Les producteurs de café en Ouganda sont confrontés à une baisse notable des prix à la production, une situation qui suscite inquiétude et incertitude dans les zones rurales fortement dépendantes de cette filière. Dans un point de presse tenu récemment, le ministère de l’Agriculture, de l’Industrie Animale et de la Pêche (MAAIF) a expliqué que cette évolution des prix n’est ni inédite ni liée à une politique intérieure, mais résulte essentiellement de facteurs exogènes.
Le dernier rapport du MAAIF, daté du 27 juin 2025, indique que le Robusta FAQ se négocie actuellement entre 10 000 et 11 000 shillings ougandais (UGX) (3 dollars), tandis que le Robusta Kiboko s’échange entre 5 000 et 5 500 UGX (1,53 dollar). Le café Arabica, sous sa forme parche, se vend entre 14 000 et 15 000 UGX (~4,2 dollars), et le Drugar clean avoisine les 14 000 UGX (~3,9 dollars). Ces niveaux de prix sont en recul par rapport aux deux années précédentes, durant lesquelles les agriculteurs avaient bénéficié d’une conjoncture exceptionnelle. La forte demande mondiale, couplée à des perturbations climatiques majeures dans des pays producteurs comme le Brésil et le Vietnam, avait provoqué une réduction des volumes exportables et, par conséquent, une envolée des prix.
Cette période favorable semble désormais s’estomper, au profit d’un retour à une réalité plus volatile, dictée par les mécanismes des marchés mondiaux du café. Le ministère rappelle que cette matière première est cotée sur des bourses internationales : l’Arabica à New York (ICE Futures) et le Robusta à Londres (LIFFE). Ces marchés fonctionnent principalement par le biais de contrats à terme, utilisés à la fois pour se couvrir contre les fluctuations de prix et pour la spéculation. Ainsi, tout changement dans l’environnement global — qu’il soit climatique, économique ou géopolitique — peut entraîner des mouvements de prix parfois brutaux.
Parmi les éléments structurels identifiés comme moteurs de la baisse actuelle, les autorités soulignent l’amélioration récente des conditions climatiques au Brésil, qui devrait porter la récolte nationale à 65 millions de sacs pour la campagne 2025/2026. Cette perspective rassurante pour les acheteurs internationaux accroît l’offre disponible, ce qui exerce une pression à la baisse sur les prix. À cela s’ajoute une forte production de Robusta au Vietnam, estimée à 31 millions de sacs, et une hausse globale de la production mondiale, qui devrait atteindre un niveau record de 178,7 millions de sacs, contre une consommation prévue de 169,4 millions selon les estimations du Département américain de l’Agriculture.
Les effets du taux de change pèsent également sur les cours. L’appréciation du dollar américain face aux monnaies locales dans plusieurs pays producteurs réduit la compétitivité de leurs exportations, contribuant ainsi à la baisse des prix en devises locales. En parallèle, les mouvements spéculatifs sur les contrats à terme aggravent la volatilité : à titre d’exemple, le contrat à terme sur le café ICE a atteint, le 17 juin 2025, son niveau le plus bas depuis janvier.
Face à cette situation, les autorités ougandaises se veulent rassurantes. Elles rappellent que la filière café nationale demeure dynamique et résiliente. Entre juin 2024 et mai 2025, l’Ouganda a exporté 7,43 millions de sacs, pour une valeur de 2,09 milliards de dollars, contre 6,08 millions de sacs et 1,08 milliard de dollars l’année précédente. Cela représente une progression de 22% en volume et de 93,6% en valeur. Ces résultats sont attribuables aux efforts déployés par le gouvernement pour moderniser la production : diffusion de semences améliorées, usage accru d’engrais, accès renforcé à l’irrigation.
À court terme, une légère amélioration des prix pourrait intervenir, notamment entre la mi-juillet et la fin août. Cette prévision repose sur la fin attendue des récoltes au Brésil, en Inde et au Vietnam, ce qui pourrait temporairement réduire l’offre mondiale.
Dans un message adressé aux producteurs, le ministère les invite à rester calmes, à poursuivre la culture du café avec rigueur et à veiller à la qualité de la production. Il souligne que l’Ouganda est désormais classé troisième producteur mondial de café de qualité par le Quality Coffee Institute (CQI), une reconnaissance qui offre des perspectives importantes à condition de maintenir une exigence élevée tout au long de la chaîne de valeur.