Après plusieurs années de récession dues à la chute des prix du pétrole et à une inflation galopante, l’Angola semble amorcer un redressement économique en 2024. La croissance du PIB a atteint 3,8%, dépassant les prévisions initiales du gouvernement. Ce rebond est principalement porté par l’augmentation des exportations pétrolières, mais aussi par des signaux positifs dans certains secteurs non pétroliers, tels que l’agriculture (+4,2%) et le BTP (+3,5%). Toutefois, cette reprise reste fragile, freinée par un endettement toujours préoccupant et une inflation persistante.
Une dette moins écrasante, mais toujours risquée
L’Angola a vu son ratio dette/PIB passer de 90% en 2022 à 75% en 2024, grâce à la croissance économique et à des excédents budgétaires partiels. Toutefois, cette amélioration ne signifie pas que le pays est à l’abri des pressions financières. Une grande partie de la dette angolaise étant libellée en dollars, la dépréciation du kwanza complique son remboursement. De plus, les efforts d’assainissement budgétaire ont ralenti, notamment en raison de l’augmentation des dépenses d’investissement et du retard dans la réforme des subventions aux carburants.
Le gouvernement, engagé dans un programme avec le FMI, fait face à un dilemme : réduire son endettement tout en finançant les infrastructures nécessaires à la diversification de l’économie. Mais la marge de manœuvre budgétaire reste limitée, d’autant que les revenus pétroliers, bien que repartis à la hausse, demeurent volatils.
Une inflation persistante malgré les mesures de la banque centrale
L’inflation, alimentée par la dépréciation du kwanza et la hausse des prix alimentaires, reste un défi majeur. En juillet 2024, elle atteignait 18,5%, un niveau qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages. Pour tenter de freiner cette spirale inflationniste, la banque centrale a relevé son taux directeur de 150 points de base, le portant à 19%.Cependant, cette politique monétaire restrictive a des effets secondaires préoccupants. En renchérissant le coût du crédit, elle freine les investissements privés et limite la croissance des secteurs non pétroliers. Si cette situation perdure, elle pourrait compromettre les efforts de diversification économique et renforcer la dépendance du pays aux revenus pétroliers.
Des perspectives incertaines pour 2025
Pour 2025, la croissance est attendue à 3%, mais des risques persistent. L’Angola reste très vulnérable aux fluctuations des prix du pétrole, et sa forte dette extérieure pourrait restreindre ses dépenses de développement, notamment dans les infrastructures. En outre, les tensions sur le taux de change et la faiblesse de l’épargne nationale compliquent l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers.
Face à ces défis, le FMI exhorte Luanda à accélérer les réformes structurelles. « Il est essentiel de rationaliser les investissements publics et d’améliorer l’efficacité des dépenses pour renforcer la stabilité financière », souligne le Conseil d’administration du Fonds.
L’Angola devra également renforcer son système financier et améliorer sa gouvernance pour attirer des investissements directs étrangers dans des secteurs non pétroliers, comme l’industrie manufacturière ou les énergies renouvelables. À l’approche de l’échéance électorale de 2027, le gouvernement devra arbitrer entre réformes économiques nécessaires et pressions sociales.
La suppression progressive des subventions aux carburants, par exemple, pourrait entraîner une contestation populaire et peser sur la stabilité politique. L’avenir économique de l’Angola dépendra donc en grande partie de sa capacité à mettre en œuvre ces réformes tout en maintenant un climat social apaisé.