Éthiopie-Russie : l’agriculture au cœur d’un essor commercial

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Dans les champs de la région d’Oromia, des agriculteurs éthiopiens sèment des variétés de blé résistantes, importées de Russie. Ce n’est qu’un exemple d’une relation économique en pleine expansion : les échanges commerciaux entre l’Éthiopie et la Russie ont bondi de 40% sur les dix premiers mois de 2024 par rapport à 2023, selon des données officielles. Cette croissance, portée par l’agriculture et le cadre des BRICS, redéfinit les priorités économiques des deux pays. Mais qu’est-ce qui alimente cette dynamique, et quels obstacles se dressent sur son chemin ?

Un bond commercial significatif

Entre janvier et octobre 2024, le volume des échanges commerciaux a atteint des niveaux records. Cette hausse de 40% s’explique par un renforcement des liens économiques, notamment depuis l’adhésion de l’Éthiopie aux BRICS en janvier 2024. Les exportations russes, principalement du blé et des engrais, répondent aux besoins agricoles éthiopiens, tandis que l’Éthiopie exporte du café et d’autres produits agricoles vers la Russie.

L’agriculture, pilier de la coopération

L’Éthiopie, où l’agriculture représente environ 35% du PIB selon la Banque mondiale, fait face à des sécheresses récurrentes. La Russie, leader mondial dans l’exportation de blé, apporte son expertise. Des variétés de blé adaptées aux climats arides et des techniques de gestion de l’eau sont testées dans des régions comme l’Amhara et l’Oromia. Ces initiatives soutiennent la sécurité alimentaire d’un pays de 120 millions d’habitants, où 80% de la population dépend de l’agriculture.

Les BRICS, un catalyseur stratégique

L’intégration de l’Éthiopie aux BRICS, aux côtés de la Russie, la Chine et l’Inde, a ouvert de nouveaux marchés. Ce bloc économique favorise la diversification des partenaires commerciaux de l’Éthiopie, traditionnellement tournée vers l’Union européenne et la Chine. Pour la Russie, l’Éthiopie est une porte d’entrée vers l’Afrique, un continent de 1,4 milliard d’habitants en pleine croissance économique. Cette coopération s’inscrit dans une stratégie plus large de renforcement des liens Sud-Sud.

Des bénéfices mutuels, mais mesurés

Pour l’Éthiopie, les importations russes d’engrais et de semences améliorent les rendements agricoles, cruciaux pour une économie encore vulnérable aux chocs climatiques. La Russie, quant à elle, consolide sa présence en Afrique, un marché stratégique face aux sanctions internationales imposées depuis 2022 en lien avec le conflit ukrainien. Les engrais russes, par exemple, représentent une part croissante des importations éthiopiennes, renforçant la dépendance mutuelle.

Des défis à surmonter

Malgré cette dynamique, des obstacles subsistent. En Éthiopie, l’instabilité dans des régions comme le Tigré et l’Amhara freine les investissements. Les sanctions contre la Russie compliquent les transactions financières, obligeant les deux pays à explorer des mécanismes alternatifs, comme le troc ou des devises non occidentales. De plus, la concurrence avec d’autres partenaires, comme la Chine, pourrait limiter l’expansion de cette relation.

Un signal pour l’Afrique

Cette alliance illustre une tendance plus large : les pays africains se tournent vers des partenaires non traditionnels pour diversifier leurs économies. L’Éthiopie, avec son économie en croissance (6,2% en 2023 selon le FMI), cherche à réduire sa dépendance aux partenaires occidentaux. La Russie, en quête de nouveaux marchés, y trouve une opportunité. Cependant, le succès de ce partenariat dépendra de la capacité des deux pays à naviguer dans un contexte géopolitique et économique complexe.

En 2024, l’Éthiopie et la Russie posent les bases d’une coopération prometteuse, mais fragile. Leur réussite pourrait inspirer d’autres alliances en Afrique, à condition de surmonter les incertitudes. Une dynamique à suivre avec attention.

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