
Avec 63 projets totalisant 8,5 milliards de dollars, la Banque mondiale entend intensifier son soutien à cinq pays d’Afrique australe et de l’océan Indien. Pour piloter cette division stratégique, elle a confié les rênes à un Ivoirien chevronné, Fily Sissoko, en poste depuis le 1er juillet 2025. Une nomination qui illustre la montée en puissance des talents africains au sein des grandes institutions internationales, mais qui s’accompagne de défis colossaux.
Une responsabilité régionale de premier plan
Basé à Maputo, la capitale du Mozambique, Fily Sissoko dirigera les opérations de la Banque mondiale dans cinq pays aux profils très contrastés : le Mozambique, Madagascar, Maurice, les Comores et les Seychelles. Ce portefeuille comprend des interventions majeures dans des domaines aussi cruciaux que l’éducation, la santé, l’agriculture, les infrastructures ou encore la résilience climatique. Il s’agit d’un périmètre stratégique pour l’institution, tant en raison de l’ampleur des financements engagés que des enjeux spécifiques à chaque pays.
La nomination de Sissoko intervient dans un contexte où la Banque mondiale cherche à renforcer son impact dans les zones vulnérables, tout en adaptant ses interventions aux priorités locales. Le choix de ce cadre ivoirien expérimenté s’inscrit dans cette volonté d’adosser les décisions opérationnelles à une connaissance fine des réalités du terrain.
Un parcours forgé par deux décennies d’expérience
Fily Sissoko n’est pas un inconnu dans les couloirs de la Banque mondiale. Entré dans l’institution il y a plus de 20 ans, il a servi sur plusieurs continents, notamment en Afrique, en Asie du Sud et dans la région Pacifique. Avant sa prise de fonction à Maputo, il occupait le poste de directeur pays pour le Togo, basé à Lomé, où il a supervisé des projets destinés à soutenir la transformation économique du pays.
Il a également occupé un rôle clé dans la région Asie de l’Est et Pacifique en tant que responsable de la gouvernance, travaillant sur des problématiques complexes liées à la transparence, la gestion publique et le renforcement institutionnel. Ce profil polyvalent fait de lui un gestionnaire aguerri, habitué aux terrains difficiles comme aux environnements politiques instables.
Une diversité de contextes et d’enjeux
Les pays placés sous la responsabilité de Sissoko offrent un concentré des défis contemporains du développement. Le Mozambique, riche en ressources naturelles mais marqué par l’instabilité sécuritaire au nord, est confronté à de fréquents aléas climatiques. Madagascar, en proie à une pauvreté structurelle, doit affronter une malnutrition infantile persistante. À Maurice, pays au PIB par habitant élevé, les autorités cherchent à diversifier une économie encore largement tributaire du tourisme.
Les Comores et les Seychelles, quant à eux, font face à des défis spécifiques aux petits États insulaires, notamment la vulnérabilité accrue aux effets du changement climatique. La Banque mondiale y soutient des projets allant du développement du tourisme durable à la protection des écosystèmes marins, en passant par la sécurité alimentaire et la gestion des ressources naturelles.
Un portefeuille aussi vaste que stratégique
Les 63 projets actuellement en cours dans cette région totalisent un montant cumulé de 8,5 milliards de dollars. Il s’agit de l’un des plus importants portefeuilles gérés par un directeur régional de la Banque mondiale en Afrique. Cette enveloppe soutient des initiatives allant de l’amélioration de l’accès à l’eau potable à la modernisation des systèmes éducatifs, en passant par la construction d’infrastructures énergétiques.
À titre d’exemple, au Mozambique, l’institution finance des projets visant à renforcer la résilience face aux cyclones et à étendre les réseaux d’accès à l’électricité. À Madagascar, les efforts sont concentrés sur la lutte contre la malnutrition chronique. À Maurice, la Banque accompagne la transition vers une économie plus verte et moins dépendante du secteur touristique.
Un mandat sous le signe de la coordination
Fily Sissoko succède à Idah Pswarayi-Riddihough, qui a dirigé cette division pendant plus de quatre ans. Il lui reviendra non seulement de consolider les acquis, mais aussi d’améliorer la coordination entre les différents acteurs : gouvernements, secteur privé, société civile, et partenaires techniques et financiers. Cette approche multipartite est essentielle pour transformer les engagements financiers en résultats tangibles.
Certaines collaborations en cours, notamment avec des entreprises locales dans le secteur énergétique au Mozambique, pourraient servir de modèle pour d’autres pays de la zone. Le renforcement des partenariats public-privé fait d’ailleurs partie des axes stratégiques de la Banque mondiale pour accélérer le développement dans les régions les plus fragiles.
Une nomination dans un contexte mondial exigeant
La prise de fonction de Sissoko survient à un moment charnière pour la Banque mondiale, qui s’est fixé pour objectif d’accélérer les progrès vers les Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030. La région dont il a la charge constitue un microcosme de ces défis : pauvreté persistante, vulnérabilités climatiques, inégalités sociales, mais aussi espoirs de transformation par l’investissement et l’innovation.
À ce titre, la capacité de Fily Sissoko à piloter efficacement ces projets, tout en adaptant les interventions aux contextes locaux, sera déterminante. Il incarne un profil à la fois technique et diplomatique, indispensable pour naviguer dans les eaux parfois mouvantes de la coopération internationale.