Côte d’Ivoire / Investissements promis pour le Denguélé : Une région à la croisée des chemins du développement

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Côte d'Ivoire / Investissements promis pour le Denguélé : Une région à la croisée des chemins du développement
Côte d'Ivoire / Investissements promis pour le Denguélé : Une région à la croisée des chemins du développement

Le Denguélé, longtemps marginalisé dans le paysage économique de la Côte d’Ivoire, est en passe de devenir un nouveau pôle stratégique pour les investisseurs. Du 25 au 27 avril 2025, Odienné, le chef-lieu de ce district autonome situé au nord-ouest du pays, a accueilli le Forum « Invest In Denguélé », un événement majeur destiné à attirer les investissements dans cette région riche en potentialités mais longtemps laissée pour compte.

Sous le patronage du Premier ministre Robert Beugré Mambé, en partenariat avec le ministre-gouverneur Gaoussou Touré et le Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI), ce forum a mis en lumière l’ambition de faire du Denguélé un moteur de développement durable. Le thème du forum, « Ensemble, faisons du Denguélé un pôle de développement durable et intégré », reflète l’objectif global de cette rencontre : faire passer la région d’un état de sous-développement à une phase d’intégration dynamique dans les circuits économiques nationaux et internationaux.

Des intentions d’investissements ambitieuses

Le principal succès du forum réside dans l’ampleur des intentions d’investissements annoncées, atteignant un total de 559,7 milliards FCFA (972,8 millions de dollars). Bien qu’il s’agisse d’intentions et non d’engagements fermes, ces promesses illustrent un intérêt croissant pour cette région longtemps perçue comme une zone marginale.

La part la plus importante de ces investissements concerne les infrastructures et la logistique, avec 552,75 milliards FCFA (960,8 millions de dollars) alloués à ces secteurs stratégiques. Ce choix témoigne de la volonté de surmonter l’enclavement du Denguélé, une région où le manque d’infrastructures routières, énergétiques et de stockage limite encore son potentiel économique. En investissant massivement dans ce domaine, les autorités espèrent rendre la région plus accessible aux industries et aux investisseurs, tout en facilitant le commerce régional et international.

L’agro-industrie : un secteur à fort potentiel

En parallèle, l’agro-industrie attire également l’attention des investisseurs, avec des promesses d’investissement de 7 milliards FCFA. Bien que ce montant soit modeste comparé à celui des infrastructures, il reflète l’importance croissante accordée à ce secteur dans une région où l’agriculture, bien qu’encore sous-exploitée, reste un secteur clé. Le Denguélé, avec ses vastes étendues de terres cultivables, a un potentiel considérable pour des cultures comme le riz, l’anacarde ou le coton, qui pourraient à terme soutenir une transformation locale plus structurée.

Pourtant, l’agro-industrie demeure un secteur complexe à développer, nécessitant des investissements dans la mécanisation, la formation des producteurs et la création de filières adaptées. Si ces conditions sont réunies, l’agro-industrie pourrait devenir l’un des moteurs du développement régional, générant non seulement des revenus, mais aussi des emplois durables.

Une mobilisation internationale qui atteste de l’attractivité du Denguélé

Le Forum a attiré plus de 1 150 participants venant de divers horizons. Des délégations en provenance de pays voisins comme le Mali, le Burkina Faso, la Guinée, ainsi que de pays comme la Tunisie, la Turquie et l’Inde, ont témoigné de l’intérêt croissant pour cette région de l’Afrique de l’Ouest. Cette diversité géographique illustre la place stratégique du Denguélé dans la dynamique régionale, ainsi que le rôle essentiel de la Côte d’Ivoire en tant que porte d’entrée vers l’Afrique de l’Ouest.

La présence de ces investisseurs étrangers renforce l’idée que le Denguélé pourrait devenir un centre d’attraction pour les capitaux étrangers, particulièrement dans des secteurs comme les infrastructures et l’agro-industrie. Mais plus encore, cette mobilisation internationale est le reflet de la volonté de l’État ivoirien de diversifier les investissements, en s’éloignant des zones économiques traditionnelles comme Abidjan et ses environs.

Un mécanisme de suivi pour concrétiser les promesses

Afin de garantir la concrétisation de ces intentions d’investissements, une « Cellule de suivi » a été mise en place par le CEPICI. Cette cellule a pour mission d’accompagner les investisseurs, de faciliter les démarches administratives et de veiller à la bonne exécution des projets. Dans un pays où les forums d’investissements sont nombreux, mais où la concrétisation des promesses reste parfois un défi, ce suivi revêt une importance capitale.

Le CEPICI, en tant qu’organe de coordination, devra donc s’assurer que les engagements ne restent pas lettre morte, mais soient traduits en projets tangibles. La mise en place d’un tel mécanisme de suivi pourrait jouer un rôle déterminant pour éviter que cet élan d’investissements ne s’essouffle avant même d’avoir produit des résultats concrets.

Une région qui se réinvente

Le Denguélé semble enfin prêt à prendre son envol. Ce forum pourrait marquer un tournant dans l’histoire de cette région frontalière du Mali et de la Guinée, riche en ressources humaines, naturelles et culturelles. Mais le véritable défi reste celui de la mise en œuvre. Si les intentions d’investissements se concrétisent, elles pourraient transformer le paysage économique du Denguélé et, par ricochet, renforcer l’équilibre économique de la Côte d’Ivoire.

Toutefois, il est crucial de rester vigilant. Les promesses ne se concrétisent pas toujours, et c’est la régularité du suivi et la qualité de l’exécution des projets qui feront la différence. Le Denguélé est à un tournant décisif, et son avenir économique dépendra de la capacité des autorités à transformer ces intentions en réalisations durables et mesurables.

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