Burkina Faso : Un investissement de 20,7 millions de dollars pour moderniser l’irrigation agricole

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Des équipements agricoles pour plus de 13 milliards FCFA en route pour le Burkina Faso
Des équipements agricoles pour plus de 13 milliards FCFA en route pour le Burkina Faso

Le Burkina Faso engage plus de 20,7 millions de dollars (13 milliards FCFA) dans l’acquisition d’équipements modernes pour renforcer son agriculture irriguée. Ce programme ambitieux vise à accélérer l’aménagement des terres et améliorer la gestion de l’eau, dans un pays où la production agricole reste fortement tributaire des précipitations.

Une réponse aux défis structurels de l’agriculture burkinabè

L’agriculture représente environ 30% du PIB du Burkina Faso et fait vivre près de 80% de la population, selon la Banque mondiale. Pourtant, elle demeure vulnérable aux aléas climatiques, avec une dépendance marquée aux saisons des pluies. Face aux sécheresses récurrentes et aux effets du changement climatique, le gouvernement mise sur une modernisation des infrastructures hydro-agricoles.

C’est dans cette optique qu’un important lot de matériel a été acquis pour l’Office national des barrages et des aménagements hydro-agricoles (ONBAH) et la Société nationale de l’aménagement des terres et de l’équipement rural (SONATER). Il comprend notamment des niveleuses, pelles hydrauliques, bulldozers, compacteurs et autres engins de terrassement, indispensables à la réhabilitation et à la construction de barrages. Parmi les projets prioritaires figure le chantier de Heredougou, un site clé pour l’expansion des périmètres irrigués.

Une opération stratégique au Ghana pour assurer la livraison

Le 20 février 2025, le ministre d’État, ministre de l’Agriculture, des Ressources animales et halieutiques, le Commandant Ismaël Sombié, s’est rendu au port de Tema, au Ghana, afin de superviser l’arrivée et la réception de ces équipements. Accompagné de l’ambassadeur du Burkina Faso au Ghana et de responsables des structures concernées, il a insisté sur l’urgence de déployer rapidement ce matériel sur le terrain.

« Avec ces équipements, l’ONBAH et la SONATER seront mieux armés pour répondre aux défis de l’aménagement hydro-agricole et permettre aux agriculteurs de produire toute l’année », a déclaré le ministre.

Si cette acquisition marque une avancée importante, plusieurs défis restent à relever. Le Burkina Faso a-t-il les ressources humaines et techniques pour assurer une gestion optimale et un entretien efficace de ces équipements sur le long terme ? Le financement de 13 milliards de FCFA est significatif, mais suffira-t-il à couvrir l’ensemble des besoins d’infrastructure agricole du pays ?

Un investissement à fort enjeu économique et social

L’amélioration des infrastructures hydro-agricoles s’inscrit dans les objectifs du gouvernement, notamment à travers l’Offensive agropastorale et halieutique 2023-2025. Cette stratégie vise à réduire la dépendance aux importations alimentaires, améliorer la sécurité alimentaire et stabiliser les revenus des agriculteurs.

En 2024, l’inflation au Burkina Faso était estimée à environ 6 %, aggravant le coût de la vie et affectant les populations rurales. Dans ce contexte, investir dans des équipements permettant une agriculture plus productive et moins vulnérable aux caprices climatiques constitue une réponse économique pertinente. Cependant, le défi sera d’assurer une utilisation efficace de ces ressources et d’éviter que ces machines ne restent inutilisées faute de moyens logistiques et organisationnels.

Vers une transformation durable du secteur agricole ?

Avec cet investissement, le Burkina Faso amorce une transformation majeure de son agriculture. Toutefois, les infrastructures seules ne suffisent pas. Pour que cet effort porte ses fruits, il faudra également former les exploitants, assurer une maintenance rigoureuse du matériel et mettre en place des mécanismes de suivi et d’évaluation des projets d’irrigation.

L’enjeu est de taille : faire de l’agriculture irriguée non plus une alternative ponctuelle, mais un pilier central de la sécurité alimentaire du pays. Seule une approche intégrée, combinant équipement, formation et gestion durable de l’eau, garantira que cet investissement tienne toutes ses promesses.

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