La pauvreté vécue s’aggrave en Afrique. Selon le dernier rapport d’Afrobarometer (2021-2023), 24% des Africains vivent aujourd’hui dans une pauvreté sévère, le niveau le plus élevé enregistré depuis 1999. Une situation inquiétante qui remet en cause les progrès des décennies précédentes.
Un recul inquiétant après des années de progrès
Jusqu’en 2015, l’Afrique semblait sur la bonne voie. La croissance économique et le développement des infrastructures avaient permis une réduction progressive de la pauvreté. Mais les tendances récentes sont alarmantes.
Afrobarometer, qui a interrogé plus de 53 000 Africains dans 39 pays, montre une nette dégradation des conditions de vie. 81% des personnes interrogées déclarent avoir manqué d’argent au moins une fois dans l’année. Plus de 66% ont été privés de soins médicaux, et 59% ont souffert de la faim.
« La pauvreté vécue a atteint son niveau moyen le plus élevé depuis 25 ans », avertit le rapport.
Pourquoi la pauvreté s’aggrave ?
Plusieurs facteurs expliquent cette détérioration.
L’inflation et la stagnation économique : Depuis le milieu des années 2010, la croissance africaine a ralenti. La flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie a réduit le pouvoir d’achat des ménages.
Les crises successives : La pandémie de COVID-19 a fragilisé les économies, et l’invasion de l’Ukraine a aggravé la situation en perturbant les importations de céréales.
Les effets du changement climatique : Sécheresses et inondations compromettent la production agricole et aggravent l’insécurité alimentaire.
La corruption et la mauvaise gouvernance : Dans plusieurs pays, les ressources publiques sont mal utilisées, limitant l’impact des politiques sociales.
Des disparités selon les pays
Si l’ensemble du continent est touché, certaines nations souffrent plus que d’autres.
Entre 2019 et 2023, 21 des 34 pays étudiés ont vu leur niveau de pauvreté vécue sévère augmenter. Parmi eux, le Nigeria, la Namibie, le Mali, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud figurent parmi les plus affectés.
À l’inverse, quelques pays comme le Libéria, le Burkina Faso et le Maroc ont réussi à stabiliser, voire réduire, la pauvreté vécue.
Que faire face à cette crise ?
Les recommandations sont claires : des politiques publiques fortes et adaptées sont nécessaires pour inverser la tendance.
Les gouvernements africains doivent :
- Investir massivement dans les filets sociaux, pour protéger les populations les plus vulnérables.
- Lutter contre la corruption, afin d’assurer une meilleure répartition des richesses.
- Soutenir le secteur agricole, en renforçant la résilience face aux changements climatiques.
Mais ces efforts ne suffiront pas sans une coopération internationale accrue. Les institutions financières et les pays partenaires de l’Afrique doivent accompagner ces réformes avec des financements et des programmes de développement ciblés.
L’Afrique est à un tournant. Le continent doit agir vite pour éviter une aggravation de la crise sociale. L’heure est à l’action, et non plus au constat. Le rapport d’Afrobarometer sonne comme un avertissement : sans changements majeurs, des millions d’Africains risquent de basculer dans une précarité encore plus grande.