Nigeria : la TVA dépasse le pétrole dans la redistribution des revenus de mai

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Nigeria : la TVA dépasse le pétrole dans la redistribution des revenus de mai
Nigeria : la TVA dépasse le pétrole dans la redistribution des revenus de mai

Le FAAC a alloué 1 659 milliards de nairas, soit environ 1,07 milliard de dollars, aux trois niveaux de gouvernement (le gouvernement fédéral, les gouvernements des États et les conseils locaux). Si la manne reste importante, elle traduit une mutation de la structure fiscale nigériane, marquée par la montée de la TVA et le recul des recettes pétrolières.

Une redistribution massive mais sous contrainte

Le Comité d’allocation des comptes de la Fédération (FAAC), réuni en juin 2025 sous la présidence du ministre des Finances Wale Edun, a réparti 1 659 milliards de nairas (1,07 milliard de dollars) aux différents niveaux de gouvernement. Ce montant, issu d’un total brut de 2 942 milliards, reflète une relative stabilité des ressources publiques, mais il masque des disparités croissantes dans leur origine.

Le gouvernement fédéral a reçu 538 milliards de nairas, les États 577,8 milliards et les conseils locaux 419,9 milliards. Par ailleurs, 124 milliards de nairas ont été reversés aux États producteurs de pétrole au titre des revenus dérivés, conformément à la règle des 13% sur les recettes minières.

La TVA devient la principale source redistribuée

Avec 742,8 milliards de nairas collectés en mai, contre 642,3 milliards en avril, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) connaît une progression notable (+100,5 milliards). Une fois les frais de perception (29,7 milliards) et les transferts divers déduits, 691,7 milliards ont été redistribués :
• 103,8 milliards au gouvernement fédéral
• 345,9 milliards aux États
• 242,1 milliards aux conseils locaux

Ce poids croissant de la TVA reflète l’élargissement de l’assiette fiscale non pétrolière, dans un contexte où la consommation intérieure reste soutenue malgré les tensions inflationnistes.

Les recettes pétrolières à la peine

À l’inverse, les recettes issues de l’impôt sur les bénéfices pétroliers (PPT), des redevances minières et des droits d’importation ont affiché une baisse. Le rapport du FAAC n’en détaille pas les raisons, mais cette contraction s’inscrit dans une tendance plus large : celle de la volatilité des revenus pétroliers, exposés aux fluctuations du marché mondial et à la transition énergétique.

Des frais de gestion qui grèvent les revenus nets

Une part importante des recettes est absorbée par des coûts de gestion. En mai, 112 milliards de nairas ont été prélevés au titre des frais de collecte, tandis que 1 171 milliards ont été affectés à divers transferts, remboursements ou interventions. Ces sommes, bien que prévues, réduisent l’enveloppe effectivement disponible pour les gouvernements.

Recettes électroniques et écarts de change : des ressources complémentaires

La taxe sur les transferts électroniques d’argent (EMTL) a généré 28,8 milliards de nairas en mai. Après prélèvement des frais de collecte, cette somme a été redistribuée à hauteur de :
• 4,15 milliards pour le gouvernement fédéral
• 13,83 milliards pour les États
• 9,68 milliards pour les conseils locaux

En parallèle, 76,6 milliards de nairas issus des écarts de change ont été intégrés à la redistribution. Les États producteurs de pétrole en ont reçu une part, soit 7,18 milliards, tandis que le gouvernement fédéral a encaissé 36,6 milliards.

Des recettes statutaires stables, mais peu dynamiques

Les recettes statutaires, qui regroupent les principaux impôts réguliers, ont atteint 863,9 milliards de nairas. Ce montant est en légère hausse par rapport à avril (+10 milliards), mais il traduit un ralentissement dans l’élan de mobilisation fiscale. La progression marginale suggère que les marges de croissance demeurent limitées sur ce volet.

Un appel à la rigueur budgétaire

Le ministre des Finances, Wale Edun, a rappelé l’importance d’une gestion rigoureuse des ressources publiques. « La transparence, la responsabilité et une gestion budgétaire prudente sont cruciales pour assurer une utilisation efficace des ressources », a-t-il déclaré en ouverture de la session.

Il a souligné que les efforts des membres du FAAC s’inscrivent dans la volonté du gouvernement de favoriser une croissance économique équilibrée, au bénéfice de toutes les régions du pays.

Une fiscalité nigériane en transition

Le profil de la redistribution pour le mois de mai 2025 confirme un basculement progressif du modèle fiscal nigérian. Les recettes pétrolières, longtemps dominantes, cèdent du terrain face à des prélèvements plus stables et plus larges, comme la TVA. Reste à savoir si cette dynamique pourra se maintenir face aux défis budgétaires et sociaux qui pèsent sur les gouvernements locaux.

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