Le 6 mai 2025, à Yaoundé, une poignée de main a scellé un avenir prometteur pour l’innovation en Afrique. L’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI) et l’African Guarantee Fund (AGF) ont signé une convention historique. Objectif : mobiliser 40 milliards FCFA, soit 68,6 millions de dollars, sur cinq ans pour financer 1 000 projets innovants dans 17 pays africains. Ce partenariat pourrait transformer les rêves d’inventeurs et de PME en moteurs de croissance économique.
Un défi de taille : financer l’innovation
En Afrique, les idées ne manquent pas. Mais les financements, si. Les banques hésitent souvent à prêter aux porteurs de projets technologiques, perçus comme risqués. Résultat : de nombreuses inventions restent dans les tiroirs, faute de moyens pour passer du prototype au marché. L’OAPI, qui regroupe 17 États membres, de la Mauritanie au Gabon, veut changer la donne. Avec l’AGF, un acteur clé du financement en Afrique, elle mise sur un mécanisme audacieux pour libérer le potentiel créatif du continent.
Un plan ambitieux en deux volets
Le dispositif, approuvé en 2024 par le conseil d’administration de l’OAPI, repose sur deux axes. D’abord, une prise de participation de 5 milliards FCFA dans le capital de l’AGF. Cette injection de fonds signale un engagement fort : l’OAPI partage les risques pour encourager les investissements. Ensuite, une fenêtre de garantie au sein de l’AGF sécurisera les prêts bancaires accordés aux PME et innovateurs. En clair, si un projet échoue, l’AGF couvre une partie des pertes, rassurant ainsi les banques. Ce mécanisme pourrait débloquer des milliards pour des projets qui, autrement, n’auraient jamais vu le jour.
Plus qu’un chèque : un écosystème
Le partenariat ne se limite pas à l’argent. Les porteurs de projets bénéficieront d’un accompagnement complet. Ils auront accès à des experts pour valoriser leurs brevets, à des réseaux d’investisseurs pour trouver des partenaires, et à un suivi personnalisé pour transformer leurs idées en produits commercialisables. Imaginez un inventeur camerounais développant un panneau solaire innovant : avec ce programme, il pourrait non seulement obtenir un prêt, mais aussi des conseils pour protéger son invention et la vendre à l’international.
Un calendrier clair, des ambitions fortes
Les premiers appels à projets démarreront au troisième trimestre 2025. Dès la première année, 200 initiatives devraient être financées. D’ici cinq ans, 1 000 projets – des applications numériques aux technologies agricoles – pourraient voir le jour. Ce rythme soutenu reflète l’urgence : dans un continent où la jeunesse déborde de créativité, chaque année perdue est une opportunité manquée.
Pourquoi ça compte ?
L’Afrique représente 17% de la population mondiale, mais seulement 3% du PIB global. L’innovation est un levier pour combler cet écart. En soutenant les PME, qui créent 80% des emplois en Afrique, ce programme pourrait stimuler la croissance et réduire la dépendance aux importations. Prenons l’exemple du Mali ou du Niger : des solutions locales, comme des systèmes d’irrigation adaptés au climat, pourraient révolutionner l’agriculture tout en créant des emplois.
Un contexte favorable, mais des défis à relever
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large. L’Accord de libre-échange continental africain (ZLECAf), lancé en 2021, ouvre de nouveaux marchés. Mais des obstacles persistent : bureaucratie, corruption, ou encore manque d’infrastructures. Le succès du programme OAPI-AGF dépendra de sa capacité à naviguer dans cet environnement complexe. La transparence dans la sélection des projets et l’efficacité de l’accompagnement seront scrutées.
Un signal fort pour l’avenir
Ce partenariat marque un tournant. Il remplace des initiatives moins structurées, comme le Fonds africain de l’innovation, par un modèle plus robuste. En alignant financements, garanties et accompagnement, l’OAPI et l’AGF posent les bases d’un écosystème d’innovation durable. Pour les inventeurs, c’est une lueur d’espoir. Pour les économies africaines, c’est une chance de briller sur la scène mondiale.
Rendez-vous sur www.oapi.int pour suivre les prochaines étapes. D’ici là, une chose est sûre : l’Afrique innove, et elle a désormais les moyens de ses ambitions.