La Zambie fait un bond spectaculaire. Au premier trimestre 2025, sa production de cuivre grimpe de 29,9%, passant de 172 549 tonnes à 224 103 tonnes par rapport à l’année précédente. Ce métal rouge, pilier de l’économie nationale, propulse le pays vers des ambitions audacieuses. La Zambie, deuxième producteur africain derrière la République démocratique du Congo, vise désormais un million de tonnes d’ici fin 2025. Derrière ce succès, deux géants miniers, Konkola et Mopani, mènent la charge. Mais ce pari ambitieux repose sur des bases fragiles.
Le cuivre est le moteur de la Zambie. Il représente environ 70% des recettes d’exportation. Chaque tonne extraite renforce les caisses de l’État et soutient des milliers d’emplois. La hausse récente s’explique par la relance de deux mines clés. Konkola Copper Mines, reprise par le groupe indien Vedanta Resources, a retrouvé son dynamisme. Après des années de sous-performance, ses opérations s’intensifient. Mopani Copper Mines, de son côté, bénéficie de l’élan donné par International Resources Holding, son nouvel actionnaire depuis 2023. Ces deux sites, jadis en difficulté, sont redevenus des locomotives économiques.
Cette performance n’est pas un hasard. Le gouvernement zambien a misé gros sur le secteur minier. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Hakainde Hichilema en 2021, les réformes se multiplient. Les autorités ont assoupli les conditions pour les investisseurs étrangers. Elles ont aussi accéléré les négociations pour relancer les mines en difficulté. Résultat : des milliards de dollars affluent dans le secteur. Vedanta a injecté des fonds massifs pour moderniser Konkola. Mopani, quant à elle, voit ses infrastructures se transformer. Ces investissements portent leurs fruits, mais ils ne racontent qu’une partie de l’histoire.
La Zambie rêve désormais d’un million de tonnes de cuivre par an. En 2024, elle en a produit 820 670. L’objectif semble à portée de main, mais les obstacles sont nombreux. La crise énergétique freine les opérations. La sécheresse, qui a frappé l’Afrique australe, réduit la production des barrages hydroélectriques. Les mines, gourmandes en électricité, souffrent de délestages réguliers. Le gouvernement promet des solutions, comme des projets solaires et des importations d’énergie. Mais le temps presse.
Le contexte mondial ajoute une couche de complexité. La demande de cuivre explose. Ce métal est essentiel pour les batteries des véhicules électriques, les panneaux solaires et les éoliennes. Avec la transition énergétique, les prix du cuivre flirtent avec des sommets. Pour la Zambie, c’est une aubaine. Chaque tonne vendue rapporte plus. Mais la concurrence s’intensifie. La RDC, avec ses gisements gigantesques, domine le continent. D’autres pays, comme le Chili et le Pérou, attirent aussi les investisseurs. La Zambie doit se démarquer.
Les perspectives économiques s’améliorent, mais la prudence reste de mise. La hausse de la production booste les revenus. Elle renforce la monnaie locale, le kwacha, et attire les regards des marchés. Pourtant, la dépendance au cuivre est un talon d’Achille. Une chute des prix mondiaux pourrait fragiliser l’économie. Diversifier les sources de revenus reste un défi. Le tourisme et l’agriculture, bien que prometteurs, peinent à rivaliser avec le métal rouge.
La Zambie est à un tournant. Sa capacité à maintenir cette croissance dépendra de plusieurs facteurs. Les investissements doivent continuer à affluer. Les infrastructures, notamment énergétiques, doivent suivre. Et les réformes doivent rester attractives pour les partenaires étrangers. Si le pays parvient à surmonter ces défis, il pourrait non seulement atteindre son million de tonnes, mais aussi consolider sa place sur l’échiquier mondial du cuivre.
Pour l’instant, la Zambie savoure son succès. La hausse de 29,9% au premier trimestre 2025 est une victoire. Elle témoigne d’un secteur minier en pleine renaissance. Elle redonne espoir à un pays qui mise tout sur son sous-sol. Mais le chemin vers le million de tonnes est semé d’embûches. La Zambie a les cartes en main. Reste à savoir si elle saura les jouer.