La Tanzanie bénéficiera d’un financement massif de la Banque mondiale pour renforcer sa résilience climatique et préserver ses ressources marines. Deux projets complémentaires toucheront plus de 6,6 millions de personnes à travers le pays.
La Banque mondiale a approuvé un financement de 227 millions de dollars destiné à soutenir deux projets stratégiques en Tanzanie. Objectif : mieux gérer les ressources marines et renforcer les réponses locales face au changement climatique.
Le premier projet, baptisé TAFSAM (Tanzania Marine Fisheries and Aquaculture for Sustainable Management), recevra 112 millions de dollars de l’IDA (Association internationale de développement) et 5 millions de dollars du fonds PROBLUE. Il vise à améliorer la gestion durable des pêches marines et de l’aquaculture, tout en créant des opportunités économiques pour les communautés côtières.
« Ces deux initiatives apportent une réponse plus globale au changement climatique, protégeant à la fois les écosystèmes naturels et les populations qui en dépendent », a déclaré Nathan Belete, directeur des opérations de la Banque mondiale pour la Tanzanie, le Malawi, la Zambie et le Zimbabwe.
La pêche et l’aquaculture représentent 1,8% du PIB national et 4,8% à Zanzibar, fournissant 430 000 emplois directs et soutenant plus de 4,5 millions de personnes dans les activités connexes. Le poisson assure 30% des protéines animales consommées en Tanzanie continentale, et 90% à Zanzibar.
Avec la population en croissance — de 61,7 à 77,7 millions d’ici 2030 — la demande de poisson devrait doubler. Mais la surpêche et le dérèglement climatique mettent en péril cette ressource essentielle.
La culture d’algues, pilier de l’aquaculture à Zanzibar, emploie 25 000 personnes, dont 80% de femmes, et constitue le troisième produit d’exportation de l’île. C’est ce tissu économique local que TAFSAM veut préserver.
Un second projet pour une réponse climatique locale
Le second projet, SCALE (Strengthening Climate Action at Local Levels), mobilise 100 millions de dollars de l’IDA et 10 millions de dollars d’un fonds pour la durabilité sociale. Il adopte une approche « Program-for-Results », où les fonds sont débloqués selon l’atteinte d’objectifs mesurables.
Ce programme vise à renforcer les capacités des gouvernements locaux : mise en place d’équipes d’action climatique dans les districts, élaboration de plans communautaires d’adaptation, et investissements choisis directement par les communautés.
Parmi les actions possibles : écotourisme, agroforesterie, apiculture, artisanat, irrigation efficace, énergies alternatives, banques communautaires de conservation, etc. Ces initiatives sont conçues pour diversifier les moyens de subsistance autour des aires protégées, tout en luttant contre la pauvreté.
6,6 millions de personnes, soit près de 10% de la population, devraient bénéficier directement du programme SCALE.
Un pays en première ligne du changement climatique
La Tanzanie a subi plus de 65 catastrophes naturelles majeures au cours des deux dernières décennies, principalement des inondations et des sécheresses. Ces événements entraînent en moyenne 170 millions de dollars de pertes économiques par an.
Les épisodes climatiques récents — trois cyclones et les pluies d’El Niño — ont fait 155 morts, touché plus de 200 000 personnes, et causé 368 millions de dollars de dégâts. À Dar es Salaam, les inondations de 2018 ont coûté à elles seules 100 millions de dollars, soit 2% du PIB.
Une aide cruciale pour une transition résiliente
Ce double financement de la Banque mondiale place la Tanzanie sur une trajectoire stratégique : protéger l’environnement tout en créant des emplois et en réduisant la vulnérabilité des populations.
L’IDA, qui finance l’essentiel de ces projets, est l’un des plus grands bailleurs d’aide pour les pays pauvres. Depuis 1960, elle a investi près de 500 milliards de dollars dans 114 pays, dont 70% pour l’Afrique.