Le Nigéria s’est réveillé avec une décision qui, sur le papier, ressemble à une mesure de discipline administrative. En réalité, le choix du président Bola Ahmed Tinubu de retirer les escortes policières attribuées aux ministres et hauts responsables raconte bien plus qu’un réaménagement protocolaire. C’est le symptôme d’un pays où la sécurité publique s’effrite, où l’économie ploie sous le poids des déséquilibres et où l’État tente — parfois brutalement — de reprendre la main sur des pratiques devenues routinières… et coûteuses.
Depuis des années, l’utilisation de policiers comme
escorte personnelle est devenue un marqueur de statut dans la haute sphère
nigériane. Certains responsables se déplaçaient avec des cortèges dignes d’une
procession monarchique : gyrophares en série, véhicules blindés, colonnes de
policiers déployés comme une garde privée. Cette hypertrophie sécuritaire ne
relevait pas seulement du confort ; elle alimentait un véritable système
d’abus, où des agents publics étaient mobilisés au service d’intérêts individuels,
parfois loin des préoccupations de sécurité collective. Dans un pays où la
police manque déjà cruellement d’effectifs pour contenir banditisme,
enlèvements et terrorisme, le contraste devenait difficilement défendable.
Tinubu a donc tranché le mercredi 10 décembre dernier.
Les escortes policières sont retirées, sauf demande exceptionnelle validée
directement par la présidence. Une façon de rappeler que la sécurité rapprochée
n’est pas un privilège automatique, encore moins un gadget statutaire. La
décision répond à une critique récurrente : au Nigéria, des milliers d’agents
étaient détournés de leur mission première pour accompagner dignitaires, chefs
d’agences publiques et hommes d’affaires connectés. Le président cherche à
montrer l’exemple — ou du moins à faire croire que l’État reprend le contrôle
de ses ressources.
Mais derrière le volet éthique de la décision se cache
une réalité bien plus rugueuse : le pays traverse l’une des crises économiques
les plus sévères de son histoire récente. Monnaie en chute, inflation qui
dévore les revenus, finances publiques sous tension, subventions réduites,
fiscalité bousculée… Tinubu doit montrer, à tout prix, qu’il coupe dans ce qui
ressemble à des dépenses improductives. Et dans un contexte où les citoyens
peinent à nourrir leur famille, voir l’État limiter les excès de ses propres
élites devient presque un impératif politique.
La crise sécuritaire ajoute une couche supplémentaire
à cette équation. Entre les violences dans le nord-ouest, les groupes armés
dans le centre, les tensions dans le delta du Niger et la montée des
kidnappings le long des grands axes routiers, le Nigéria fait face à une
fragmentation sécuritaire préoccupante. Repositionner les policiers sur le
terrain répond à un besoin opérationnel, mais aussi à une pression sociale : la
population exige que la police serve d’abord le public avant de servir les puissants.
La décision de Tinubu est donc autant un message
qu’une réforme. Politiquement, elle montre un président qui veut casser l’image
d’un pouvoir entouré de faste alors que le pays se bat pour respirer.
Économiquement, elle s’inscrit dans une logique d’austérité contrôlée et de
réallocation de ressources rares. Et sur le plan sécuritaire, elle reflète
l’urgence de remettre les forces de l’ordre là où elles sont réellement
indispensables.
Reste une question : la mesure survivra-t-elle au choc
des habitudes, des intérêts et des privilèges bien ancrés ? Au Nigéria, les
réformes touchant aux symboles de pouvoir rencontrent rarement un terrain
docile. Mais pour l’instant, Tinubu a frappé un grand coup — un geste de
rigueur dans un pays où la rigueur est devenue une denrée politique rare.
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