Télécommunications / Starlink en RDC : une nouvelle donne pour le marché de la connectivité

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La République Démocratique du Congo (RDC) s’apprête à entrer dans l’ère de l’Internet par satellite. Starlink, le service de SpaceX fondé par Elon Musk, a obtenu une licence officielle pour opérer dans le pays. L’annonce, faite par l’Autorité de Régulation de la Poste et des Télécommunications du Congo (ARPTC), ouvre la voie à un déploiement dans un pays où seulement 22% de la population est connectée.

Une levée d’interdiction après des années de blocage

Jusqu’ici, Starlink était interdit en RDC. Les autorités craignaient que le trafic de données via des satellites étrangers ne menace la souveraineté nationale. Malgré cela, certains usagers avaient recours à des équipements importés illégalement. Le lancement de Starlink DRC S.A., une entité de droit congolais, a permis de régulariser la situation. Depuis le 2 mai 2025, l’entreprise est officiellement autorisée à proposer ses services.

Avec cette décision, la RDC rejoint une vingtaine de pays africains — dont le Nigeria, le Kenya ou le Rwanda — où Starlink est déjà opérationnel. Ce développement contraste avec les réticences observées ailleurs, comme en Afrique du Sud, où des exigences sur la propriété locale freinent le processus, ou au Cameroun, où des considérations sécuritaires bloquent l’entrée du service.

Une réponse aux défis d’infrastructure

La RDC est l’un des pays les plus vastes du continent, avec 2,3 millions de kilomètres carrés. Pourtant, les infrastructures télécoms y restent largement sous-développées, en particulier dans les zones rurales. Les opérateurs traditionnels comme Vodacom ou Orange éprouvent des difficultés à étendre leurs réseaux dans les régions les plus isolées.

C’est là que Starlink pourrait faire la différence. Grâce à sa constellation de satellites en orbite basse, l’entreprise propose une connexion haut débit — parfois au-delà de 100 Mbps — même dans les zones les moins accessibles. L’accès à Internet pourrait ainsi s’améliorer pour les étudiants, les petites entreprises ou encore les établissements de santé en milieu rural.

Un service encore trop cher pour la majorité

L’enthousiasme suscité par l’arrivée de Starlink en RDC est néanmoins tempéré par la question du coût. Sur d’autres marchés africains, le kit d’installation est vendu entre 178 et 381 dollars, auxquels s’ajoutent des abonnements mensuels variant de 10 à 50 dollars. En RDC, où le revenu annuel moyen par habitant est estimé à environ 590 dollars, ces tarifs représentent une barrière majeure pour une grande partie de la population.

Pour toucher un public plus large que les seules élites urbaines, Starlink devra adapter son offre, sous peine de voir son potentiel transformateur limité à quelques niches.

Une arrivée qui bouscule le marché

L’arrivée de Starlink pourrait aussi rebattre les cartes dans le secteur des télécoms. Dans d’autres pays, certains opérateurs ont plaidé auprès des gouvernements pour ralentir l’implantation de l’entreprise, estimant qu’elle fausse la concurrence. En RDC, l’ARPTC semble vouloir favoriser une coexistence avec les acteurs locaux, même si la manière dont cette cohabitation s’organisera reste à observer.

Un test à grande échelle

Plus qu’un simple lancement commercial, l’entrée de Starlink en RDC représente un test grandeur nature pour l’avenir d’Internet sur le continent. Une meilleure connectivité pourrait stimuler l’économie numérique, attirer des investissements et réduire les inégalités d’accès entre zones urbaines et rurales. Mais le succès de cette opération dépendra de la capacité de l’entreprise à proposer des offres accessibles et à coopérer avec les acteurs existants.

Alors que Starlink prévoit de couvrir 26 pays africains d’ici 2026, la RDC pourrait devenir un laboratoire clé. Pour ses 100 millions d’habitants, ce nouveau chapitre du numérique ne fait que commencer.

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