Budgets militaires en hausse partout dans le monde : l’Afrique freinée par ses défis économiques

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Budgets militaires en hausse partout dans le monde : l’Afrique freinée par ses défis économiques
Budgets militaires en hausse partout dans le monde : l’Afrique freinée par ses défis économiques

En 2024, le monde a dépensé 2 718 milliards de dollars pour ses armées, un record historique selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). Cette hausse de 9,4% par rapport à 2023 touche toutes les régions, y compris l’Afrique. Mais sur le continent, les dynamiques sont complexes. Avec 52,1 milliards de dollars dépensés, l’Afrique enregistre une augmentation modeste de 3%, loin des bonds spectaculaires observés en Europe ou au Moyen-Orient. Pourquoi cette retenue ? Et que révèle cette tendance sur les priorités africaines dans un monde en proie à l’escalade militaire ?

Une hausse modeste en Afrique

En Afrique, les dépenses militaires ont crû de 3% en 2024, atteignant 52,1 milliards de dollars. Cette augmentation, bien que notable, reste inférieure à la moyenne mondiale. Les conflits armés, comme ceux au Sahel, en Somalie ou en République démocratique du Congo, continuent de pousser certains pays à renforcer leurs armées. Par exemple, des nations comme le Nigeria ou l’Éthiopie consacrent des budgets importants à la lutte contre les insurrections et les tensions internes. Pourtant, la croissance des dépenses reste limitée par des contraintes économiques. De nombreux pays africains, plombés par la dette et la faiblesse des revenus fiscaux, peinent à suivre la course mondiale à l’armement.

Le cas du Mali illustre cette tension. Confronté à l’insécurité au Sahel, le pays a augmenté son budget militaire pour faire face aux groupes armés. Mais les ressources limitées obligent à des arbitrages douloureux : moins d’argent pour la santé ou l’éducation. Cette situation est courante sur le continent, où les gouvernements doivent jongler entre sécurité et développement.

L’Europe et le Moyen-Orient en tête

Ailleurs, la hausse des dépenses militaires est plus marquée. En Europe, les budgets ont bondi de 17%, atteignant 693 milliards de dollars. La guerre en Ukraine, entrée dans sa troisième année, explique largement cette frénésie. La Russie a dépensé 149 milliards de dollars (+38%), tandis que l’Ukraine, avec 64,7 milliards, consacre 34% de son PIB à son armée – un record mondial. L’Allemagne, avec une hausse de 28%, est devenue le plus gros dépensier d’Europe occidentale, portée par un fonds spécial de 100 milliards d’euros.

Au Moyen-Orient, les dépenses ont grimpé de 15%, à 243 milliards de dollars. Israël, en pleine guerre à Gaza et en conflit avec le Hezbollah, a vu son budget militaire exploser de 65%, atteignant 46,5 milliards de dollars. Le Liban, malgré sa crise économique, a suivi avec une hausse de 58%. Ces chiffres contrastent avec l’Afrique, où les contraintes budgétaires freinent de telles augmentations.

Une course mondiale aux armements

À l’échelle mondiale, les cinq plus gros dépensiers – États-Unis, Chine, Russie, Allemagne et Inde – accaparent 60% des budgets militaires. Les États-Unis, avec 997 milliards de dollars, dominent largement, investissant massivement dans la modernisation de leur arsenal nucléaire. La Chine, avec 314 milliards, poursuit son renforcement militaire, tandis que l’Inde (+1,6%) et le Japon (+21%) accélèrent leurs investissements face aux tensions régionales.

Cette escalade mondiale soulève des questions. En Afrique, où les besoins en infrastructures, santé et éducation sont criants, la hausse des budgets militaires peut sembler paradoxale. Pourtant, l’insécurité croissante, alimentée par les conflits internes et les menaces transnationales, pousse les gouvernements à prioriser la défense. Mais à quel prix ?

Les enjeux pour l’Afrique

La faible hausse des dépenses militaires en Afrique ne signifie pas une absence de besoins. Les conflits au Sahel, les tensions en Afrique de l’Est et les défis liés à la piraterie maritime exigent des armées mieux équipées. Mais les ressources manquent. Contrairement à l’Europe, où les pays de l’OTAN ont les moyens d’investir massivement, ou au Moyen-Orient, où les revenus pétroliers soutiennent certains budgets, l’Afrique doit composer avec des économies fragiles.

Cette situation pourrait aggraver les déséquilibres. En détournant des fonds vers la défense, les gouvernements risquent de négliger des secteurs clés comme l’éducation ou la lutte contre le changement climatique. À long terme, cela pourrait alimenter l’instabilité, créant un cercle vicieux où l’insécurité justifie encore plus de dépenses militaires.

Un monde sous tension

La hausse record des dépenses militaires mondiales en 2024 reflète un monde inquiet. En Europe, la guerre en Ukraine redessine les priorités. Au Moyen-Orient, les conflits régionaux attisent les tensions. En Asie, la rivalité entre grandes puissances alimente une course aux armements. L’Afrique, bien que moins engagée dans cette frénésie, n’échappe pas à la vague. Mais sur le continent, les défis économiques imposent une approche différente. Entre sécurité et développement, les choix d’aujourd’hui dessineront l’avenir de demain.

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