
En 2024, la demande d’électricité en Afrique du Sud a continué de décroître, un phénomène qui s’explique en grande partie par l’ascension des énergies renouvelables, notamment les installations solaires privées. La demande de pointe a ainsi diminué de 1%, s’établissant à 33,5 GW, tandis que la demande totale a chuté de 3%, à 219,6 TWh. Cette tendance est le reflet de la croissance des systèmes solaires photovoltaïques installés par des entreprises et des particuliers, une réponse directe aux coupures de courant fréquentes dans le pays.
La croissance des installations solaires privées, en particulier pendant la crise des délestages qui a touché l’Afrique du Sud en 2023, a joué un rôle essentiel dans cette réduction de la demande. Eskom a estimé qu’en septembre 2024, plus de 6 GW de panneaux solaires avaient été installés, ce qui a permis de compenser partiellement la baisse de production des centrales publiques.
Bien que le Conseil pour la Recherche Scientifique et Industrielle (CSIR) ne suive pas directement la production de ces générateurs privés, le directeur du Centre énergétique du CSIR, le Dr Thabo Hlalele, a souligné que cette évolution était visible à travers la baisse de la charge résiduelle, une dynamique révélatrice de l’impact de l’intégration des générateurs privés dans le système énergétique national.
Parallèlement à cette baisse de la demande, l’Afrique du Sud a également connu une forte augmentation des tarifs de l’électricité. Depuis 2014, les prix ont bondi de 190%, un rythme bien supérieur à celui de l’inflation qui a avoisiné les 5% en moyenne sur la même période. Le tarif moyen de l’électricité devrait encore augmenter de 12,74% en avril 2025, atteignant 195,93 c/kWh, contre 117,50 c/kWh en 2014. Ce prix reste bien plus élevé que celui des énergies renouvelables, dont le coût, notamment pour le solaire photovoltaïque et l’éolien, se situe entre 50 c/kWh et 60 c/kWh, offrant ainsi une alternative moins coûteuse aux consommateurs.

Ce contexte d’augmentation des tarifs a un impact sur l’accessibilité de l’énergie pour les citoyens sud-africains, soulevant des interrogations sur l’équité du système énergétique à mesure que la pression sur les ménages augmente. Néanmoins, l’essor des installations solaires privées pourrait offrir une solution durable pour les foyers et les entreprises, réduisant leur dépendance au réseau national.
En termes d’impact sur les délestages, la situation s’est nettement améliorée. En 2024, le nombre d’heures de coupures d’électricité a drastiquement diminué, passant de 6 948 heures en 2023 à 1 656 heures. Cette réduction a été accompagnée d’une baisse significative du coût des délestages, qui est passé de 2 900 milliards de rands (160,3 milliards de dollars) en 2023 à 481 milliards de rands (26,6 milliards de dollars) en 2024. Cette amélioration est également attribuée à une meilleure performance de la flotte d’Eskom, avec un facteur de disponibilité énergétique qui a atteint 60% en 2024, contre 55% l’année précédente. Cette dynamique a permis de réduire la dépendance aux centrales thermiques coûteuses, notamment les turbines à gaz, dont la production a chuté de 48%, contribuant à une gestion plus efficace des ressources énergétiques du pays.
Ainsi, bien que la situation énergétique en Afrique du Sud continue de poser des défis, l’ascension des énergies solaires et l’amélioration de l’efficacité du parc de production d’Eskom offrent des perspectives positives pour l’avenir. Cependant, la question des tarifs reste centrale, avec des implications sur la viabilité économique et sociale de l’accès à l’énergie dans le pays.