La Banque centrale de Madagascar a lancé, le 23 mai 2025, une phase expérimentale pour tester l’e-Ariary, la première version numérique officielle de la monnaie nationale. L’objectif est de réduire la dépendance au cash, de limiter les coûts de transaction, d’améliorer la traçabilité des flux financiers et de favoriser l’inclusion financière, en particulier en milieu rural.
La phase d’expérimentation s’étendra sur 10 mois, dans des zones pilotes sélectionnées, avant un déploiement progressif à l’échelle nationale dès mai 2026. Elle permettra de tester la robustesse des infrastructures techniques, la sécurité des transactions, les cas d’usage prioritaires, d’évaluer l’impact socio-économique et d’ajuster le dispositif pour un lancement à grande échelle réussi.
Selon le gouverneur de la Banque centrale de Madagascar, Aivo Andrianarivelo, l’e-Ariary n’est pas là pour remplacer les solutions de mobile money, déjà largement adoptés dans les milieux urbains comme ruraux, mais cette monnaie entend plutôt jouer la carte de la complémentarité.
« Nous espérons qu’à l’issue du processus, l’usage des billets sera réduit, car leur gestion coûte très cher à la Banque centrale. Le billet de 100 Ariary (0,022 $), par exemple, ne vaut pas le coût de son impression. De plus, les billets de banque ne durent que six mois, et il faut renouveler chaque fois l’impression de ces billets, et Madagascar n’en imprime pas », a souligné le gouverneur qui voit dans ce virage digital une logique imparable, ne serait-ce que pour soulager le budget de l’Etat.
L’e-Ariary conserve la même valeur que la monnaie physique, et sera accessible via des smartphones, des téléphones basiques et des supports hors ligne (QR codes, cartes à puce, terminaux). Elle pourra être utilisée pour des dépenses du quotidien notamment les paiements marchands, transports, salaires ou transferts sociaux. Son utilisation devrait rester abordable pour tous. Il s’agit d’une monnaie émise par la banque centrale, et reconnue comme ayant cours légal.
Ce projet pilote mobilise principalement les établissements de monnaie électronique, les banques et les institutions de microfinance. Parmi les acteurs impliqués dans cette première phase, la BMOI, la PAMF, Airtel Money Madagascar, MVola, l’AFG Bank, la BOA et BGFI Bank. L’autorité monétaire aura également comme partenaires dans cette phase d’expérimentation la Jirama, commerçants de marché, Trésor public et administration fiscale. Leur participation permettra d’évaluer les usages concrets de cette innovation dans différents secteurs d’activité.
Cette monnaie numérique sera utilisable par tous les citoyens dans leurs portefeuilles électroniques, pour effectuer des paiements ou des transferts. Elle devrait surtout permettre de sécuriser les transactions, limiter les interventions humaines et éviter les pertes de recettes publiques, notamment dans le paiement des services administratifs.
Pensé comme une révolution douce, l’e-ariary s’inscrit dans une trajectoire de développement entamée en 2021. De la définition des concepts à la construction d’un écosystème numérique robuste, ce projet a été co-construit avec des partenaires techniques et institutionnels, selon une démarche méthodique, responsable et ancrée dans la réalité locale.