Aide au développement : Les États-Unis vont-ils abandonner le Fonds africain de développement ?

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Les États-Unis vont-ils abandonner le Fonds africain de développement ?
Les États-Unis vont-ils abandonner le Fonds africain de développement ?

Une rumeur agite les réseaux sociaux : l’administration Trump envisagerait de couper la contribution américaine au Fonds africain de développement (FAD), le bras concessionnel de la Banque africaine de développement (BAD). Si cette décision se concrétise, elle pourrait ébranler le financement du développement en Afrique. Que signifie ce possible retrait ? Quelles seraient ses conséquences pour les pays les plus pauvres du continent ? Décryptage.

Un pilier du développement africain

Le FAD, créé en 1972, soutient 37 pays africains à faible revenu, comme le Mali, le Niger ou l’Éthiopie. Il finance des projets cruciaux : écoles, hôpitaux, réseaux électriques, routes, ou encore des initiatives contre le changement climatique. En 2023, le FAD a mobilisé 8,9 milliards de dollars pour des projets dans ces secteurs. Les États-Unis, membres depuis 1976, jouent un rôle clé. Ils injectent environ 555 millions de dollars par an, soit 6% des ressources du fonds. Avec 6,55% des voix, ils influencent aussi les décisions stratégiques.

Une rumeur qui secoue Abidjan

À quelques semaines de l’assemblée annuelle de la BAD à Abidjan, en mai 2025, des publications sur X affirment que Donald Trump souhaite mettre fin à cette contribution. La nouvelle, bien que non confirmée officiellement, inquiète. Elle s’inscrit dans une politique plus large : sous la présidence Trump, 83% des programmes de l’USAID, l’agence américaine d’aide internationale, ont été supprimés. Des initiatives contre le paludisme ou le sida ont déjà souffert. Le FAD pourrait être la prochaine victime.

Un retrait encore incertain

Couper les fonds au FAD ne sera pas simple. Toute décision devra passer par le Sénat américain, où les débats pourraient s’éterniser. Certains sénateurs, sensibles aux enjeux géopolitiques, pourraient s’opposer à un retrait total. En 2019, une tentative similaire de réduire l’aide internationale avait été bloquée par le Congrès. Mais l’incertitude pèse déjà sur la BAD et ses partenaires.

Un choc financier pour l’Afrique

Si les États-Unis se retirent, le FAD perdrait 555 millions de dollars par an. Cela représente des milliers de projets menacés. Par exemple, des programmes d’accès à l’eau potable ou d’électrification rurale pourraient être suspendus. Les États fragiles, comme le Soudan du Sud ou la Somalie, seraient les plus touchés. Ces pays dépendent du FAD pour des services de base, souvent absents en raison de conflits ou de crises économiques.

Une menace pour la BAD

La Banque africaine de développement elle-même pourrait vaciller. Sa note financière AAA, qui lui permet d’emprunter à bas coût sur les marchés, repose sur la solidité de ses actionnaires, dont les États-Unis. Un retrait américain pourrait fragiliser cette note, limitant la capacité de la BAD à financer de nouveaux projets. D’autres donateurs, comme le Japon ou la France, pourraient augmenter leurs contributions, mais ils font face à leurs propres contraintes budgétaires.

Un vide géopolitique à combler

Ce retrait pourrait redessiner la carte de l’influence en Afrique. Les États-Unis perdraient du terrain face à la Chine, qui, malgré une réduction de ses prêts, reste un acteur majeur dans les infrastructures africaines. En 2024, Pékin a financé 12% des projets d’infrastructures en Afrique, contre 7% pour les États-Unis. Un désengagement américain pourrait aussi pousser les pays africains à chercher des financements ailleurs, y compris auprès de créanciers moins regardants sur la gouvernance.

Vers une Afrique plus autonome ?

Certains y voient une opportunité. Sur X (ex-Twitter), des voix appellent à une mobilisation des ressources internes africaines. Les recettes fiscales, encore faibles dans de nombreux pays, pourraient être mieux collectées. Des initiatives comme la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pourraient aussi stimuler la croissance. Mais ces solutions prendront du temps. À court terme, la perte des fonds américains serait un coup dur.

Un contexte mondial tendu

Ce possible retrait s’inscrit dans une tendance inquiétante. L’aide internationale recule. Le Royaume-Uni a réduit son aide de 0,5% à 0,3% de son PIB. L’Union européenne envisage de couper 35% de ses fonds pour les pays pauvres d’ici 2027. La Banque mondiale, elle, peine à répondre aux besoins croissants. Dans ce climat, la décision américaine pourrait accentuer la pression sur les pays africains.

Et après ?

Si le retrait se confirme, les conséquences seront immédiates : moins de projets, plus d’instabilité, et un affaiblissement de l’influence américaine en Afrique. Mais il pourrait aussi forcer le continent à repenser son modèle de développement. La BAD, sous la houlette de son président Akinwumi Adesina, plaide pour des partenariats innovants et une meilleure gouvernance. Reste à savoir si ces ambitions suffiront face à un choc financier.

La rumeur d’un retrait américain du FAD n’est pas encore confirmée, mais elle révèle des enjeux cruciaux. L’Afrique, déjà confrontée au changement climatique et à l’instabilité, a besoin de financements stables. Les États-Unis, en se désengageant, joueraient un pari risqué, tant pour leur influence que pour la stabilité du continent. À Abidjan, en mai 2025, les regards seront tournés vers Washington. Le Sénat américain dira si cette rumeur devient réalité.

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