Une rencontre exceptionnelle avec un jeune ivoirien qui entend mettre son expertise en matière d’assurance au service de la population ivoirienne en particulier et africaine en générale. Le courtage en assurance, Cheick Oumar Dosso, s’y met pour conseiller et assurer l’accompagnement des entreprises et des particuliers en fonction des risques et face aux choix multiples qui s’offrent à eux.
Capitalisant plus d’une vingtaine d’années d’expérience dans divers secteurs d’activités et sous différents tropiques, en 2020, Cheick Oumar Dosso décide de se lancer dans l’entreprenariat et crée KALA Assurances. Une entreprise de Courtage en Assurance qu’il monte, mettant en exergue ses qualités et une expertise remarquable. L’ancien manager en assurance Cheick Oumar Dosso, dans cette interview nous parle de l’assurance en général, mais aussi du groupe KALA Assurances qu’il crée. Ensuite, il expliquera le regard qu’il porte sur l’avenir de l’assurance en Côte d’Ivoire.
Qui est Cheick Oumar Dosso ?
Cheick Oumar Dosso est un ivoirien, mais je dirai plus un jeune africain de 43 ans, marié et père de 03 enfants.
Rêveur et voyageur dans l’âme, son destin très tôt l’envoi en dehors de son cocon familial pour faire ses études à l’étranger, notamment en France et au Canada. Ses diplômes sont obtenus au gré de pérégrinations au Canada où j’ai également travaillé tout comme aux Etats-Unis et en France.
Tout ceci me permet de me qualifier comme une personne du monde, ouverte, disponible, un rêveur qui aime à penser « out of the box ». Je suis un afro-optimiste convaincu et j’aime à me définir comme un Africain conscient. Voilà tout !
Pourquoi avez-vous décidé de revenir en Côte d’Ivoire après vos études à l’étranger ?
Revenir en Afrique a toujours été une fin programmée. Je me qualifie comme faisant partie des enfants d’Houphouet. En ce sens, l’esprit était qu’il fallait voyager, aller se former et fort de l’acquit revenir en Côte-d’Ivoire pour contribuer au développement et au rayonnement de notre pays. Lorsque je me suis senti près et que les opportunités se sont présentées à moi, je suis revenu pour pouvoir apporter ma modeste contribution.
En somme, c’était dans mon éducation, mon idéal de vie de venir contribuer au rayonnement de mes différents cercles d’influence.
Pourquoi du manager en assurance d’un grand groupe international, vous décidez résolument de vous installer à votre propre compte ?
Il y a différentes raisons.
On va ailleurs pour pouvoir apprendre et revenir transmettre ce qu’on a entrevu et reçu à l’étranger. Quand je suis rentré (en Afrique), j’ai eu l’opportunité de travailler dans des groupes internationaux et sous-régionaux. Directement, j’ai pu avoir accès à d’autres pays que la Côte d’Ivoire. Et cela m’a permis de m’ouvrir l’horizon sur des pays comme le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso et le Cameroun. De ce modèle sous régional, je suis passé à un modèle national dans une entreprise exerçant juste en Côte-d’Ivoire. Ça été une période assez difficile, d’apprentissage, car il fallait d’abord m’adapter à la culture locale et ma culture avant tout.
Au final, chemin faisant, je rejoins un nouveau groupe qui a un rayonnement sous régional, le groupe SUNU. Je suis affecté sur une autre position déportée au Burkina Faso. Fort du travail abattu au Burkina, je suis affecté dans une position centrale au sein du Groupe SUNU. Je reviens à Abidjan. Là, il faut couvrir et aider les filiales à développer leurs chiffres d’affaires et développer des nouveaux axes. S’offre à moi à nouveau un autre challenge. Un groupe français recherche un manager pour ses filiales africaines. Je me dis, à ce moment voici une opportunité où je pense pouvoir insuffler ce que j’ai acquis dans le modèle occidental et ce que j’ai appris en venant chez moi, en Afrique.
Ce fut tout un processus logique du destin.
Quand l’opportunité du groupe Henner en tant que Manager Afrique s’offre à moi en 2019, je fais rapidement une analyse qui est la suivante : je suis à la croisée des chemins. C’est une opportunité pour mettre en pratique ce que j’ai appris des différents mondes, de mes classes occidentales et celles africaines. Mon board est européen et je manage des équipes africaines. Manager Afrique, une des positions que je recherchais en profilant ma carrière.
Toutefois, très vite, je me retrouve confronté à la volonté du groupe Henner de revoir sa stratégie à l’international avec notamment la cessation des activités dans certains périmètres dont l’Afrique et le Moyen-Orient malgré des chiffres et un potentiel qui en feraient pâlir plus d’un. Jeune africain convaincu de son périmètre, je prends mon bâton de pèlerin pour défendre nos intérêts mais connaissant les modèles de fonctionnement des multinationales, je sais qu’il ne sera pas aisé de faire percevoir notre vision au groupe Henner.
