Aliko Dangote a annoncé lors d’une récente conférence de presse à Lagos, que son groupe abandonne le projet de construction d’une usine de sidérurgie. La décision d’abandonner le projet d’aciérie découle directement des préoccupations exprimées par certains acteurs de l’économie nigériane, qui redoutent un trop grand monopole.
« Notre propre conseil d’administration a décidé que nous ne devions pas construire d’usine sidérurgique. Si nous le faisons, nous serons traités de tous les noms, notamment de monopole », a déclaré l’homme d’affaires, estimant que les allégations de monopole portées à son encontre étaient “très décourageantes ».
Aliko Dangote n’a pas désigné les auteurs de ces allégations, mais a exhorté d’autres nigérians à investir dans l’industrie pour stimuler l’économie du pays. “Nous ne voulons donc pas nous lancer dans cette aventure. Laissons les autres Nigérians faire la même chose, car nous ne sommes pas les seuls Nigérians ici. Certains Nigérians ont peut-être même plus d’argent que nous. Ils devraient faire venir cet argent de Dubaï et d’autres parties du monde et venir investir dans notre propre pays”, a-t-il déclaré.
Le projet d’investissement du groupe Dangote dans l’industrie sidérurgique remonte à quelques mois. Le milliardaire nigérian avait indiqué au cours d’une interview qu’il en ferait la construction de cette usine, une priorité une fois la raffinerie de pétrole achevée. L’enjeu étant de couper l’herbe sous le pied des multinationales qui exportent systématiquement les minerais bruts vers l’extérieur et de privilégier la transformation locale.
L’abandon de ce projet sidérurgique représente un revers pour les ambitions d’industrialisation du Nigeria et de l’Afrique de l’Ouest. L’usine envisagée, d’une capacité de production de 5 000 tonnes, aurait pu jouer un rôle crucial dans la transformation locale des ressources minérales, réduisant ainsi la dépendance aux importations et créant de la valeur ajoutée sur le continent.
Malgré ce recul, le groupe Dangote reste un acteur incontournable de l’économie nigériane et africaine. Avec des opérations dans 13 pays et une présence dans des secteurs variés (hydrocarbures, tomates, ciment, farine, sel, pâtes, boissons, immobilier, riz, sucre…), le conglomérat continue de jouer un rôle majeur dans le développement industriel de la région. Les projections ambitieuses du groupe, qui vise un chiffre d’affaires de 30 milliards de dollars d’ici 2025, témoignent de sa détermination à rester un pilier de l’économie nigériane.
Jemima Orou avec Sika Finance
