« La microassurance a le plus grand potentiel de croissance dans la zone FANAF » Amara Mohamed TRAORE, Directeur Pays de Inclusive Guarantee (Partie 2)

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Amara Mohamed Traoré, Directeur Pays de Inclusive Guarantee parle dans cette interview du secteur de l’assurance en Afrique, des défis à relever et des opportunités à saisir.

Une étude du cabinet McKinsey réalisée en décembre 2020 et portant sur l’assurance en Afrique, préconisait le développement des partenariats public-privé afin de « façonner » des programmes de réformes et un accès facilité grâce à une distribution plus large. Etes-vous de cet avis ?

Oui, je suis de cet avis. Les réformes réglementaires ont déjà montré leur capacité à renforcer la pénétration des assurances en Afrique. En collaborant avec les régulateurs sur des questions de sécurité sociale, de solvabilité et de conformité, les assureurs peuvent non seulement accélérer l’innovation réglementaire et améliorer l’efficacité, mais aussi élargir l’accès des consommateurs aux produits d’assurance​​. En Côte d’Ivoire par exemple, de nombreux projets de ce type sont en cours de discussion entre l’Etat et la faîtière des assureurs. Il s’agit notamment de l’harmonisation des barèmes d’indemnisation en assurance de responsabilité civile pour le personnel médical, de l’obligation d’assurance Habitation ou encore de la centralisation des opérations d’assurance santé afin de simplifier leur suivi par les prestataires et améliorer l’expérience des patients, et bien d’autres projets encore.

Comme pour les banques, la digitalisation est au cœur du développement du secteur des assurances en Afrique. Mais l’arrivée progressive des AssurTech, proposant des produits d’assurances via le mobile, ne risque-t-elle pas une distorsion importante du marché ?

Les temps changent, et on est obligé de s’adapter. Je préfère ne pas parler de distorsion du marché, mais plutôt regarder les avantages et opportunités offerts par cette digitalisation. Ces technologies améliorent l’accessibilité en atteignant les populations rurales et non bancarisées grâce aux plateformes mobiles. Elles réduisent les coûts opérationnels grâce à la digitalisation des processus, permettant ainsi des primes d’assurance plus basses pour les consommateurs.

Les AssurTech introduisent également des innovations et des produits personnalisés, comme les assurances à la demande ou basées sur l’utilisation, offrant plus de flexibilité. Cette nouvelle concurrence stimule les assureurs traditionnels à innover et à améliorer leurs offres. Pour éviter des distorsions du marché, les régulateurs doivent collaborer avec les AssurTech pour garantir la conformité et la protection des consommateurs. Par ailleurs, les partenariats stratégiques entre assureurs traditionnels et AssurTech peuvent créer des synergies bénéfiques, combinant expertise en assurance et capacités technologiques. En somme, bien que des défis existent, la digitalisation peut conduire à un marché des assurances plus dynamique, accessible et innovant en Afrique​​.

Quelques mots sur Inclusive Guarantee, dont vous assurez une direction Pays, comment se porte-elle sur le marché ivoirien et quels sont ses axes prioritaires de développement ?

Inclusive Guarantee se porte bien. Le groupe a été fondé en 2007 sous l’appellation « Planet Guarantee » par des mécènes qui croyaient fermement en l’avenir de la microassurance en Afrique. En 17 ans d’existence, nous avons étendu nos activités au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali, au Sénégal et depuis 2024 au Niger. Le groupe prévoit de s’étendre encore plus en s’installant sur des marchés anglophones comme le Ghana et le Nigeria. Il faut se souvenir que notre Groupe est à l’initiative de grands projets d’assurance indicielle climatique à travers le monde.

L’une de notre plus grande fierté est le développement de la plateforme « Karangué » qui permet la gestion des contrats d’assurance agricole de la CNAAS (Compagnie Nationale d’Assurance Agricole du Sénégal). Aujourd’hui, la filiale ivoirienne souhaite poursuivre la diversification de son activité au-delà de la microassurance en proposant aux entreprises africaines des solutions sur mesure suivant le même modèle qu’on a utilisé pendant plus de 15 ans pour développer les assurances indicielles climatiques. C’est-à-dire partir des besoins des clients pour leur proposer des packages leur garantissant le meilleur rapport qualité/prix.

Nous avons à cet effet lancé de nombreux chantiers, tels qu’une digitalisation active de nos services et de notre façon de travailler, la création de solutions innovantes pour les entrepreneurs (PME, TPE mais aussi les acteurs du secteur informel) et surtout une présence plus active dans l’espace publique afin de porter à la connaissance de tous les entrepreneurs les opportunités d’assurance qu’on peut leur offrir. Cela sera rendu possible grâce à des partenariats Public-privés, avec des assurtech et surtout en nouant des alliances avec d’autres courtiers à travers le monde comme le démontre notre rapprochement du 1er réseau mondial de courtiers en assurances, le réseau BrokersLink qui est présent dans plus de 133 pays. De telles alliances nous ouvrent les portes d’autres marchés sans nécessairement avoir besoin de s’y installer.

Avec Business Africa