Le premier trimestre 2025 s’est caractérisé par une évolution contrastée des prix sur les marchés internationaux. Tandis que les matières premières exportées par les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont connu une hausse notable, les produits alimentaires importés ont enregistré une baisse marquée, selon le dernier rapport de politique monétaire de la BCEAO.
Les produits énergétiques repartent à la hausse
Les prix mondiaux de l’énergie ont progressé de 2,4% sur le trimestre, après un recul de 4,4% au trimestre précédent. Cette remontée s’explique principalement par la hausse des prix du gaz naturel (+24,2%) et du pétrole brut (+1,9%). Le renchérissement du gaz a été alimenté par une demande soutenue dans l’hémisphère Nord, en raison d’un hiver plus rigoureux, et par la hausse des coûts de transport, dans un contexte d’insécurité persistante en mer Rouge. Quant au pétrole, son rebond est lié à la reprise de la demande industrielle en Chine.
Les produits non énergétiques confirment leur tendance haussière
Hors énergie, les cours des matières premières ont augmenté de 1,4% sur le trimestre, tirés notamment par les fertilisants (+6,4%), les produits agricoles (+1,3%) et les métaux précieux (+6,6%). Cette évolution traduit une combinaison de facteurs : demande dynamique, tensions sur l’offre et perturbations climatiques dans plusieurs régions productrices.
Forte progression des prix des produits d’exportation de l’UEMOA
L’indice des prix des matières premières non pétrolières exportées par les pays de l’UEMOA s’est accru de 8,9%, après une hausse de 12,9% au trimestre précédent. Cette progression est portée par plusieurs produits agricoles stratégiques pour la région.
Le cacao enregistre une hausse de 14,8%, en raison de conditions météorologiques défavorables en Afrique de l’Ouest, qui laissent présager des récoltes inférieures aux attentes, dans un contexte de forte demande. Le café suit la même tendance (+11,1%), sous l’effet d’une offre mondiale contrainte, notamment au Brésil et au Vietnam, affectés par des pluies abondantes et des retards de récolte. Les huiles végétales progressent de 3,3%, portées par une offre limitée en Asie du Sud-Est et une demande accrue pendant le mois de Ramadan, en particulier en Inde.
Les métaux précieux comme l’or enregistrent également une hausse significative (+7,5%), dans un climat d’incertitudes géopolitiques et commerciales. Les phosphates (+4,9%), dopés par une demande soutenue au Brésil et en Inde, et le zinc (+0,2%), affecté par des réductions de production en Australie et en Chine, ont également vu leurs cours augmenter.
À l’inverse, certains produits ont vu leurs prix baisser : uranium (-13,1%), bois (-9,8%), coton (-5,4%) et caoutchouc (-1,9%). Le recul du coton s’explique par une offre mondiale abondante et une demande en repli, notamment du fait de meilleures conditions climatiques aux États-Unis. Le fléchissement du caoutchouc est lié au ralentissement économique chinois et à des restrictions commerciales imposées par les États-Unis. L’uranium est pénalisé par des anticipations de surabondance de l’offre, en lien avec la possible levée des sanctions sur les importations russes.
Les prix des produits alimentaires importés reculent fortement
Sur le même trimestre, l’indice des prix des produits alimentaires importés par l’UEMOA a reculé de 4,4%, accentuant la baisse de 1,8% observée en fin 2024. Ce recul est principalement attribuable à la baisse des prix du riz (-7,0%), du sucre (-3,8%), du lait (-3,3%) et du blé (-0,6%).
La baisse des cours du riz est liée à une demande affaiblie en Asie et en Amérique du Nord, ainsi qu’à des niveaux de stocks très élevés en Inde. Le sucre a souffert d’une offre mondiale excédentaire, portée par une production supérieure aux attentes au Brésil et par de bonnes conditions de récolte en Inde et en Thaïlande. La baisse des prix du lait reflète un ralentissement de la demande mondiale et un accroissement des stocks, tandis que celle du blé est due à une hausse des disponibilités saisonnières en Argentine et en Australie.
Seule hausse : l’huile de soja
L’huile de soja constitue l’unique exception à cette dynamique baissière, avec une hausse de 2,5% sur le trimestre. Cette évolution s’explique par des perspectives de production revues à la baisse aux États-Unis, selon le Département américain de l’Agriculture (USDA), et des conditions climatiques défavorables au Brésil qui ont retardé les récoltes.
Vers un allègement de la facture alimentaire ?
Sur un an, l’indice des prix des produits alimentaires importés a chuté de 13,2%, après un repli de 8,2% au trimestre précédent. Cette tendance est tirée par le recul des prix du riz (-22,3%), du sucre (-9,6%), des huiles végétales (-6,0%) et du blé (-3,5%). Le lait constitue l’unique exception, avec une hausse de 23,2% sur un an.
Ce double mouvement – hausse des prix à l’export et baisse des prix à l’import – pourrait favoriser les balances commerciales des pays de l’UEMOA. Toutefois, la forte volatilité des marchés mondiaux, alimentée par les aléas climatiques, les tensions géopolitiques et les chocs d’offre, continue de représenter un risque important pour la stabilité macroéconomique de la région.