Le secteur énergétique africain s’apprête à connaître une nouvelle ère avec le lancement imminent de la Africa Energy Bank (AEB), une institution phare qui ambitionne de financer des projets pétroliers et gaziers sur le continent. Ce projet, fruit d’une collaboration entre la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) et l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO), intervient dans un contexte de retrait progressif des investisseurs internationaux des projets liés aux combustibles fossiles en Afrique. Ces derniers évoquent notamment les préoccupations environnementales comme principales raisons de ce désengagement.
L’AEB, qui débutera ses activités au premier trimestre 2025, est dotée d’un capital initial de 5 milliards de dollars (3 133 milliards FCFA) et a pour objectif d’atteindre une base d’actifs de 120 milliards de dollars (75 211 milliards FCFA) dans les prochaines années. Le siège de l’institution sera établi à Abuja, au Nigeria, renforçant ainsi le rôle stratégique de ce pays dans l’écosystème énergétique de l’Afrique.
Le financement de l’AEB repose principalement sur les contributions des États membres de l’APPO, qui sont appelés à verser 83 millions de dollars (52 milliards FCFA) chacun. Des discussions sont également en cours pour intégrer des pays non membres de l’APPO, comme l’Afrique du Sud, qui ont exprimé leur volonté de soutenir cette initiative.
Cependant, la création de cette banque intervient dans un contexte mondial où de nombreuses institutions financières, notamment les banques internationales et les fonds d’investissement, se retirent progressivement du financement des énergies fossiles. Ce désengagement est principalement motivé par les enjeux climatiques mondiaux et les efforts de transition énergétique. Face à ce retrait, les pays producteurs d’hydrocarbures en Afrique estiment qu’il est désormais impératif de disposer d’une institution dédiée pour soutenir le développement de leurs ressources naturelles, cruciales pour leur économie et la réduction de la pauvreté. En effet, ces ressources sont perçues comme un levier essentiel pour l’industrialisation du continent.
Mais l’AEB ne fait pas l’unanimité. Certains experts s’interrogent sur sa capacité à mobiliser suffisamment de fonds pour répondre aux besoins colossaux de financement dans le secteur énergétique africain. De plus, la concentration sur les hydrocarbures soulève des interrogations sur la compatibilité avec les objectifs mondiaux de lutte contre le changement climatique et de transition énergétique. Peut-on véritablement soutenir des projets pétroliers et gaziers tout en respectant les engagements environnementaux mondiaux ?
Malgré ces préoccupations, les promoteurs de l’AEB soutiennent que l’exploitation responsable des hydrocarbures reste indispensable pour garantir l’accès à l’énergie à des millions d’Africains. La banque défend également que l’Afrique, dont la contribution aux émissions mondiales de gaz à effet de serre est marginale, doit pouvoir utiliser ses ressources naturelles pour favoriser son développement économique. Tout en maintenant cet objectif, les dirigeants de l’AEB promettent de s’engager simultanément dans des projets de transition vers des sources d’énergie plus durables.
Alors que l’AEB se prépare à entrer dans la phase active de ses opérations, l’Afrique reste en veille, observant attentivement si cette initiative saura s’imposer comme une véritable réponse à ses défis énergétiques tout en naviguant prudemment entre le développement des ressources fossiles et les exigences de durabilité. Reste à savoir si la banque pourra non seulement attirer les investisseurs, mais aussi concilier développement économique et enjeux climatiques pour assurer un avenir énergétique viable pour le continent.
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