La Banque du Ghana (BoG), en collaboration avec la Banque nationale du Rwanda et le Réseau mondial de technologie financière de Singapour, a lancé le projet DPI (Next-Gen Digital Payment Infrastructure), une initiative destinée à moderniser les paiements transfrontaliers en Afrique.
Le projet a été présenté le 14 mai 2025 à Accra, au Ghana, lors de l’ouverture du 3i Africa Summit 2025. Selon Johnson Asiama gouverneur de la BoG, la DPI constitue une plateforme évolutive destinée à améliorer l’interopérabilité entre systèmes financiers, accélérer le commerce numérique et renforcer l’inclusion financière à l’échelle continentale.
« Cette initiative vise à moderniser l’écosystème de paiement transfrontalier de l’Afrique grâce à une approche fondée sur l’innovation, menée par la banque centrale et développée conjointement avec les fintechs et les institutions financières », a-t-il déclaré.
La DPI s’articule autour de trois piliers : une infrastructure d’identité fiable qui garantit des identités numériques sûres, vérifiables et universelles pour faciliter les transactions financières transparentes ; un système de paiement interopérable qui crée une infrastructure normalisée permettant des transactions transfrontalières en temps réel au sein de l’écosystème financier africain et un cadre de passeports pour les licences des fintechs, permettant aux entreprises agréées dans l’un des deux pays d’opérer dans l’autre avec des exigences réglementaires allégées.
Le projet ambitionne de combler les lacunes actuelles en établissant une infrastructure publique numérique partagée, capable de rendre les paiements transfrontaliers plus rapides, moins coûteux et plus transparents. Il s’aligne sur les objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et du Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS), en renforçant l’autonomie monétaire du continent et en limitant le recours aux devises étrangères dans les échanges internes.
Toutefois, la réussite du projet dépend de la capacité à surmonter plusieurs obstacles majeurs. L’accès à Internet plafonne encore à 40 %, et seule une personne sur deux en Afrique subsaharienne dispose d’un accès fiable à l’électricité, limitant l’adoption à grande échelle des solutions numériques. Dans ce contexte, les responsables politiques insistent sur la nécessité de renforcer les investissements dans les infrastructures de base, en misant sur des partenariats public-privé durables. Porté par une vision panafricaine, la DPI pourrait alors ouvrir la voie à un modèle reproductible, catalyseur d’une transformation numérique inclusive, souveraine et ancrée dans les réalités du continent.
Cette initiative s’inscrit dans un contexte de forte expansion des services financiers numériques sur le continent. En 2024, l’Afrique subsaharienne regroupait 53 % des comptes de mobile money dans le monde et représentait près des deux tiers de la valeur des transactions mondiales, soit environ 1105 milliards de dollars, selon le rapport annuel de la GSMA. L’argent mobile s’est imposé comme un levier essentiel pour les transferts de fonds et le commerce intra-africain.