À ce stade, je le crois avec du recul, ma décision est prise. Soit le groupe entend raison et j’ai un laps de temps pour développer ou alors, je monte ma boite car j’estime posséder les ressources intrinsèques et extrinsèques nécessaires pour un tel projet.
Ainsi se matérialise l’esprit KALA Group et son entité KALA Assurances.
Vous avez travaillé en tant que gérant chez NEXUS puis chargé de compte bancassurance (mars 2018-juin 2019) et responsable commercial chez SUNU groupe. Et enfin, manager régional Afrique chez Henner. Un poste que vous avez occupé jusqu’en mi 2020. Pensez-vous que tout ce parcours et l’expérience acquise précédemment suffisent largement pour créer votre entreprise ?
Oui ! Je le crois.
L’un de mes principes de vie, c’est qu’il n’y a pas de hasard. Il y’a un chemin divin et une destinée divine pour toute chose.
Mon incursion dans l’entreprenariat n’est pas à son premier essai.
NEXUS fut ma première entreprise créé en Côte d’Ivoire. Ensuite, je suis rentré dans le Groupe SUNU où il m’est confié un challenge extraordinaire (dans le sens positif) démarrer la filiale du Burkina Faso sur la branche Vie. Permettez au passage de montrer ma gratitude envers M. Pathé Dioné PDG du Groupe SUNU et ses DGD. Puis je reviens en Côte d’Ivoire pour un poste régional où je mets mon expérience acquise dans le développement des affaires et notamment l’axe de la Bancassurance au profit des différentes filiales. Ce poste m’obligeait donc à manager avec des collègues burkinabés, camerounais, guinéens, ivoiriens, libériens, togolais, etc. Une nouvelle porte s’ouvre ensuite, celle du groupe français Henner. Je suis régional et international. Je dois piloter avec Paris mais aussi avec les pays africains. Ne voyez-vous pas une suite logique !
Ces différents passages, évolutions contribuent, à n’en point douter, à m’affuter, valoriser mes compétences, les éprouver afin que je devienne un meilleur manager.
Aujourd’hui mieux qu’hier, je suis assez outillé pour piloter mon groupe. D’ailleurs ma vision, c’est de créer un groupe qui sera présent aussi bien en Côte d’Ivoire que dans toute la sous-région ouest-africaine avec notamment, si la providence nous le permet, le Burkina Faso et la Guinée comme les prochains objectifs à court terme puis progressivement les autres pays de la sous-région et les autres régions par opportunité.
C’est ma vision, et même ma logique de vie.
C’est quoi une société d’assurance pour un citoyen ordinaire selon vous ?
En mes mots, m’exprimant à un citoyen d’ordinaire, je dirai que : une compagnie d’assurance est une société avec laquelle vous collaborez en toute confiance afin que cette dernière puisse être votre relai au moment où vous êtes en état de fragilité, de détresse que les causes soient d’ordre familial, matériel ou immatériel.
L’Association des Sociétés d’Assurances de Côte-d’Ivoire (ASACI) a publié les résultats du marché pour l’exercice 2019, avec 43,07% de part de marché. L’assurance vie totalise 168,28 milliards FCFA (287,29 millions USD) de primes, soit une amélioration de 9,02% par rapport à fin 2018, qu’en dites-vous ?
En matière d’assurance, il y a la branche Vie que vous citez dans votre question et la branche de l’IARD qui concerne tout ce qui est dommage et qui est celle qui génère le plus de CA soit environ 222 milliards de FCFA. Quand on regarde de plus près nos marchés, on constate que le potentiel de croissance de l’assurance vie est énorme. Nous sommes à moins de 3 % de taux de pénétration aujourd’hui en assurance sur la zone CIMA. Cela revient donc à dire que grosso modo, plus de 90 % de personnes ne sont pas touchées par les assurances et que nous devons aller les chercher.
Pour l’imager, regardons dans nos environnements propres, nos cercles familiaux et autres, rares sont les personnes qui ont une assurance. Il y a ceux qui ont la chance d’avoir une voiture pour laquelle l’assurance Automobile est obligatoire mais ce sont quasiment les seuls. Alors pour l’assurance Vie, …
Donc voilà, pourquoi moi je me positionne d’abord en tant que courtier. Je veux être celui qui va aller chercher ce client et lui apporter ce qui lui sera bien et nécessaire.
Les compagnies d’assurances de Côte d’Ivoire fonctionnent principalement grâce aux intermédiaires d’assurances, dont font partie plus de 200 agents d’assurances et plus de 70 courtiers. Aujourd’hui le nombre de compagnie a évolué. Comment allez-vous pouvoir vous imposer sur le marché ?
