateur technique : elle est devenue un acteur central de la politique énergétique ivoirienne. Son rôle dans le PEPT, sa capacité d’exportation et sa gestion des concessions en font un levier stratégique pour l’État.

À l’heure où la Côte d’Ivoire vise l’accès universel à l’électricité d’ici 2030, les résultats de ce semestre montrent que la trajectoire est engagée, mais que la vigilance reste de mise.