Agro / Cacao ghanéen : le gouvernement mise sur 200 000 hectares pour relancer la production

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Face à l’effondrement spectaculaire de la production cacaoyère, le gouvernement ghanéen prend une mesure forte : acquérir 200 000 hectares de terres pour y développer des plantations industrielles de cacao. L’annonce a été faite par le ministre des Finances, Dr. Cassiel Ato Forson, lors de l’installation du nouveau conseil d’administration du Ghana Cocoa Board (COCOBOD), un organe stratégique du secteur.

Le projet vise un objectif clair : ramener la production annuelle de cacao à un million de tonnes, son niveau historique, contre environ 500 000 tonnes actuellement. Ce recul, selon les autorités, est dû à une combinaison de facteurs : la mauvaise gestion du secteur, la vétusté des exploitations, et la propagation de maladies des cacaoyers, notamment dans la région de l’Ouest du pays.

Longtemps considéré comme l’épine dorsale de l’économie ghanéenne, le cacao subit une crise structurelle. Or, ce produit représente une source majeure de devises étrangères et un moteur de subsistance pour des centaines de milliers de familles rurales. Restaurer la vitalité du secteur, c’est donc préserver une partie essentielle de la stabilité socio-économique du pays.

La stratégie gouvernementale repose sur un double levier. D’une part, l’implantation de plantations étatiques sur les 200 000 hectares permettra une production à grande échelle, plus mécanisée et mieux contrôlée. D’autre part, ce dispositif est conçu pour compléter les efforts des petits exploitants, qui restent au cœur du modèle agricole ghanéen.

Ce changement d’approche est accompagné d’une réforme institutionnelle. Une nouvelle disposition légale exige désormais la présence du ministre des Finances et du gouverneur de la Banque centrale au sein du conseil d’administration de COCOBOD. Objectif : renforcer la surveillance stratégique et garantir un financement plus cohérent des politiques agricoles.

Le président du nouveau conseil, Dr. Samuel Ofosu Ampofo, a d’ailleurs promis une refonte en profondeur de COCOBOD. L’ambition affichée est de réinitialiser, moderniser et repositionner l’institution en la dotant d’outils performants pour répondre aux défis actuels.

L’acquisition de terres à grande échelle n’est pas sans controverse. Elle soulève des questions : quels mécanismes d’indemnisation pour les communautés affectées ? Comment garantir l’équilibre avec les petits producteurs ? Et surtout, comment assurer que cette nouvelle stratégie ne reproduira pas les erreurs du passé en matière de gestion et de transparence ?

Cependant, dans un contexte de dépendance croissante aux marchés internationaux et de pression sur les recettes publiques, relancer le cacao reste un choix logique. Le Ghana ne peut se permettre d’abandonner sa principale richesse agricole. La relance est donc non seulement économique, mais aussi politique et sociale.

Avec ce plan ambitieux, le Ghana joue une carte majeure pour sauver son or brun. Reste à voir si la gouvernance, la rigueur et la transparence seront cette fois au rendez-vous. Car c’est là que se jouera, en définitive, l’avenir du cacao ghanéen.

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