
Le Niger continue de miser sur l’agriculture et les infrastructures pour asseoir son développement. Le 12 juin dernier, le Conseil d’administration du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a validé la prolongation jusqu’en décembre 2026 de son Document de stratégie pays (DSP) initialement prévu pour 2018-2022. Objectif : consolider les résultats déjà obtenus et renforcer la résilience économique du pays sahélien, grâce à une nouvelle enveloppe d’environ 608 millions de dollars.
Cette prorogation intervient dans un contexte de fortes incertitudes : insécurité persistante au Sahel, pression démographique, changement climatique, et période de transition politique. Elle vise à soutenir deux axes jugés porteurs : la compétitivité économique et le développement agricole durable. La BAD s’aligne ainsi sur les priorités du Programme de résilience pour la sauvegarde de la patrie (PRSP 2024–2026), feuille de route économique de Niamey.
Des résultats qui justifient la prolongation
Entre 2018 et 2022, le Niger a bénéficié de 16 opérations financées par la Banque, pour un montant cumulé de 644 millions de dollars, contre 14 projets initialement prévus. Le taux de réalisation du DSP s’est élevé à 114,6%, reflet d’une coopération efficace.
Ces investissements ont soutenu une croissance économique significative : le PIB réel est passé de 2,7% en 2023 à 8,5% en 2024, dopé par l’expansion du secteur agricole et la montée en puissance de la production pétrolière (de 19 800 à plus de 52 000 barils/jour en un an).
Accès à l’énergie, irrigation : des avancées concrètes
Les résultats sont également visibles sur le terrain. L’accès à l’électricité est passé de 11% à 18,75% entre 2018 et 2022. La production nationale d’énergie a franchi les 1 500 GWh, contre moins de 1 300 auparavant.
Dans l’agriculture, la Banque a soutenu l’aménagement de plus de 119 000 hectares de terres, mobilisant 100 millions de m³ d’eau supplémentaires. Résultat : la part de l’agriculture irriguée a doublé, passant de 8% à 16% de la production totale.
Une nouvelle phase financée par le Fonds africain de développement
Les 608 millions de dollars de la prochaine phase seront mobilisés via le Fonds africain de développement (FAD), guichet concessionnel de la BAD destiné aux pays à faible revenu. Le financement se répartit entre :
- 470 millions de dollars du FAD-16,
- 79 millions via la Facilité d’appui à la transition,
- 138 millions pour la première année du FAD-17.
La stratégie combinera projets d’investissements et appuis budgétaires, tout en explorant des cofinancements avec d’autres partenaires au développement.
Inclusion, PME et durabilité au cœur des priorités
Cette nouvelle étape ciblera prioritairement les femmes, les jeunes, les PME et les populations rurales, en facilitant l’accès au financement, en modernisant les infrastructures et en soutenant une agriculture climato-intelligente. L’objectif est double : maintenir la dynamique de croissance et garantir une meilleure inclusion sociale.
« La prolongation du Document de stratégie pays de la Banque africaine de développement représente notre engagement continu en faveur du parcours de développement du Niger pendant une période de transition critique », a déclaré Firmin Bri, chef du bureau pays par intérim de la BAD.
Un partenariat stratégique en phase avec les ambitions du Niger
Avec cette prolongation, la BAD entend ancrer durablement ses actions dans les secteurs où ses interventions ont déjà fait leurs preuves, tout en répondant aux défis structurels du pays. Dans une région confrontée à de multiples vulnérabilités, ce soutien apparaît comme un levier central pour faire du Niger un exemple de développement durable et inclusif au Sahel.