La Côte d’Ivoire mise sur une double offensive économique dans le Nord du pays. Lors du Conseil des ministres du 21 mai 2025, le gouvernement a validé deux projets structurants : un pôle agro-industriel financé à hauteur de 78,7 millions de dollars (45,6 milliards FCFA) par le Fonds international de développement agricole (FIDA), et une centrale solaire d’un coût de 57 millions de dollars (33 milliards FCFA). Deux initiatives complémentaires qui traduisent une volonté de transformation durable des régions de l’intérieur.
Un levier agricole pour lutter contre la pauvreté
Le premier chantier concerne la création d’un pôle agro-industriel dans le Nord-Est, grâce à un financement conjoint (prêt principal et prêt additionnel) du FIDA. Objectif : moderniser l’agriculture rurale, souvent limitée à la subsistance, et la tourner vers le marché national et international.
Ce projet entend renforcer les systèmes de production agricole existants, construire des infrastructures de transformation, et faciliter l’accès au marché. Il vise aussi à créer un environnement plus favorable à l’investissement privé dans la chaîne de valeur agricole, en misant sur des modèles économiquement viables pour les petits producteurs. À terme, cette dynamique pourrait transformer des régions pauvres en véritables zones de croissance inclusive.
Une centrale solaire pour électrifier le développement
En parallèle, le gouvernement approuve la construction d’une centrale solaire à Katiola, dans la région du Hambol (centre-nord). Le projet, d’une capacité annuelle de production estimée à près de 86 MWh, s’inscrit dans la stratégie nationale d’accès universel à l’énergie et de diversification du mix énergétique, dans un contexte de pressions environnementales croissantes.
La centrale fonctionnera sous un régime de concession de 25 ans, encadré par une convention signée en décembre 2024. Elle sera conçue, financée, exploitée et détenue par un opérateur privé, dans le respect du cadre juridique ivoirien en matière d’énergie. Au-delà de la simple production électrique, l’objectif est aussi de booster l’attractivité économique de la région, en assurant une meilleure desserte énergétique pour les ménages et les entreprises.
Une dynamique territoriale à consolider
Ces deux projets illustrent la montée en puissance d’un modèle de développement intégré, où l’infrastructure énergétique soutient la montée en gamme des secteurs productifs. Dans une région longtemps perçue comme périphérique, le pari est celui d’un développement ancré dans les territoires, adossé à des partenaires techniques et financiers de renom.
Reste à garantir la bonne exécution des travaux, la formation des bénéficiaires locaux, et l’adaptation des politiques publiques à la réalité du terrain. Car sans inclusion réelle ni accompagnement, les ambitions pourraient se heurter aux limites structurelles du monde rural.
Mais pour l’heure, la Côte d’Ivoire confirme sa volonté d’investir dans une croissance régionale résiliente, articulée autour de l’agriculture durable et des énergies renouvelables.