En mai 2025, la Tunisie a signé une performance économique inattendue. Ses exportations ont atteint un record de 26,8 milliards de dinars (environ 9 milliards de dollars) sur cinq mois, dont 6,1 milliards pour le seul mois de mai. Ce succès, malgré une conjoncture difficile, marque un tournant. La Tunisie ne se contente plus de ses marchés traditionnels. Elle part à la conquête de l’Afrique subsaharienne, de l’Asie et de l’Amérique latine. Derrière ce bond, une stratégie audacieuse portée par le Centre de promotion des exportations (CEPEX). Mais comment la Tunisie a-t-elle réussi ce pari, et quels défis l’attendent ?
Un record porté par la diversification
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. À fin mai 2025, les exportations tunisiennes ont progressé à un rythme inédit. « Nous avons atteint 26,8 milliards de dinars, avec un pic de 6,1 milliards en mai », déclare Mourad Ben Hassine, PDG du CEPEX. Ce résultat est d’autant plus impressionnant que les revenus de l’huile d’olive, un pilier traditionnel, ont chuté à cause de la flambée des prix mondiaux. Pourtant, les volumes exportés ont bondi de 50,1%. D’autres secteurs, comme les composants automobiles, le textile et les produits chimiques, tirent la croissance. La Tunisie exporte désormais des pièces high-tech vers le Brésil et des équipements électriques vers la Chine.
Une stratégie tournée vers de nouveaux marchés
Ce succès ne doit rien au hasard. La Tunisie mise sur la diversification. Fini le temps où l’Europe absorbait l’essentiel de ses exportations. Le CEPEX cible désormais l’Afrique subsaharienne, un marché en plein essor. En 2024, les échanges avec cette région ont généré un excédent commercial de 1,3 million de dinars (440 millions de dollars). « Le potentiel inexploité est estimé à 1,5 milliard de dinars », souligne Mourad Ben Hassine. La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), rejointe par la Tunisie en 2020, joue un rôle clé. Elle permet de réduire les droits de douane et de fluidifier les échanges. Résultat : 275 opérations d’exportation ont été réalisées sous ce cadre, avec un objectif de 300 entreprises certifiées d’ici fin 2025.
Mais l’Afrique n’est pas la seule cible. La Tunisie lorgne l’Amérique latine, l’Asie et les pays scandinaves. En 2024, les exportations vers le Brésil ont atteint 137 millions de dinars, et celles vers la Chine 217 millions. Des foires internationales et 42 opérations promotionnelles, réunissant 900 entreprises, renforcent cette offensive. Une plateforme numérique, lancée par le CEPEX, simplifie aussi les démarches des exportateurs.
Des défis à relever
Ce tableau optimiste ne doit pas masquer les obstacles. Les coûts du transport maritime et aérien grèvent la compétitivité. Le Fonds de promotion des exportations aide, mais des investissements massifs seront nécessaires. De plus, la volatilité des prix, comme pour l’huile d’olive, expose la Tunisie aux aléas mondiaux. Enfin, l’Afrique subsaharienne, bien que prometteuse, reste un marché complexe, avec des barrières logistiques et réglementaires. « Nous devons accélérer la digitalisation et optimiser nos infrastructures », insiste Mourad Ben Hassine.
Un avenir prometteur ?
La Tunisie est à un carrefour. Ce record des exportations prouve qu’elle peut rivaliser sur la scène mondiale. En diversifiant ses marchés et ses produits, elle réduit sa dépendance à l’Europe et s’ouvre à des économies dynamiques. Mais pour transformer l’essai, elle devra surmonter ses contraintes logistiques et investir dans l’innovation. Si elle y parvient, ce boom pourrait créer des milliers d’emplois et redessiner son économie. Une chose est sûre : la Tunisie ne manque pas d’ambition.