WAES 2025 : le Nigéria veut réveiller le géant économique ouest-africain

Le 30 mai 2025, le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a annoncé la tenue prochaine d’un événement majeur pour l’Afrique de l’Ouest : le Sommet économique de l’Afrique de l’Ouest (WAES), prévu les 20 et 21 juin 2025 à Abuja. Placé sous le thème « Libérer les opportunités de commerce et d’investissement dans la région », ce sommet se veut un catalyseur pour l’économie ouest-africaine. Mais dans une conjoncture régionale marquée par des tensions et des mutations, quelles perspectives ce rendez-vous offre-t-il réellement ?

Tinubu n’a pas caché ses ambitions. Sur X (ex-Twitter), il a présenté le sommet comme bien plus qu’un simple événement, parlant d’un tournant décisif vers une Afrique de l’Ouest plus unie et prospère. L’idée est de booster le commerce et d’attirer davantage d’investissements dans une région en pleine croissance. D’après la Banque africaine de développement, la zone devrait enregistrer une croissance de 4,4% en 2025, tirée notamment par des économies comme celles de la Côte d’Ivoire et du Sénégal. Pour le Nigeria, qui reste la première puissance économique de la région, c’est aussi l’occasion de conforter son rôle de leader.

Le WAES prévoit de rassembler un large éventail d’acteurs : chefs d’État, dirigeants d’entreprises, investisseurs, jeunes entrepreneurs et partenaires au développement. Des échanges de haut niveau sont au programme, avec notamment une table ronde présidentielle, mais aussi des espaces concrets comme une salle des marchés destinée à faciliter les projets d’investissement. L’ambition est donc double : débattre et agir.

Cependant, le contexte régional complique la tâche. Le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO, au profit d’un rapprochement au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), vient brouiller les cartes. Ces pays optent désormais pour une posture plus souverainiste, en multipliant les partenariats avec d’autres puissances comme la Russie. Cette fracture politique pourrait ralentir les efforts d’harmonisation des politiques économiques et commerciales dans la sous-région.

Malgré tout, Tinubu affiche un certain optimisme. Il a lancé un appel à la mobilisation, invitant les acteurs du monde entier à se joindre au sommet d’Abuja pour bâtir une Afrique de l’Ouest plus forte, plus solidaire et mieux positionnée à l’échelle mondiale. Il insiste notamment sur l’importance des grands projets régionaux, comme l’amélioration des réseaux de transport ou d’énergie, qui sont essentiels pour lever les obstacles au commerce intra-africain.

L’un des éléments clés du WAES sera l’attention portée à la jeunesse. Le sommet prévoit des espaces dédiés à l’autonomisation des jeunes, afin de mettre en lumière les entrepreneurs et innovateurs de la région. Dans une zone où la population est majoritairement jeune et dynamique, miser sur ce vivier humain pourrait être un levier important de développement. Tinubu l’a d’ailleurs résumé en une formule simple : « Notre atout le plus précieux : notre population. »

Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large à l’échelle du continent. En 2025, le Togo accueillera également un sommet consacré à la coopération énergétique, avec l’ambition d’assurer un accès universel à l’électricité d’ici 2030. À Kigali, le Sommet mondial sur l’intelligence artificielle, prévu en mai, a déjà exploré le rôle des nouvelles technologies dans la transformation économique du continent. Tous ces rendez-vous témoignent d’une volonté partagée de faire avancer l’Afrique vers plus d’innovation, d’intégration et d’autonomie.

Mais les défis ne manquent pas. Le succès du WAES dépendra largement de sa capacité à transformer les intentions en actions concrètes. Les investisseurs, séduits par les perspectives de croissance, regarderont de près les secteurs de l’énergie, des infrastructures et du numérique. Toutefois, les divisions politiques au sein de la CEDEAO pourraient compromettre la réalisation de projets transfrontaliers, faute de coordination et de vision commune.

À ce stade, les détails du programme n’ont pas encore été publiés. Le site officiel du sommet, waes2025.org, devrait bientôt fournir plus d’informations. En attendant, le Nigéria envoie un signal clair : l’Afrique de l’Ouest est prête à faire des affaires.

Derrière l’organisation du WAES, le Nigeria cherche aussi à affirmer une ambition plus large. En relançant l’intégration régionale, le pays espère repositionner l’Afrique de l’Ouest sur la scène internationale. Tinubu l’a rappelé : il s’était engagé, il y a deux ans, à promouvoir une politique étrangère axée sur le bien-être des populations, la prospérité collective et le rayonnement de la région dans le monde.

La vraie question reste maintenant de savoir si cette ambition saura se traduire en résultats concrets. Pour les investisseurs, les chefs d’entreprise et les citoyens ouest-africains, le sommet de juin 2025 à Abuja pourrait bien être un tournant à ne pas manquer.