Le gouvernement ghanéen s’attaque à un problème de taille : les abus dans le système des exemptions fiscales. Ces dérogations, censées attirer les investisseurs, ont été détournées, privant le pays de millions de cedi nécessaires pour les écoles, les hôpitaux et les routes.
Les exemptions fiscales permettent à certaines entreprises de payer moins, voire aucun impôt. Elles peuvent stimuler des secteurs clés, comme l’agriculture ou l’industrie. Mais au Ghana, le système est gangrené par des abus. Certaines sociétés obtiennent des exemptions grâce à des connexions politiques ou des failles administratives, échappant indûment à l’impôt. Résultat : les caisses de l’État se vident, alors que l’aide internationale se tarit.
« Nous ne pouvons plus compter sur l’aide extérieure », a déclaré Thomas Ampem Nyarko, vice-ministre des Finances, lors d’une rencontre avec des officiels sud-soudanais. « Nous devons mobiliser nos propres ressources. »
Le Ghana, connu pour son cacao, son or et son pétrole, traverse une période économique tendue. La dette publique est élevée, et le pays suit un programme du Fonds monétaire international pour stabiliser ses finances. Augmenter les recettes fiscales est crucial. Sans argent, le gouvernement peine à financer les services publics, ce qui touche directement les Ghanéens.
La réponse du gouvernement ? Une réforme ambitieuse. Les règles pour obtenir des exemptions sont durcies. Chaque dérogation doit être justifiée et suivie de près. L’objectif : plus de transparence et moins de passe-droits. Tout en restant attractif pour les investisseurs, le Ghana veut un système équitable où chacun paie sa part.
Ces efforts ne passent pas inaperçus. Une délégation du Sud-Soudan, en visite à Accra, est venue s’inspirer des réformes ghanéennes. Ce jeune pays, qui se reconstruit après des années de conflit, veut bâtir son propre système fiscal. « Les progrès du Ghana nous intéressent beaucoup », a indiqué un responsable sud-soudanais. « Nous voulons apprendre de leur expérience. »
Pour le Ghana, l’enjeu est énorme. Plus de recettes fiscales, c’est la promesse de meilleures infrastructures, d’un système de santé renforcé et de nouveaux emplois. C’est aussi moins de dépendance aux prêts étrangers, pour une plus grande autonomie. Mais le chemin est semé d’embûches. Imposer des règles strictes risque de froisser des entreprises habituées aux privilèges fiscaux. Le gouvernement doit trouver l’équilibre entre rigueur et attractivité.
Le message, lui, est limpide : un système fiscal juste profite à tous. Comme l’a souligné le vice-ministre Nyarko, boucher ces fuites fiscales, ce n’est pas seulement une question d’argent. C’est construire un Ghana plus fort et indépendant. Et alors que d’autres pays africains observent, les réformes ghanéennes pourraient inspirer un changement à l’échelle du continent. Pour l’instant, les regards sont tournés vers Accra. Si le Ghana réussit, il pourrait montrer la voie aux nations en développement : en mettant fin aux abus fiscaux, on peut ouvrir la porte à un avenir plus prospère.