L’Afrique reste l’un des marchés les plus attractifs pour les acteurs de private equity malgré le ralentissement de plusieurs économies du continent, a souligné le cabinet Boston Consulting Group (BCG) dans un rapport publié le 15 septembre 2016. Le rapport s’intitule « Why Africa Remains Ripe for Private Equity » (Pourquoi l’Afrique demeure alléchante pour le private equity) .
Le rapport du Boston Consulting Group révèle que le nombre de private equity en Afrique est passé d’environ une douzaine, au début des années 90 à plus de 200 aujourd’hui. Entre 2013 et 2015, les fonds de private equity ont mobilisé 10 milliards de dollars à investir en Afrique . Ils ont également réalisé des transactions d’une valeur globale de 14,8 milliards de dollars, soit deux fois plus que le montant enregistré entre 2010 et 2012.
Lire aussi l’intégralité du numéro 12 de la revue de PROPARCO, publié en 2011, Secteur Privé & Développement, cliquez sur ce lien: Le capital-investissement contribue-t-il au développement de l’Afrique ?
Ce boom du Private Equity en Afrique peut s’expliquer par la perte de confiance dans le modèle occidental de rachat d’entreprises due à la crise financière. Les portefeuilles des investisseurs se tournent davantage vers des opérations de capital-investissement sur les marchés émergents. Les risques accrus associés à l’ingénierie financière et la défiance croissante à l’égard du risque souverain incitent en effet de nombreux investisseurs à se tourner vers des marchés en forte croissance et peu exploités, comme l’Afrique subsaharienne.
Le continent comptait en 2010, six (6) des vingt (20 ) économies les plus dynamiques, avec des taux de croissance moyens de 5 % (contre 3 % sur les marchés de l’OCDE – FMI, 2011).
Démarré en Afrique du Sud dans les années 1990 avec les cessions opérées par des multinationales et favorisées par les réformes post-apartheid, les opérations de capital-investissement s’étendent progressivement au reste du continent . Les 20 dernières années ont vu l’arrivée de plus de 50 gestionnaires de fonds , chargés d’investir plusieurs milliards de dollars. La région attire désormais un groupe d’investisseurs de plus en plus diversifié.
Ce boom de l’industrie du private equity sur le continent,combiné au ralentissement des plus grandes économies africaines, a suscité des inquiétudes chez certains analystes , selon l’agence Ecofin . Ces derniers redoutent l’existence d’une bulle pouvant exploser à tout moment.
BCG estime cependant que les perspectives restent positives pour l’industrie du private equity, en Afrique .
Malgré les nombreux défis conjoncturels, le cabinet relève que le continent dispose de plusieurs atouts dans ce cadre.
D’une part , la pénétration du private equity reste faible sur le continent en 2016. Le montant des transactions de private equity et les fonds sous gestion ne représentent en effet que 0,1% du PIB de l’Afrique contre environ 1% dans les pays occidentaux.
D’autre part, les fondamentaux macroéconomiques du continent restent solides. La plupart des économistes prévoient en effet un rebond de la croissance économique à moyen terme. Notamment , grâce à la croissance des classes moyennes, à la hausse des investissements étrangers dans les infrastructures et à une main-d’œuvre de plus en plus qualifiée.
A cela, s’ajoutent l’amélioration de l’environnement d’investissement, la rareté des options de levées de capitaux pour les entreprises, en raison de la petite taille des marchés boursiers. Egalement, l’augmentation du nombre des entreprises pouvant constituer des cibles pour les fonds d’investissement . Quelque 11 000 entreprises africaines ont actuellement des chiffres d’affaires allant de 10 à 100 millions de dollars .
«Ces tendances sont susceptibles d’accroître la capacité de l’Afrique à absorber les investissements de private equity dans les décennies à venir», a commenté Tawfik Hammoud, associé principal à BCG et coauteur du rapport.
BCG indique cependant que les fonds d’investissement actifs en Afrique ont besoin d’adopter des stratégies d’investissement plus flexibles et de cibler de nouveaux types d’entreprises. Ces fonds ont ciblé, jusqu’ici, un nombre limité d’entreprises ayant un chiffre d’affaires annuel de plus de 100 millions de dollars .
Ils devraient désormais s’intéresser à de nouvelles catégories de sociétés dont les entreprises familiales dirigées par une nouvelle génération de talents. Ces fonds devront également regarder au-delà de l’Afrique du Sud et du Nigeria qui sont actuellement les deux marchés dominants.
Les fonds de private equity privilégient habituellement les prises de participations minoritaires dans les entreprises africaines . Ils sont donc appelés à s’orienter davantage vers les prises de participations majoritaires. Ce qui leur permettra de procéder à des fusions-acquisitions, amener des gestionnaires et des administrateurs expérimentés.
Ils pourront également introduire une meilleure gouvernance d’entreprise et mieux identifier les éventuels acquéreurs stratégiques.