L’Éthiopie dévoile un budget record de 15 milliards de dollars pour l’exercice fiscal 2025/2026. Annoncé le 5 juin 2025 par le Conseil des ministres, ce plan marque une hausse de 31% par rapport à l’année précédente. Objectif : relancer une économie en pleine transformation tout en affrontant des défis majeurs.
Un budget pour la stabilité et la croissance
Ce budget de 2 000 milliards de birrs vise à « renforcer la sécurité nationale, soutenir la production et aider les populations touchées par les catastrophes », selon le communiqué officiel. La sécurité, priorité clé, répond aux tensions persistantes dans certaines régions du pays. Le soutien à la production, notamment agricole, cherche à consolider l’élan d’une économie qui a affiché une croissance de 8,1% en 2023/2024. Enfin, l’aide aux populations sinistrées cible les millions d’Éthiopiens affectés par des sécheresses et inondations récurrentes.
Un contexte économique complexe
L’Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, mise sur ce budget pour maintenir sa trajectoire vers le statut de pays à revenu intermédiaire d’ici 2025. Mais les défis abondent. L’inflation, bien qu’en baisse, reste élevée à 20,7% en 2024. La dévaluation de 30% du birr en juillet 2024, dans le cadre des réformes du FMI, a alourdi le coût de la vie. Avec un revenu par habitant de seulement 1 020 dollars en 2023, de nombreux Éthiopiens peinent à joindre les deux bouts.
Le soutien du FMI comme levier
Ce budget s’appuie sur un accord de 3,4 milliards de dollars signé avec le FMI en juillet 2024. Ce prêt, étalé sur quatre ans, soutient des réformes audacieuses, comme la libéralisation du taux de change. Une récente revue du programme, conclue en janvier 2025, a débloqué 248 millions de dollars supplémentaires. Ces fonds visent à stabiliser l’économie et à attirer les investisseurs étrangers. « Cet accord marque un tournant pour une croissance tirée par le secteur privé », notent les analystes.
Des réformes à double tranchant
Si les réformes boostent la confiance des partenaires internationaux, elles ont un coût immédiat. La dévaluation du birr a renchéri les importations, accentuant la pression sur les ménages. Le gouvernement, conscient de ces défis, consacre une part du budget à l’aide sociale pour amortir l’impact des catastrophes naturelles, qui touchent des millions de personnes chaque année. Mais la dette publique, à 33,6% du PIB en 2024, limite les marges de manœuvre.
Vers un avenir incertain mais ambitieux
L’Éthiopie parie sur ce budget pour consolider sa croissance et répondre aux besoins urgents de sa population. Les 15 milliards de dollars reflètent une ambition claire : transformer les défis en opportunités. Reste à savoir si ces investissements suffiront à équilibrer réformes économiques et attentes sociales dans un pays en quête de stabilité.
