Le Burkina Faso cherche à lever 100 milliards FCFA (165 millions $) sur le marché financier régional de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) par le biais de deux émissions obligataires.
Depuis le 24 octobre jusqu’au 14 novembre 2024, le Trésor public burkinabè proposera des obligations à des taux fixes de 6,50% et 6,80%, avec des maturités respectives de 5 et 8 ans. Les fonds récoltés à l’issue de l’opération, qui a été approuvée par le ministère de l’Economie et des Finances, devraient servir à financer des investissements inscrits au budget de l’Etat pour l’année 2024, indique le gouvernement.
Cette émission se divise en deux tranches : une première d’un montant de 60 milliards FCFA, à maturité de 5 ans avec un différé de deux ans ; la seconde tranche concerne un montant de 40 milliards FCFA avec une maturité de 8 ans et trois années de différé. L’émission obligataire, qui aura lieu sur le compartiment syndication (distincte de l’adjudication gérée par Umoa-Titres), est coordonnée par Coris Bourse, agissant en tant qu’arrangeur et chef de file du syndicat de placement qui comprend plusieurs sociétés de gestion et d’intermédiation (SGI) de l’UEMOA. BIBE Finance & Securities (BFS) est, quant à elle, co-chef de file.
Le besoin de financement du Burkina Faso, qui s’élève à 4,9 % du PIB en 2024, justifie ce recours aux marchés financiers, selon les autorités du pays. D’après les perspectives, la croissance économique devrait s’accélérer à 5 % en 2024 contre 3,6 % en 2023, malgré un environnement politique et sécuritaire tendu. L’Etat burkinabè cherche ainsi à mobiliser des ressources pour soutenir son programme d’investissements publics, notamment dans les infrastructures et les services de base, alors qu’il continue à faire face aux défis liés à la sécurité intérieure. L’encours de la dette publique du Burkina Faso s’élevait à 7313 milliards FCFA au 30 juin 2024, représentant 62,4% du PIB, inférieur aux 70%, selon les standards régionaux, mais elle a fortement augmenté ces dernières années.
Les précédentes émissions du Trésor burkinabè ont connu un succès notable sur le marché régional via des opérations par syndication, régulées par l’AMF-UMOA. Entre 2003 et septembre 2024, le Burkina Faso a levé pas moins de 2083 milliards FCFA. La dernière émission sur ce compartiment de marché remonte à mai 2024, où, à la recherche de 120 milliards FCFA, le pays a réussi à mobiliser près de 130 milliards FCFA sur des maturités de 5 à 7 ans, avec des taux d’intérêt compris entre 6,30% et 6,55%, malgré le durcissement des conditions du marché.
Sur le compartiment des titres publics émis par adjudication, un segment réservé aux Etats pour financer leur dette, le Burkina Faso a déjà levé cette année 662 milliards FCFA. Ses dernières émissions ont affiché des rendements de 8,63% sur 5 ans et de 8,17% sur 7 ans, largement supérieurs aux taux proposés pour l’opération actuelle. Les deux obligations seront cotées sur la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) et les remboursements, prévus avec des différés de 2 et 3 ans, se feront semestriellement, en intégrant le versement du coupon et une part du capital à chaque échéance.