À Addis-Abeba, le Premier ministre Abiy Ahmed annonce la couleur : l’Éthiopie veut incarner l’avant-garde de l’intelligence artificielle en Afrique. Une ambition qui repose sur une stratégie numérique claire, des investissements ciblés et une vision continentale du progrès technologique.
L’intelligence artificielle (IA) n’est plus l’apanage des grandes puissances. En Afrique, un pays fait désormais figure de pionnier : l’Éthiopie. À l’occasion du forum « L’intelligence artificielle pour la prospérité et la coopération en Afrique », le chef du gouvernement éthiopien a réaffirmé l’engagement de son pays à faire du numérique un levier de transformation économique, sociale et politique.
Plusieurs initiatives concrètes soutiennent cette ambition. L’Éthiopie a lancé un Institut national d’intelligence artificielle, conçu comme un pôle de recherche et d’innovation destiné à accueillir les talents locaux et régionaux. Parallèlement, elle développe une identité numérique nationale qui vise à faciliter l’accès des citoyens aux services publics et à renforcer l’inclusion financière. Mais c’est sans doute la formation de cinq millions de codeurs qui impressionne le plus. Ce chantier de grande envergure, en cours de réalisation, vise à doter le pays d’une main-d’œuvre numérique capable de répondre aux besoins de l’économie du savoir.


Au-delà de ses frontières, l’Éthiopie veut impulser une dynamique continentale. Construire une intelligence artificielle à l’échelle africaine, c’est partager les données, harmoniser les cadres légaux et créer des synergies entre États. Addis-Abeba voit dans la coopération numérique un moyen de renforcer l’indépendance technologique de l’Afrique, dans un contexte global marqué par la domination des géants du numérique.
Cette stratégie intervient alors que le pays cherche à tourner la page d’une instabilité politique récente. En misant sur l’innovation, l’Éthiopie veut envoyer un message fort : elle est prête à jouer un rôle de leader en Afrique, non seulement sur le plan politique, mais aussi technologique. Le numérique devient ici un outil de souveraineté, un moteur de croissance, mais aussi un vecteur de rayonnement international.
Des défis importants persistent. La fracture numérique reste une réalité, notamment en zone rurale. Le financement de ces projets ambitieux et la rétention des talents restent également des enjeux cruciaux. Mais le signal est clair : l’Éthiopie ne veut plus être seulement un marché pour les technologies développées ailleurs. Elle veut devenir un acteur, un concepteur, un moteur de l’intelligence artificielle en Afrique.
Dans cette course mondiale à l’innovation, l’exemple éthiopien pourrait inspirer d’autres nations du continent. L’intelligence artificielle, si elle est pensée au service du développement, peut devenir un atout stratégique pour l’Afrique. Encore faut-il investir dans les infrastructures, former les jeunes, et bâtir une gouvernance numérique cohérente. C’est à ce prix que l’Afrique pourra transformer son potentiel en puissance.