Les actifs de la finance islamique ont atteint 13 milliards $ en Afrique subsaharienne en 2023 contre 12 milliards $ en 2022, enregistrant une augmentation de 8% d’une année à l’autre, selon un rapport publié en novembre dernier par la Société islamique pour le développement du secteur privé (ICD) et LSEG Data & Analytics (ex-Refinitiv), un fournisseur américano-britannique de données et d’infrastructures sur les marchés financiers.
Intitulé « Islamic finance development report 2024 : From niche to norm », le document précise que la part de la région, qui comporte 170 institutions financières islamiques, dans le total des actifs de la finance islamique recensés à l’échelle mondiale se limite à 0,26%.
Les sukuks (obligations islamiques) représentent 38,4% des actifs de la finance conforme aux préceptes de l’Islam recensés au sud du Sahara, soit 5 milliards $. Les banques islamiques opérant dans la région disposent de 4 milliards $ d’actifs contre 3 milliards pour les fonds d’investissement « charia compliant ».
Le reste est réparti entre les compagnies d’assurances takaful et d’autres catégories d’institutions financières islamiques comme les sociétés spécialisées dans la microfinance, les compagnies de leasing, les fintech et les sociétés de courtage.
Un seul pays africain figure dans le top 15 des marchés où le secteur de la finance halal est le plus développé. Il s’agit du Nigeria où les actifs de la finance islamique sont estimés à près de 4 milliards de dollars. Ce pays d’Afrique de l’Ouest, où 53% de la population est de confession musulmane, doit notamment son rang à la forte augmentation du nombre de sukuk souverains (obligations islamiques émises par l’Etat) et corporate (obligations islamiques émises par des entreprises).
De plus en plus de pays africains ont cependant fait leur entrée sur certains segments du marché, durant l’année écoulée. L’Ouganda et le Malawi ont lancé leurs premières banques islamiques (Salaam Bank et FDH Bank Salama), tandis que la Tanzanie a enregistré la naissance de sa première compagnie d’assurance takaful (ZIC takaful). Au Kenya, un premier sukuk a été émis en septembre 2023 par la société de promotion immobilière Linzi Finco Trust.
Les pays du Moyen-Orient dominent le marché
Le rapport souligne que les actifs de la finance islamique à l’échelle mondiale ont atteint 4900 milliards de dollars à fin 2023, en hausse de 11% par rapport à 2022. Ces actifs, qui ont presque doublé depuis 2017, devraient continuer à croître durant les années à venir pour s’établir à 7528 milliards de dollars en 2028.
La République islamique d’Iran se maintient en tête du classement des pays où les actifs de la finance halal étaient les plus élevés durant l’année écoulée (1676 milliards de dollars), devant l’Arabie saoudite (113 milliards), la Malaisie (682 milliards), les Emirats arabes unis (371 milliards), le Koweït (198 milliards) et l’Indonésie (162 milliards).
La répartition des actifs de la finance islamique par région révèle que les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Oman, Koweït, Bahreïn, Emirats arabes unis et Qatar) concentrent 41% de ces actifs, devant les autres pays de la région Moyen-Orient & Afrique du Nord (36%), l’Asie du Sud-Est (17%), l’Europe (3%), l’Asie du Sud (2%), l’Afrique subsaharienne (0,26%) et les Amériques (0,21%).
La ventilation des actifs de la finance islamique à l’échelle mondiale par branche d’activité fait par ailleurs ressortir que les banques compatibles avec la charia accaparent 73% du total de ces actifs (3569 milliards de dollars). Les sukuk occupent la deuxième marche du podium avec une part de 18% du total des actifs (863 milliards de dollars), devant les fonds d’investissement islamiques (254 milliards), les autres institutions financières islamiques comme les établissements de microfinance, les fintech et les sociétés de leasing (153 milliards) et les compagnies d’assurances takaful (86 milliards).
Ave Agence ecofin