Le rôle premier des compagnies d’assurances s’est d’assurer le risque. Elles ne sont donc pas forcément par essence commerciales. Mais les compagnies de courtage en assurance dont je fais parti, nous, notre rôle est éminemment commercial. Notre base de rémunération en tant qu’intermédiaire est liée en amont à du commercial : aller chercher, capter des clients et venir les confier aux assureurs tout en gardant pour objectif tout le long de défendre les intérêts de notre client.
Pour moi, les compagnies doivent sortir de ce modèle qui est de toujours avoir un réseau qui par ailleurs est souvent targué de fourbe par les clients et qui in fine pèse sur l’équilibre financier des compagnies d’assurance.
Nous souhaitons apporter notre professionnalisme et notre expertise dans le domaine des assurances. Nous ne nous positionnons pas comme des techniciens des assurances, mais comme une ressource qui connaît son client et ses besoins et nous voulons les défendre. Nous avons été en dedans et en dehors, nous connaissons les 02 mondes. De plus, nous avons pour objectif avec nos partenaires assureurs de pouvoir dessiner des produits plus adéquats et apportant ainsi une valeur ajoutée aux produits historiques et conventionnels. Nous avons la volonté d’agir sur notre environnement social et tirer notre secteur vers le haut en embauchant, partageant et formant des jeunes diplômés locaux ivoiriens afin d’asseoir des valeurs fortes qui nous permettront à tous, de devenir des modèles pour la Côte d’Ivoire.
Nous avons une vision claire et des valeurs fortes et invariables à partir desquelles nous pourrons nous installer dans la durée et ainsi nous démarquer loyalement de nos concurrents.
Monsieur Cheick Oumar Dosso, quel est le distinguo entre une société d’assurance et une société de courtage en assurance ?
Une société d’assurance est celle qui modélise, analyse les risques auxquels l’individu ou l’entité pourrait être confronté afin de lui proposer un support qui serait le mieux adapté pour absorber ce risque lors de sa survenance.
À distinguer de la société de courtage en assurance qui est une entreprise commerciale d’intermédiation. Pour imager, c’est comme avoir une chaine où à un bout il y a le client avec un besoin à identifier précisément et à adresser, et à l’autre bout l’assureur, le technicien, celui qui gère les risques. Nous, nous positionnons au milieu, notre rôle est de créer le lien qui unisse les deux bouts de la chaîne.
Voilà la différence !
Plusieurs sont les voix qui disent que la communication autour du marché boursier et des entreprises spécialisées dans l’assurance est en défaillance. Quel regard portez-vous sur cette observation ?
Je ne peux pas donner mon avis sur le marché boursier. Je n’en suis pas expert même si ce sont des mondes qui se côtoient énormément. Mais je peux m’exercer à répondre sur l’assurance.
Il y a vraiment une non-concordance de base dans le domaine de l’assurance entre l’offre et la demande. Du coup, on identifie aisément que la communication n’est pas parfaite. Mon expérience m’a montré que les acteurs ont des langages différents. C’est d’ailleurs la raison d’exister du courtier en assurance. Il faut donc se mettre dans la peau du client en analysant tous les contours liés à son problème. Il faut pouvoir se mettre à sa place, lui expliquer tous les éléments, risques qui sous-tendent nos actions et offres afin qu’il les comprenne. Ce n’est qu’à partir de ce moment, qu’une communication peut s’installer.
Nous devons complètement formater et changer nos modèles. Sur le plan commercial qui est mon positionnement, à mon humble avis, nous devons être plus professionnel, plus proche de nos clients, faire diligence dans le traitement et le règlement des sinistres, faire confiance aux intermédiaires et travailler à assainir la relation entre client-assureur, courtier-assureur, client-courtier-assureur, être plus rigoureux et exigeants envers les collaborateurs, œuvrer au niveau de nos états pour mettre en place des législations propices à un secteur sain, …, la liste préalable à exécuter et actions à mettre en œuvre est longue. Il faut que le message du secteur des assurances soit bien perçu par les émetteurs et récepteurs et vice versa.
De plus en plus de jeunes s’intéressent à l’entreprenariat. Pensez-vous que la jeunesse ivoirienne est bien partie ?
Oui, je le pense. Toutefois, cela dépend du regard que l’on porte à la question. Aujourd’hui, premier message positif et primordial à mon sens, je perçois un dynamisme certain chez la nouvelle classe ivoirienne à vouloir sortir du schéma classique d’être fonctionnaire. De plus en plus, ils disent et souvent à l’extrême : « je ne veux pas être fonctionnaire comme Papa donc je veux monter mon propre projet ». C’est déjà le premier niveau de l’esprit d’entreprenariat. La base est donc là et c’est une base forte si l’on observe notre pyramide des âges. En plus, nous avons des écoles de formation de qualité exemple l’INHPB, l’ESSEC sans compter les grandes écoles qui s’installent de plus en plus comme HEC, MDE, BEM, etc. Pour moi, tous les ingrédients sont présents pour que dans dix ans, nous ayons pleins de modèles à valoriser.
