Devant le Tribunal militaire de garnison de Kinshasa/Gombe, une femme raconte sa vie comme on confie un secret trop lourd à porter. Son nom : Honorine Porsche Mukuna Onake, citoyenne allemande d’origine congolaise, mère de quatre enfants. Son geste ? Le 16 octobre dernier, braquer l’agence RawBank de la Place de la Victoire, armée… d’un jouet.
20 000 euros de dettes en Allemagne, un voyage
infructueux vers la Fondation de la Première Dame, l’impossibilité de nourrir
sa famille : c’est le contexte dans lequel s’inscrit cet acte. « J’étais au
bout de l’espoir », confie-t-elle. « Dans la dépression, j’ai décidé d’aller
acheter un jouet d’arme. »
Son témoignage n’est pas un récit de violence
mais de désespoir social. La salle d’audience, glaciale, écoute cette femme
livrer sa vérité : « J’ai pitié pour ces gens traînés ici devant la barre. Ils
n’y sont pour rien. » Parmi les sept prévenus, deux policiers et deux agents de
gardiennage sont accusés d’association de malfaiteurs, vol à main armée et
terrorisme ; deux autres suspects, Kapi et Benjamin, sont en fuite. Selon
l’accusée, l’argent récupéré aurait été « pillé par les éléments de la police »,
une affirmation qui ajoute une couche de complexité à l’affaire.
Un geste isolé mais symptomatique
À première vue, l’histoire pourrait se résumer à
un fait divers étrange : une étrangère, un pistolet factice, un braquage raté.
Mais derrière cette apparente singularité se dessine un portrait social plus
large. Les dettes contractées en Europe, la charge de quatre enfants, l’échec
des réseaux d’entraide — tout cela compose une pression quasi insupportable. Le
geste n’est plus un simple crime, mais l’expression tragique d’une vulnérabilité
transnationale.
Kinshasa, mégapole de 17 millions d’habitants,
concentre les paradoxes du Congo : des tours bancaires flambant neuves, des
transactions internationales, et, à quelques rues de là, des femmes et des
familles contraintes à la débrouille pour survivre. Honorine représente cette
tranche invisible de la population urbaine, celle que la croissance économique
ne touche pas.
Entre justice et humanité
La juridiction militaire est saisie de l’affaire
sous les articles 324, 326 et 327 du Code judiciaire militaire, pour vol à main
armée et terrorisme. Mais la scène — une femme seule, un pistolet factice, une
tentative désespérée — interroge la proportionnalité. Condamner sans
contextualiser, c’est ignorer que certaines fautes naissent moins du vice que
du vide.
Le procès ne questionne pas seulement la
culpabilité individuelle : il met en lumière des dysfonctionnements
institutionnels. Les accusations de pillage par des policiers et la présence de
prévenus liés à la sécurité privée posent des questions sur la responsabilité
des acteurs étatiques et parapublics dans la protection de la société.
Une mère poussée à bout
Quatre enfants, 20 000 euros de dettes, une
incapacité à se faire entendre par les institutions : le portrait d’Honorine
Porsche Mukuna Onake est celui d’une mère acculée par la précarité, traversant
des frontières et des bureaucraties, mais qui se heurte au silence. Son arme
n’est qu’un jouet, mais le geste résonne comme un avertissement brutal : quand
les réseaux sociaux, les institutions et les soutiens officiels échouent, le
désespoir prend des formes inattendues.
Ce cas souligne un problème plus vaste : la féminisation
de la pauvreté et de la vulnérabilité migratoire. Les femmes seules, chargées
de famille, deviennent des actrices forcées d’un système qui ne leur propose
que des portes closes. Les conséquences ne sont pas que personnelles : elles
touchent la confiance collective dans la sécurité, la justice et l’efficacité
des aides sociales.
Au-delà du tribunal
Le procès met aussi en lumière la question de la
justice proportionnée et humaine. La juridiction militaire doit trancher sur un
acte qui, en surface, relève de la criminalité, mais qui, en profondeur, est un
cri contre l’indifférence sociale. Condamner la femme sans reconnaître le
contexte, c’est punir une victime deux fois : d’abord par la misère, ensuite
par la loi.
Il s’agit aussi d’un appel à la société
congolaise et aux institutions : comprendre que la vulnérabilité féminine,
l’endettement transnational et la solitude parentale sont des facteurs de
risque réels, et qu’ignorer ces éléments peut conduire à d’autres « affaires
Honorine » dans le futur.
Un symbole plus qu’un crime
L’histoire d’Honorine est tragique et
exceptionnelle. Mais elle est aussi symptomatique d’une réalité sociale plus
large : des familles précarisées, des femmes isolées, des dettes lourdes, et
des institutions incapables de tendre une main. La justice peut juger l’acte,
mais elle ne peut pas juger la détresse humaine.
Cette affaire est un miroir tendu à la société :
Kinshasa, et plus largement le Congo, doit décider si elle préfère punir la
misère ou prévenir la détresse. Le geste d’une mère avec un jouet restera dans
les mémoires comme un avertissement : la survie, lorsqu’elle devient
impossible, ne se contente plus de silence.
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