Pour que la croissance inclusive soit plus qu’un slogan, multinationales et consultants réfléchissent à des moyens pour permettre à un plus grand nombre de récolter les fruits de la croissance en Afrique. Une meilleure accessibilité aux services financiers constitue une étape importante. C’est tout du moins l’avis du Boston Consulting Group, auteur d’un rapport sur la question. Il en a rendu compte lors du forum économique mondial sur l’Afrique à Durban. Les secteurs bancaires et les opérateurs mobiles y sont très attentifs. Ils convoitent les centaines de millions d’Africains qui n’ont toujours pas de compte en banque.
Les sommes en jeu sont énormes, l’ancien président de la banque africaine de développement Donald Kabéruka est bien placé pour le savoir. « On a encore en Afrique du Sud 76 milliards de Rands sud-africains, soit cinq milliards d’euros, qui circulent à l’extérieur du système bancaire. On ne pense plus que c’est un problème de connaissance ou de maitrise de la technologie, nous devons nous pencher sur les autres obstacles. »
Les régulateurs font partie de ces obstacles selon Adam Ikdal, le patron du Boston Consulting Group en Afrique du Sud. « La régulation des banques est très lourde. Au titre de la lutte contre le blanchiment, elles doivent obtenir les preuves sur les domiciles de leurs clients. Il faudrait assouplir les règles pour faciliter l’ouverture des comptes. Aujourd’hui les clients doivent prouver qu’ils gagnent de l’argent et qu’ils ont un domicile, mais en Afrique beaucoup de gens ont des revenus sporadiques et ne peuvent pas prouver leur adresse. »
La solution peut venir de l’identification biométrique. L’Inde l’a adoptée pour la distribution d’aides sociales et cela a favorisé par ricochet l’inclusion financière des ménages modestes. Les banques de leur côté doivent faire des efforts, selon le Boston consulting group.
« En Afrique les gens misent beaucoup sur l’émergence de classes moyennes, si les banques attirent un client dès ses 20 ans ou 25 ans, elles vont peut-être le garder jusqu’à ses 70 ans, c’est cinquante années de profits à la clé ! Car les clients souscriront d’autres types de services auprès de ces banques ».
Comptes inactifs
Dans les faits c’est légèrement plus compliqué, car des dizaines de millions de comptes sont inactifs. Topyster Muga, directrice de la division financement inclusif de VISA en Afrique subsaharienne. « Le rapport sur l’état de l’industrie publié par la GSM Association pointe que sur les 277 millions de comptes mobiles en Afrique, seuls cent millions de comptes sont actifs, donc notre marge de progression est encore importante, nous devons travailler pour que nos clients fassent un meilleur usage de leurs comptes. »
Les banques sont encouragées à proposer des comptes d’épargnes simples, et même si tout se fait de plus en plus en ligne sur les applications des téléphones, le contact humain n’est pas superflu. Visa vient d’ailleurs d’inaugurer des bureaux à Abidjan.
Source. RFI