De plus, l’Etat ivoirien via ses différentes initiatives telles que le FSPME, AEJ, etc., a pour ambition de créer le cadre nécessaire à l’émergence de leaders, champions nationaux qui seront les modèles de nos jeunes.
Oui les bases et les fondamentaux sont présents. Maintenant pour paraphraser un de mes aînés et ne pas le citer Gilles ATAYI : « de notre position individuelle, nous nous devons de faire notre part ».
À n’en point douter, je suis très optimiste pour l’Afrique et pour la Côte d’Ivoire en particulier.
KALA Assurances existe depuis octobre 2020, ce qui prouve que vous êtes encore jeune. Alors est-ce que vous arrivez à joindre les bouts malgré les difficultés liées au domaine ?
Je le répète, il n’y a aucune coïncidence dans la vie. J’ai quitté Henner (cette multinationale française) et j’ai créé KALA Assurances.
Pourquoi ? Parce que je réfléchissais déjà à un modèle à mettre en place pour insuffler une dynamique propre en Afrique. Autour du mois de juin 2020, j’ai commencé les démarches pour la création. Il est vrai que KALA Assurances est une jeune entreprise, mais elle n’est jeune que dans la matérialisation effective du projet finalement. KALA Assurances capitalise sur toute l’expérience acquise tout au long de mon parcours professionnel et personnel dans les divers domaines, mais aussi dans celui de l’assurance.
La période du Covid-19 et ses conséquences ont permis de tester notre résilience. Les démarches administratives ont pris plus de temps induisant inévitablement du retard dans l’exécution de notre plan d’affaire, des risques de report de contrats, des tensions de trésorerie, etc. Mais nous avons dû être agiles et nous réorganiser pour nous adapter au nouvel environnement. Cela n’a pas été aisé.
Pour finir, je dirai qu’on s’en est plutôt bien sorti.
Monsieur le directeur général, en tant qu’expert en matière d’assurance, quelles sont selon vous les difficultés liées à ce domaine ?
En ce qui concerne les difficultés, je parlerai plus de mon secteur d’aujourd’hui, le courtage en assurance. Tout de suite sur le sujet, je pense au capital humain. Selon moi, c’est l’input le plus important à savoir recruter et conserver des collaborateurs qualifiés. Le second challenge, serait l’environnement culturel et toutes nos croyances qui rendent ardus l’exercice de ce métier et notamment la vente de produit d’assurance. Et pour une nouvelle entité partie de zéro mais voulant s’imposer certains standards, le risque de tension de trésorerie.
Mais je pense quand même que tous ces éléments ne sont pas insurmontables et si nous sommes agiles, nous pouvons les transformer en opportunité.
L’année 2020 vient de prendre fin. Quel souvenir gardez-vous d’elle avec la crise sanitaire mondiale liée au Covid-19 ?
2020 été, une année, difficiles, mais avec de grands enseignements pour l’humanité. Le fait d’avoir un coup d’arrêt dans plusieurs endroits du monde et dans tous les domaines a tout de même véhiculé un message fort au monde : il faut revoir le modèle existant de consommation à outrance.
L’Afrique, au-delà de ce qui était projeté a pu traverser cette crise au regard du nombre de cas qui a été maîtrisé, l’environnement social qui a vu la résurgence de l’entraide familiale et autres, et les entreprises qui ont su faire montre de résilience et continuer d’exister. Nous sommes donc robustes et nous pouvons faire mieux que cela.
C’est ce que je retiens de cette année 2020.
Quels sont vos objectifs pour 2021 ?
Mes objectifs pour 2021 sont à plusieurs niveaux.
Déjà finaliser la mise en place de KALA Assurances Côte d’Ivoire (recruter et former les équipes, structurer et organiser l’activité, …). Positionner la marque KALA Assurances dans le monde des courtiers et des assureurs et même au-delà de sorte à ce que notre cible, les ivoiriens, sachent que nous existons et nous fasse confiance.
J’espère qu’au soir de l’année 2021, mon équipe et moi pourrons dire « les gars, nous avons fait un gros travail, nous pouvons être fier de nous ».
Maintenant à un autre niveau, l’objectif 2021 est de démarrer la création et l’installation des filiales KALA Assurances Guinée et KALA Assurances Burkina Faso.
Votre mot de fin ?
En définitif, je demande aux acteurs ivoiriens de nous faire confiance et nous donner notre chance. Par l’action de nos 03 valeurs : énergie, altruisme et leadership Africain, votre confiance sera notre réussite commune.
La rédaction Aprnews