Situation financière de la RDC : entre fausses rumeurs et réelles inquiétudes

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Vue de Sozacom, Kinshasa, 2004. Credit photo Adiac-congo
Le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC) a démenti lundi 17 juillet, les rumeurs de suspension des paiements de l’État, relayées par des médias congolais. Ces rumeurs reflètent la fébrilité économique du pays, qui risque d’entrer en défaut de paiement à cause de la pénurie en devise. Une série de mesures a été annoncée.

 
Cette semaine, plusieurs médias congolais ont rapporté que les paiements de l’État étaient suspendus au niveau de la BCC, jusqu’à nouvel ordre. Une information démentie par la Banque centrale. « L’économie congolaise se porte très mal », a reconnu le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Déogratias Mutombo Mwana Nyembo, dans une allocution le lundi 17 juillet. De fait, le risque de défaut de paiement pour le pays est très élevé. Cependant,  le gouverneur a annoncé  une série de mesures de lutte contre la fuite de capitaux.
 

Important déséquilibre économique

Selon plusieurs sources, il y a bien eu quelques retards de paiement, provoqués par le faible niveau de devises. Dans un communiqué daté du 5 juillet, la Banque centrale du Congo faisait état de réserves de changes équivalentes à 3,11 semaines d’importations de biens et services, un niveau très inquiétant.
Cet « important déséquilibre économique, a été causé par la chute des cours des matières premières », selon le gouverneur. « Celle-ci a entraîné une baisse des rapatriements des recettes d’exportation et in fine, une diminution de l’offre des devises. Avec, pour conséquence, une dépréciation de la monnaie nationale et une hausse de l’inflation. » a expliqué Déogratias Mwana Nyembo .
 

Hausse de l’inflation et dépréciation du franc congolais

Ainsi, M. Mwana Nyembo  a relevé que, sur le marché des biens et services, « les prix à la consommation ont enregistré une hausse de 38,4% en rythme annuel à la fin des six premiers mois de l’année ».
Le gouverneur de la BCC, s’inquiète également de l’accélération du rythme de dépréciation du Franc congolais depuis juin 2017. En effet, au premier semestre 2017, les cours indicatifs et parallèles du Franc congolais se sont respectivement dépréciés de 27% et 30%, selon les chiffres de la BCC.
 

Aggravation de la  situation économique  malgré la remontée des cours du cuivre et du cobalt

Cette dégradation de la situation financière du pays est d’autant plus inquiétante qu’elle s’inscrit dans un contexte de remontée des cours du cuivre et du cobalt. « La poursuite de cette tendance devrait contribuer à améliorer le solde de la balance des paiements de la RDC et drainer au pays des devises nécessaires à la stabilisation du cadre macroéconomique », soulignait la BCC dans son communiqué du 5 juillet.
Or, « le pays continue à subir la pénurie des devises et voit sa situation économique s’aggraver », constate le gouverneur de la Banque centrale. M. Nyembo  impute cette situation aux pratiques de certaines entreprises minières « qui ont pour conséquence d’institutionnaliser la fuite des capitaux ». Pour pallier ce problème, le gouverneur a annoncé un renforcement des dispositions réglementaires concernant les rapatriements des revenus des exportations minières. Ainsi que les mouvements  des comptes principaux à l’étranger, avec, notamment, un durcissement des mesures disciplinaires à l’encontre de ceux qui ne respecteraient pas le code minier.
 

Soutien financier international conditionné par un déblocage de la situation politique

À court terme, la mesure risque d’être insuffisante, comme l’atteste le récent appel du pied du gouvernement au FMI en juin. Le FMI , cependant, semble vouloir conditionner son aide à un déblocage de la situation politique.  L’institution financière a certes proposé d’envoyer une équipe en RDC en  septembre, afin de « dresser un bilan actualisé de la situation économique et  évaluer les besoins financiers du gouvernement ». Mais elle a précisé qu’« une trajectoire crédible vers la stabilité politique sera probablement un pré-requis ».
Pour  les congolais, « Le gouvernement doit intensifier le plaidoyer auprès du FMI et envoyer des gestes politiques forts, comme la publication d’un calendrier électoral.
 
Entre temps,  le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) a annoncé un report des élections présidentielles et législatives au-delà de 2017.
 
Avec Jeune Afrique

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