Zimbabwe : la Banque centrale joue la prudence pour ancrer la stabilité

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Zimbabwe : la Banque centrale joue la prudence pour ancrer la stabilité
Zimbabwe : la Banque centrale joue la prudence pour ancrer la stabilité

Alors que la croissance mondiale ralentit, le Zimbabwe tente de préserver son fragile équilibre économique. Le 16 juin 2025, le Comité de politique monétaire (MPC) de la Banque de réserve a décidé de maintenir sa ligne directrice actuelle. Une orientation prudente qui vise à consolider la stabilité retrouvée du taux de change, contenir l’inflation et renforcer l’usage de la monnaie nationale, le Zimbabwe Gold (ZiG).

Un environnement international défavorable, mais une croissance nationale soutenue

Le ralentissement économique mondial, marqué par la montée des tensions commerciales, des conflits persistants et une fragmentation géoéconomique accrue, pèse sur les perspectives globales. Le MPC a noté que les prévisions de croissance pour 2025 ont été revues à la baisse, passant de 3,3% à 2,8%. Pour une économie comme celle du Zimbabwe, cela signifie des risques accrus : baisse des exportations, réduction de l’aide étrangère et durcissement des conditions de financement.

Pourtant, sur le plan domestique, l’économie montre des signes de résilience. La Banque centrale prévoit une croissance de 6% en 2025, soutenue par une bonne campagne agricole. Les récoltes de maïs, de coton et de tabac affichent des résultats en nette amélioration. Cette dynamique soutient d’autres pans de l’économie, dans un contexte de stabilité relative des prix et du taux de change.

Inflation : un équilibre encore précaire

L’inflation reste au cœur des préoccupations. Si l’inflation mensuelle reste contenue — 0,6% en avril et 0,9% en mai 2025 —, l’inflation annuelle demeure très élevée : 92,1% en mai, contre 85,7% le mois précédent. Cette hausse est attribuée à un effet de base, c’est-à-dire à la comparaison avec un point bas artificiel causé par la forte dépréciation du taux de change en septembre 2024.

Malgré ce niveau, les autorités monétaires restent optimistes. Elles anticipent un recul de l’inflation annuelle en dessous de 30% d’ici la fin de l’année, grâce à un resserrement monétaire constant et à la détente des prix mondiaux, notamment de l’énergie. Cette désinflation importée contribue à alléger les pressions internes.

Instruments monétaires : stabilité et ajustements techniques

Le MPC a opté pour le statu quo : le taux directeur reste fixé à 35%, et les réserves obligatoires demeurent inchangées à 15% pour les dépôts d’épargne et à terme, et à 30% pour les dépôts à vue, qu’ils soient en ZiG ou en devises étrangères.

Sur le plan opérationnel, la Banque a réformé ses outils de gestion de la liquidité. Depuis le 27 mai 2025, les certificats de dépôt non négociables (NNCD), utilisés pour absorber l’excès de liquidités, ont désormais une durée unique de 30 jours. Les retraits anticipés ne sont plus autorisés, sauf pour le paiement d’impôts ou l’achat de devises auprès de la Banque centrale.

Par ailleurs, la Facilité de Financement Ciblée (FFT) continue d’alimenter les secteurs productifs. Au 13 juin 2025, un montant total de 392 millions ZiG avait été injecté dans l’économie via cette facilité. L’objectif est de fournir des liquidités aux secteurs clés comme l’agriculture, tout en évitant une création monétaire excessive.

ZiG : une confiance en hausse, soutenue par des réserves solides

Le MPC s’est félicité de la progression continue de l’utilisation du ZiG. La part des paiements réalisés en monnaie locale est passée de 26% en avril 2024 à 43% en mai 2025, signe d’une confiance accrue. Ce regain est soutenu par une couverture intégrale de la monnaie et des dépôts en ZiG par les réserves de change. Au 13 juin 2025, la Banque disposait de 701 millions de dollars de réserves, soit l’équivalent de 18,9 milliards ZiG — de quoi couvrir l’intégralité des dépôts et de la base monétaire.

Autre avancée : le fonctionnement plus fluide du marché des changes officiel, dit Willing-Buyer Willing-Seller. Les demandes de devises jugées légitimes sont désormais satisfaites, ce qui a permis de stabiliser la prime du marché parallèle autour de 20%.

Communication et crédibilité, au cœur de la stratégie monétaire

Dans un contexte mondial incertain, la Banque de réserve mise sur la cohérence et la transparence. Le gouverneur, Dr John Mushayawanu, a insisté sur l’importance d’une communication claire comme levier de confiance, soulignant que la Banque tiendra le marché informé de tout ajustement futur, en fonction de l’évolution des risques.

Le maintien d’une politique monétaire rigoureuse vise un double objectif : ancrer les anticipations d’inflation et renforcer la crédibilité de l’institution. Une posture jugée nécessaire pour accompagner la reprise économique sans compromettre la stabilité durement acquise.

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