Afrique du Sud – États-Unis : Ramaphosa relance une coopération stratégique

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Afrique du Sud - États-Unis : Ramaphosa relance une coopération stratégique
Afrique du Sud - États-Unis : Ramaphosa relance une coopération stratégique

Après une visite diplomatique décisive à Washington, le président sud-africain Cyril Ramaphosa veut redéfinir les relations économiques entre Pretoria et les États-Unis. Objectif : renforcer le commerce bilatéral, rétablir la vérité face aux fake news, et attirer de nouveaux investissements.

Cyril Ramaphosa n’est pas rentré les mains vides de sa visite de travail à Washington. Invité par le président Donald Trump, le chef de l’État sud-africain a misé sur une stratégie double : corriger une image écornée par des campagnes de désinformation et relancer les échanges économiques avec un partenaire stratégique.

Une relation malmenée par la désinformation

Ces derniers mois, les tensions diplomatiques entre les deux pays s’étaient accrues. En cause : des récits relayés par des groupes extrémistes accusant l’Afrique du Sud d’un « génocide » contre les agriculteurs blancs. Ramaphosa a été clair : « Il était essentiel pour nous de collaborer directement avec l’administration américaine afin de corriger la désinformation et de fournir un compte rendu fidèle des progrès que nous avons réalisés en tant que démocratie. »

La démarche s’inscrit dans une volonté d’apaisement, mais aussi de transparence. Le président sud-africain a tenu à rappeler que son pays reste une démocratie vivante, certes confrontée à des défis, mais engagée dans un processus constant de réforme.

Un partenaire économique de poids

Les États-Unis demeurent le deuxième partenaire commercial de l’Afrique du Sud. Les échanges sont dynamiques : automobiles, produits agricoles, minerais critiques, ou encore technologies de pointe. Et l’enjeu est de taille : « Il existe un potentiel d’augmentation et de diversification des échanges commerciaux dans des domaines tels que le gaz, l’exploitation minière, l’agriculture et les produits nucléaires. »

Aujourd’hui, plus de 600 entreprises américaines sont implantées en Afrique du Sud. Elles emploient environ 148 000 Sud-Africains, selon les chiffres du Département américain du Commerce. Microsoft, par exemple, prévoit 5,4 milliards de rands (302,4 millions de dollars) d’investissements supplémentaires dans le cloud et l’intelligence artificielle sur deux ans. Un signal fort.

Nouveau cadre de coopération

L’un des principaux acquis de cette visite est la création d’un canal de coopération économique. Celui-ci doit permettre aux deux pays de traiter directement des questions sensibles comme les droits de douane, mais aussi de favoriser un climat d’affaires plus stable.

Côté sud-africain, les autorités ont présenté les réformes structurelles en cours : amélioration de l’environnement des affaires, simplification des procédures d’investissement, modernisation de la justice commerciale.

Un rapport récent du Département d’État américain confirme ces progrès. Il décrit l’Afrique du Sud comme « un pôle attractif pour les investissements, avec des marchés financiers bien régulés, une justice indépendante, et un secteur des services mature. »

Cap sur le G20 et les investissements croisés

Le dialogue entre les deux puissances devrait se poursuivre. Ramaphosa a invité Trump à se rendre à Johannesburg, en amont du sommet du G20 que l’Afrique du Sud accueillera cette année. À cette occasion, elle remettra la présidence du groupe aux États-Unis.

Les deux pays souhaitent également ouvrir leurs marchés respectifs à davantage d’entreprises. Une démarche que le président sud-africain inscrit dans la continuité de l’histoire : « En 1990, Nelson Mandela parlait déjà d’une coopération économique mutuellement bénéfique entre une Afrique du Sud démocratique et les États-Unis. Cet esprit reste vivant plus de 30 ans plus tard. »

Un message de confiance, malgré les défis

Ramaphosa n’élude pas les difficultés internes : taux de criminalité élevé, tensions sociales, besoin d’emplois. Mais il assume une approche constructive : « En tant que nation souveraine, nous sommes toujours prêts à reconnaître et à affronter nos problèmes, tout comme nous sommes toujours prêts à dialoguer avec nos critiques. »

Le message est limpide : l’Afrique du Sud ne veut ni pitié ni condescendance. Elle veut des partenaires.

À l’heure où les rivalités géopolitiques redessinent les alliances, l’Afrique du Sud entend réaffirmer sa place dans le concert des nations économiques. En tendant la main à son partenaire nord-américain, elle joue une carte stratégique, mais aussi identitaire : celle d’une puissance régionale ouverte, lucide et ambitieuse.

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