Financement : La BAD réalise une émission record sur les marchés en dollars

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Égypte : la BAD soutient un méga-projet solaire à 184 millions de dollars pour accélérer la transition énergétique
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La Banque africaine de développement (BAD) a franchi un cap historique le 3 juin 2025, en réalisant pour la première fois une émission obligataire en deux tranches sur le marché américain, totalisant 3 milliards de dollars.

Cette opération — répartie entre une obligation à 3 ans de 2 milliards de dollars à 3,875% et une obligation à 10 ans de 1 milliard USD à 4,5% — illustre à la fois la crédibilité financière de l’institution panafricaine et l’appétit persistant des investisseurs pour les signatures de qualité, dans un contexte mondial marqué par l’incertitude.

Une première émission à 10 ans en dollars

Pour la BAD, cette opération est doublement inédite : c’est la première fois qu’elle procède à une émission en deux tranches simultanées sur les marchés internationaux, et la première fois qu’elle place un emprunt de référence en dollars américains avec une échéance de 10 ans. Un signe clair de sa volonté d’élargir sa courbe de rendement en dollars, tout en diversifiant ses sources de financement à long terme.

Notée Aaa/AAA/AAA par Moody’s, S&P et Fitch, la Banque confirme ainsi sa capacité à lever des ressources compétitives sur les marchés mondiaux, au même niveau que les plus grands émetteurs souverains ou supranationaux.

Un succès massif auprès des investisseurs

La réponse des marchés ne s’est pas fait attendre. La tranche à 3 ans a été sursouscrite près de trois fois (2,9x), et la tranche à 10 ans plus de cinq fois (5,1x), avec un carnet d’ordres total atteignant 10,8 milliards de dollars — un record pour une obligation à 3 ans émise par la Banque.

Ce niveau de demande a permis d’obtenir des conditions de financement particulièrement favorables. Le spread final s’est établi à 6,55 points de base au-dessus du Trésor américain pour la tranche courte, le plus faible jamais obtenu par la BAD sur ce segment, et même le plus serré enregistré cette année parmi tous les émetteurs souverains, supranationaux et d’agences (SSA). La tranche longue a été fixée à 11,7 points de base au-dessus du Trésor à 10 ans.

Une base d’investisseurs solide et de long terme

Le profil des souscripteurs témoigne de la confiance accordée à la BAD. Pour la tranche à 10 ans, près de 70% des investisseurs sont des banques centrales ou des institutions officielles, des acteurs réputés prudents, orientés vers le long terme. Sur la tranche à 3 ans, ces mêmes catégories d’investisseurs, combinées aux trésoreries bancaires, représentent 90% du volume total alloué.

Ce soutien massif des investisseurs dits « de qualité » renforce la position de la BAD comme référence africaine sur les marchés internationaux. Il reflète également la robustesse de sa gestion financière et sa réputation d’émetteur fiable dans l’univers des dettes libellées en dollars.

Une exécution maîtrisée dans un marché très sollicité

L’opération a été menée avec rigueur. Dès le 2 juin, la BAD a communiqué ses intentions au marché avec des indications initiales de prix de +35 points de base (pbs) pour le 3 ans et +65 pbs pour le 10 ans au-dessus des taux SOFR midswaps. Dès le lendemain matin, les intentions d’achat dépassaient déjà les 6 milliards de dollars, permettant un resserrement progressif des conditions.

La tranche de 3 ans a finalement été émise à +33 pbs, celle de 10 ans à +64 pbs. Le rendement de réoffre s’est établi à 3,875% pour la première et 4,5% pour la seconde. Deux résultats compétitifs, à relativiser dans un contexte de taux directeurs élevés aux États-Unis et d’aversion au risque accrue chez certains investisseurs.

Un signal fort pour les marchés africains

Au-delà de la performance technique, cette émission envoie un message clair : des institutions africaines bien notées, transparentes et bien gouvernées peuvent accéder aux marchés de capitaux mondiaux dans des conditions compétitives. Alors que plusieurs États africains voient leurs marges de manœuvre financières se réduire, l’exemple de la BAD rappelle l’importance de la solidité macroéconomique et de la discipline financière.

Les fonds levés permettront à la Banque de poursuivre ses priorités stratégiques, notamment dans le financement des infrastructures, du climat et de l’intégration régionale, dans un continent où les besoins sont immenses.

En se positionnant sur les maturités longues et en obtenant une adhésion forte des investisseurs institutionnels, la BAD confirme son statut de pilier africain sur les marchés internationaux de la dette.

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