Entrepreneur Corner : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Joël Cadier : J’ai près de 40 années d’expérience, les premières années comme directeur financier puis comme dirigeant d’entreprise et enfin de groupes régionaux, dans des secteurs diversifiés, principalement en Afrique francophone (Est, Centrale et Ouest) mais aussi quelques années en Asie. Mes expériences les plus récentes m’ont amené à conduire par exemple la création en 2003 et le développement du groupe Atlantique Telecom (réseaux MOOV) puis en 2007 de restructurer le Groupe Atlantique, dont le réseau des Banques Atlantique, et d’assumer à partir de fin 2009 la responsabilité sur les fonctions supports du groupe SIFCA comme DGA. J’ai ensuite fondé début 2014, Keysfinance Partners, la première banque d’affaires régionale ouest africaine.
EC : Pourquoi avoir décidé d’accompagner Comoé Capital ?
Joël Cadier : Dans le cadre des activités de KeysFinance Partners, conseil financier aux entreprises, nous sommes très souvent sollicités par des entrepreneurs en recherche de financement dont malheureusement la faiblesse des montants les excluent de notre champ d’intervention ; en effet, comme la plupart de nos partenaires fonds d’investissement, nous travaillons sur des tickets minimum de plusieurs milliards. Accompagner Comoé Capital est surtout un moyen d’apporter ma modeste contribution à ces milliers d’entrepreneurs qui ne disposent, comme seul moyen de financement, que du financement à court terme. Quand on connaît le rôle joué par les PME dans l’économie ivoirienne, je pense que toutes les initiatives visant à les soutenir méritent d’être encouragées.
EC : «Je veux apporter ma modeste contribution à ces milliers d’entrepreneurs…»
Quels moments forts vous ont marqué dans ce soutien apporté à Comoé Capital ?
Joël Cadier : Le moment fort de mon soutien à Comoé Capital est ma
rencontre avec Jean-Michel Sévérino, DG d’I&P, lors de l’ouverture de leur
bureau d’Abidjan en 2014.
Je me rappelle l’avoir félicité, et remercié déjà, pour la contribution
d’I&P au développement économique de nos pays en investissant dans le tissu
des PME. Je me rappelle aussi avoir vivement encouragé I&P à essaimer de
façon encore plus dense ses actions, notamment à destination des PME de taille
encore plus modeste. J’ai alors appris que le concept d’essaimage d’I&P
était déjà lancé depuis 2006 avec Sinergi Niger.
Et depuis 2014, 4 nouveaux fonds nationaux ont vu le jour, dont Comoé Capital.
EC : Pouvez-vous souligner la place forte que Comoé Capital devrait jouer dans l’essor des PME en Côte d’Ivoire ?
Joël Cadier : Comoé Capital a l’avantage d’avoir des actionnaires aux profils complémentaires et animés d’une forte volonté d’accompagner les PME. En plus des actionnaires, les entrepreneurs financés par Comoé Capital pourront bénéficier de l’accompagnement du réseau de mentors et aussi du réseau international de I&P. Je pense donc qu’au-delà de l’accompagnement financier de Comoé Capital, cet appui stratégique et l’écosystème décrit plus haut permettront à ces entrepreneurs de sortir de leur isolement et de booster la création de valeur pour leur entreprise.
EC : Un mot pour les PME qui hésitent à franchir le pas et à dialoguer avec des capital-risqueurs.
Joël Cadier : Le Private Equity est complémentaire des autres solutions
de financement (banque, microfinance etc.). Sa différence principale réside en
sa capacité à apporter un appui stratégique et opérationnel en plus de
l’investissement financier. Par ailleurs, l’investisseur en capital partage le
risque avec l’entrepreneur ce qui permet un alignement d’intérêts.
Aujourd’hui, les entrepreneurs basés en Côte d’Ivoire trouveront auprès de
Comoé Capital des interlocuteurs de qualité et dont la stratégie
d’investissement est clairement adaptée à leurs spécificités. Je la cite :
1. La plupart des sociétés en instruction auront un niveau de structuration, et
de formalisation insuffisant, avec notamment des ressources humaines limitées,
des procédures financières et comptables insuffisantes, un historique bancaire
court ou inexistant…
2. Elles auront également un niveau de risque relativement élevé par rapport à
des investissements plus importants du fait de leur caractère « early-stage »:
risque opérationnel, financier, technologique, managérial, concurrentiel, et
j’en passe…
Comoé Capital devra donc adapter ses critères d’intervention à cette réalité,
tout en ayant pour objectif premier le renforcement de la structuration des PME
une fois financées, et en prévoyant les outils de mitigation adaptés dont le
fonds bénéficie (suivi renforcé, assistance technique entre autres).
J’en profite pour remercier l’AFD qui apporte une subvention pour financer des
prêts d’honneur à taux zéro, et sans garantie, qui permettront aux
entrepreneurs d’amorcer leurs activités, de réaliser des prototypes ou de
bénéficier de missions d’appui en préparation de l’investissement de Comoé
Capital.
3. Enfin, les tickets d’investissements de Comoé Capital seront entre 20 et 300 millions de FCFA. Il s’agit donc bien de viser le tissu le plus dense des entreprises opérant sur le marché ivoirien et pour lequel l’offre de financement est aujourd’hui quasi inexistante.
Meliane Nomel avec Entrepreneur Corner